L’impérialisme canadien : par-delà le développement et le multiculturalisme (2/2)

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L’impérialisme canadien : par-delà le développement et le multiculturalisme (2/2)
Idées
| par Alexandre Dubé-Belzile |

Le présent article suit un premier texte sur l’« impérialisme canadien ». Dans ce deuxième volet, nous aborderons les agissements des multinationales canadiennes qui bénéficient de l’aide du gouvernement sous forme d’interventions militaires ou d’aide au développement, à l’extérieur du pays[i]. Enfin, nous aborderons, en guise de conclusion, l’immigration comme part entière des dynamiques néocoloniales qui participent à la constitution des rapports de pouvoir nord-sud. Nous voudrions ainsi donner lieu à une « critique idéologique » du Canada, au sens que lui donne le philosophe Slavoj Zizek[ii].

L’impérialisme canadien dans le monde

Même si les pays du Nord continuent de vanter la mondialisation et le néolibéralisme comme un bienfait incontestable et un synonyme de liberté et de démocratie, leurs conséquences sur les pays du Sud sont désastreuses. La dette du tiers monde aurait augmenté de 580 milliards en 1980 à 2,4 trillions en 2002[iii]. Selon une autre source, cette dette était de près de 5 trillions en 2012[iv]. Cet argent avait été soi-disant prêté au nom du développement, mais aujourd’hui, la plupart des pays du Sud ne font que payer les intérêts de cette dette, sans espoir de rembourser le reste, et ce, en dépit des ajustements structurels imposés par le FMI, comme si, après la vague des indépendances qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale, les prêts avaient été une manière de recoloniser les pays du Sud. Encore aujourd’hui, par les intérêts payés, la dette est même devenue une source de revenus pour les pays riches plutôt qu’un fardeau, contrairement à ce que certains voudraient entendre. Enfin, ces intérêts ont permis aux pays du Nord de toucher de nombreuses fois les montants prêtés au départ, ce qui fait que l’abolition de la dette ne coûterait au fond rien. C’est sans parler des accords de libre-échange qui contraignent les pays à ouvrir leurs économies désavantagées par rapport à celles des pays du Nord et à vendre des matières premières, seule production exportable, afin d’obtenir les devises étrangères pour le service de la dette[v]. En fait, c’est comme si les pays endettés devaient payer un loyer pour vivre chez eux. L’aide au développement, en comparaison, constitue une fraction de ce qui est payé en intérêts. En effet, en 2004, 370 milliards de dollars US avaient été payés par les pays du Sud pour service la dette et seulement 80 milliards avaient été reçus en aide au développement (généralement sous forme de prêts)[vi]. Nous aborderons ultérieurement comment la plus grande partie de l’aide ne se rend même pas aux populations dans le besoin, mais revient aux pays donateurs grâce aux tentacules de sa bureaucratie, de ses ONG, de ses entreprises, de ses consultants, etc. Beaucoup d’argent a aussi été dépensé pour la sécurité du personnel canadien sur place, grâce à des entreprises de sécurité privée comme Garda. Cette compagnie de sécurité privée, la plus importante au Canada, a fait fortune en Iraq. En 2010, il y avait 1800 membres de son personnel en Iraq et en Afghanistan pour protéger les diplomates, les travailleurs et travailleuses de l’aide et les entreprises[vii]. Au regard des scandales qui ont éclaté autour de l’entreprise de sécurité privée Blackwater, cette petite armée privée, dont les activités ont été entourées d’affaires nébuleuses et qui a bénéficié d’une certaine immunité, reste inquiétante[viii].Garda s’était d’ailleurs attiré des ennuis avec le gouvernement afghan en 2012 pour une histoire de trafic d’armes alors que l’entreprise avait déjà fort mauvaise réputation[ix]. Les activités d’entreprises comme Blackwater et Garda s’intègrent dans ce que Robert Young Pelton appelle la « privatisation de la guerre contre le terrorisme[x] ».

De plus, de manière plus générale, l’absence de barrière pour l’entrée du capital étranger dans les pays du Sud favorise l’accaparement des terres et des ressources naturelles. Les paysan·ne·s se voient ainsi chassé·e·s de leurs terres pour s’ajouter au rang des travailleurs et des travailleuses exploité·e·s dans les bidonvilles grandissants, réduit·e·s à l’esclavage du salariat. Aussi, les mesures d’austérité imposées aux gouvernements par le Fonds monétaire international (FMI) rendent ceux-ci incapables de protéger leurs populations. En fait, les élites des pays du Sud sont très souvent « éduquées » en occident et alliées aux multinationales contre leur propre population. D’ailleurs, les gouvernements qui ne sont pas du côté du Capital finissent très souvent par être délogés par les puissances impérialistes. C’est ce dont rend compte le cas récent du Honduras, où un coup d’État a été orchestré avec le soutien des États-Unis et du Canada, sans parler du cas du Chili de 1973, de celui du Guatemala de 1954, ou encore de l’exemple de l’Iran de 1955. Des tentatives de coup d’État contre le gouvernement vénézuélien ont aussi marqué l’histoire récente[xi].

Comme nous le disions antérieurement, l’impérialisme canadien intervient aussi grâce à son influence au sein des institutions de Bretton Woods et les ajustements structurels ont été soutenus par l’ACDI, le ministère des Finances et le ministère des Affaires étrangères pour faciliter l’expansion de son capital. D’ailleurs, vers la fin des années 1980, le Canada avait été choisi pour mener les ajustements structurels en Guyane[xii]. Ces politiques ont été défendues au nom de la « stabilité macroéconomique » et visaient aussi à « éduquer » les pays du Sud. À cet égard, de 2004 à 2010, l’ACDI avait financé un programme de 1,5 million de dollars en collaboration avec l’Université nationale autonome du Honduras afin de faciliter la mise en œuvre du système d’ajustements structurels[xiii]. Pourrait-on parler d’intellectuel·le·s « subalternes »[xiv] au service de l’impérialisme ? Ces questions sont très importantes et sont aussi liées aux questions de l’impérialisme culturel concernant, entre autres, l’immigration et la formation d’élites transnationales, dont nous traiterons ultérieurement dans ce texte. Quoi qu’il en soit, est-ce vraiment étonnant que le Canada ait soutenu les auteurs du coup d’État du 28 juin 2009 ? C’est à cette occasion qu’on avait « puni » le progressiste Manuel Zelaya pour avoir tenté de réviser à la hausse le salaire minimum, d’établir un moratoire contre les concessions minières et de nationaliser certaines parties du secteur de l’énergie. Zelaya aura aussi payé cher son rapprochement avec le gouvernement d’Hugo Chavez et d’Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América (ALBA)[xv]. Dans les quelques mois qui ont suivi le coup, de nombreux opposants au nouveau régime ont été assassinés, torturés et détenus arbitrairement. Des manifestant·e·s ont été battu·e·s, gazé·e·s et parfois abattu·e·s. Les bureaux des organisations et des médias qui critiquaient le gouvernement ont été contraints de fermer leurs portes. Le Canada n’a jamais dénoncé ces incidents[xvi]. On retrouve une situation similaire au Guatemala, dont le gouvernement d’extrême droite, ayant été mêlé à des crimes génocidaires dans les 1980, reçoit toujours le soutien du Canada. Les années 2000 ont été caractérisées par une reconcentration de la propriété terrienne, la recrudescence des avoirs liés au narcotrafic, la production de cultures d’exportation massive, comme celles de la canne à sucre, de la palme et de la banane. Le pays est plus récemment devenu un lieu de passage incontournable pour les narcotiques, à un tel point que les élites locales nouent des alliances avec les trafiquants comme avec les multinationales. Cela renforce l’idée selon laquelle l’État, en contexte néolibéral, devient le valet du Capital et de son expansion sous toutes ses formes. Les élites locales y ont ainsi trouvé leur compte. Aussi, les activités minières sont en pleine expansion et l’eau a été privatisée. Des infrastructures ont aussi été mises sur pied pour faciliter le transport des marchandises, et ce, au détriment de la population, qui s’enlise dans une pauvreté encore plus totale, en plus de subir une répression violente aux mains de 15 000 policiers et policières et 60 000 membres d’agences de sécurité privée et de « guardias blancas », des paramilitaires[xvii].

Nous aborderons maintenant plus en détail le caractère impérialiste de la politique étrangère canadienne. En fait, pour maintenir l’hégémonie canadienne, Affaires mondiales Canada (et anciennement l’ACDI) a travaillé pour défendre les intérêts de la classe capitaliste, et ce, avec d’autant plus de vigueur après le 11 septembre 2001. Klassen fait aussi état d’une augmentation du budget de l’ACDI peu avant sa dissolution, qui est passé de 2,6 milliards de dollars pour l’exercice 2000-2001 à 4,23 milliards pour l’exercice 2006-2007.[xviii] L’ACDI, créé en 1968, a toutefois fusionné avec le ministère des Affaires étrangères, sous le gouvernement Harper, en 2013. Quoi qu’il en soit, cette hausse de budget aurait permis d’étendre ses opérations en Haïti et en Afghanistan, deux pays caractérisés par des interventions militaires canadiennes. Il existe donc un lien étroit entre les interventions militaires du Canada et ses projets de « développement ».  En effet, depuis le 11 septembre, l’aide au développement a été de plus en plus associée à des objectifs militaires et géopolitiques. De plus, cette aide est aussi utilisée à des fins de « soft power » là où sévissent les minières et les pratiques extractivistes « nationalistes ». Les mêmes objectifs sont aussi atteints par des ententes de nature commerciale.  Depuis 2007, le Canada a signé des accords de protection des investissements étrangers avec le Bahreïn, la Chine, l’Inde, la Jordanie, le Kuwait, la Lettonie, Madagascar, le Mali, le Pérou, la Roumanie, le Sénégal et la Tanzanie ainsi que des accords de libre-échange avec la Colombie, le Honduras, la Jordanie, le Panama, le Pérou et l’Union européenne, accentuant ainsi la dérégulation du capital. De manière plus inquiétante, le Canada a aussi cherché à accroître ses ventes d’armes[xix]. Il va sans dire que les dépenses militaires ont également augmenté et devraient atteindre 30 milliards de dollars pour l’exercice 2027-2028, alors qu’elles n’atteignaient que 12,8 milliards en 2005 [xx]. Le Canada a par ailleurs également soutenu les interventions militaires en Haïti (en 2004 et en 2010), en Afghanistan (en 2001), en Serbie (1999), en Somalie (1994), en Iraq (en 1991 et en 2003) et en Libye (2011). Cela indique une militarisation croissante des interventions du Canada. L’armée a ainsi gagné plus d’autonomie et l’idéologie militariste, qui doit beaucoup au gouvernement Harper, s’est de plus en plus infiltrée dans la société canadienne, et ce, bien sûr, au service du Capital[xxi]. Klassen précise qu’il ne s’agit ni de la stratégie d’un gouvernement de passage au pouvoir ni le résultat de pression des États-Unis ; ce sont les intérêts une bourgeoisie tout à fait canadienne qui ont été défendus. Klassen décrit plus longuement les exemples de l’Afghanistan et d’Haïti.

L’impérialisme canadien en Afghanistan

À l’occasion de la guerre en Afghanistan, même si les objectifs mis de l’avant par le discours officiel laissaient entendre que l’intervention militaire de l’OTAN avait pour but d’amener la démocratie et de libérer les femmes, déclaration dont Francis Dupuis-Déri critique d’ailleurs le caractère phallocratique dans L’Éthique du vampire[xxii], l’occupation du pays d’Asie centrale avait véritablement pour objectif la défense des intérêts des multinationales canadiennes et de leur transnationalisation. La coalition menée par les États-Unis s’était alliée sur le terrain à l’Alliance du Nord, avec à sa tête le seigneur de guerre Abdur Rachid Dostum, pourtant coupable de crimes graves[xxiii]. L’invasion elle-même a duré deux mois et a réussi à faire fuir le gouvernement taliban dans les régions tribales du Pakistan voisin. Durant les opérations, de nombreux civils ont perdu la vie et les conséquences ont été désastreuses pour l’ensemble de la population du pays.[xxiv] Les États-Unis, le Canada et le reste des pays de l’OTAN ont par la suite œuvré à l’installation du gouvernement d’Hamid Karzai, constitué de quelques seigneurs de guerres dont les milices avaient combattu les talibans. Les intérêts et les structures de commandements des membres du nouveau gouvernement ont par la suite été incorporés dans l’armée et la police. La mise sur pied de ces deux forces de l’ordre avec l’aide des pays de l’occupation a donc reproduit dans ses structures les tensions sectaires et ethniques qui minaient depuis des décennies la stabilité du fragile État afghan dans le nouveau système politique. Pour ce qui est du modèle de développement imposé, il s’agissait d’un néolibéralisme pur et dur, et donc, de la privatisation des services gouvernementaux et de la dérégulation du marché. Comme nous le disions, le secteur de la sécurité a été pris d’assaut par les entreprises étrangères, ce qui n’est pas mince, la question de la privatisation de la guerre en Afghanistan représentant un exemple extrême de la dérégulation néolibérale et de privatisation des services, mais aussi le secteur de l’énergie et de la construction[xxv]. Les pays donateurs contrôlaient aussi la manière dont l’argent était utilisé et les fonds revenait en majorité dans les pays du Nord par la voie des ONG étrangères, des salaires des consultant·e·s, des services de sécurité ou par les profits des multinationales qui accaparaient le marché afghan[xxvi]. Il ne faut pas oublier tous les incidents de torture aux mains des forces de l’occupation qui ont été rapportés par diverses organisations.[xxvii] Aussi, le Canada a été très impliqué dans la construction de l’État fantoche afghan. Le gouvernement fédéral aurait même écrit certains discours du président ! Il a aussi travaillé en collaboration avec des personnalités politiques peu recommandables et des chefs de milices coupables de trafic de drogues et de torture, dont Gul Agha Sherzai (à qui le Canada avait octroyé des contrats de « sécurité »), Asadullah Khalid, Rahmatullah Raufi, Tooryalai Wesa, Abdul Raziq et Ahmed Wali Karzai, frère du président, trafiquant de drogues notoire qui travaillait pour la CIA. Qui plus est, les projets d’infrastructures de l’ACDI ont été menés de manière à encourager la corruption, à coups de pots de vin et d’alliances avec des brigands. Par exemple, les 50 millions de dollars dépensés auprès de SNC-Lavalin pour reconstruire le barrage Dahla et le système d’irrigation n’ont servi à rien : la structure résultant des travaux bâclés ne peut absolument rien irriguer. L’entreprise semble avoir profité de l’opportunité de capturer des fonds publics sans se soucier de satisfaire aux besoins d’une population qui avait peu de moyens de résister puisque l’armée se portait avant tout à la défense du capital étranger. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Cette expérience de développement manqué démontre un manque de considération pour la population locale ainsi qu’un manque de recherche pour réellement comprendre les dynamiques de la société afghane. Le fait qu’on donne aussi facilement à des brigands et à des tyrans locaux, vraisemblablement parce qu’ils semblent les plus à même de contrôler un territoire donné et sa population, démontre aussi qu’on ne se préoccupe que très peu d’aider les afghan·e·s. À cet égard, nous avions abordé une question pertinente dans notre article sur le conflit en République centrafricaine. En effet, le professeur Modeste Mbatalla soulignait comment il était difficile pour les chercheurs et chercheuses de recevoir du financement pour aller étudier sur place les conflits, ce qui serait pourtant profitable, même pour les impérialistes[xxviii]. Malheureusement, il semble qu’on préfère injecter de grosses sommes d’argent des contribuables sur des interventions musclées et des quasi-dons à des entreprises qui exécutent des travaux exécrables. Serait-ce un autre moyen pour l’État de servir les multinationales ? Cependant, fait intéressant, en Afghanistan, les entreprises canadiennes ont bel et bien commencé à exploiter les réserves minières du pays, et ce, sans trop de problèmes « techniques », semble-t-il[xxix]. Enfin, selon les sources citées par Klassen, les soldat·e·s canadien·ne·s auraient eu un comportement ouvertement raciste. Les afghan·e·s, de leur côté sont devenu·e·s de plus en plus hostiles aux Canadien·ne·s, surtout depuis qu’ont eu lieu les nombreux décès « accidentels » de civils[xxx]. En effet, les forces de l’occupation de l’OTAN et les soldat·e·s canadien·ne·s se sont rendu·e·s coupables de meurtres, souvent involontaires, quelques fois peut-être pas. Le 14 mars 2006, des soldat·e·s canadien·ne·s ont tué le chauffeur de taxi Nasrat Ghali[xxxi]. Le 22 août de la même année, c’est un garçon de dix ans qu’ils ont assassiné sur une motocyclette[xxxii] et, quelques mois plus tard, un homme de 90 ans[xxxiii]. En 2008, ils ont tué une fille de 4 ans et son petit frère de deux ans[xxxiv], trois enfants encore en février 2009[xxxv] et une autre jeune fille la même année[xxxvi]. Ce ne sont là que quelques exemples cités dans les médias[xxxvii]. Il y a fort à parier que beaucoup d’incidents beaucoup plus graves ont pu être dissimulés par les forces impérialistes en Afghanistan, pays évidemment difficile d’accès pour les journalistes. Il faut en conclure qu’il est fort probable que la majorité des crimes n’ont pas été documentés.

L’impérialisme canadien en Haïti

L’autre cas abordé par monsieur Klassen est celui d’Haïti. En 2004, le gouvernement démocratique de Jean-Bertrand Aristide, un prêtre progressiste, proche de la théologie de la libération et élu démocratiquement, a été renversé avec la complicité des États-Unis, de la France et du Canada, pour être remplacé par Gérard Latortue, un homme d’affaires vivant en Floride. L’arrivée au pouvoir de ce dernier a donné lieu à une forte répression des couches pauvres de la population et même à l’assassinat de nombre de ses opposants, entre autres crimes contre l’humanité. C’était la deuxième fois qu’on contraignait Aristide à quitter le pouvoir. En effet, ses politiques en faveur des plus démuni·e·s avaient déjà mené à sa déposition en 1991 et le gouvernement qui l’avait remplacé avait été responsable d’exactions, dont, entre 1991 et 1994, la mort d’au moins 5000 personnes, dont plusieurs ont perdu la vie aux mains du Front révolutionnaire armé pour le progrès d’Haïti, un escadron de la mort soutenu par la CIA. Aristide a été réélu en 1994 et a tenté de tenir tête aux États-Unis ; il avait alors refusé de céder aux ajustements structurels exigés, sans trop de succès. Malheureusement, la population haïtienne avait continué de servir de main-d’œuvre bon marché. Quelque 16 ans plus tard, en 2010, après que l’île ait été frappée par un tremblement de terre, l’aide a été promise au pays en grande quantité. Cela dit, le véritable objectif de cette « aide » s’est avéré être de faciliter l’entrée massive de capitaux étrangers. Ainsi, Haïti est presque entièrement passé sous le contrôle des États-Unis et du Canada. Tous les aéroports et tous les ports ont été pris en charge par l’armée étatsunienne. Par contre, en ce qui concerne l’aide promise, des 5,3 milliards de dollars qui avaient été promis, seulement 1,28 milliard arriva en Haïti et selon ce qui est rapporté dans le livre de Klassen, à peu près rien n’a été réellement dépensé pour la reconstruction[xxxviii]. Presque tout l’argent a été octroyé pour des contrats avec des entreprises étatsuniennes et les autres donateurs ont presque tous donné à leurs propres ONG. Klassen explique la situation en rapportant les propos de Justin Podur : 

« Le tremblement de terre a consolidé ce que le chercheur canadien Justin Podur (2012) appelle la “nouvelle dictature” en Haïti : des structures de domination et d’exploitation qui assurent la subordination du pouvoir aux intérêts économiques et politiques des élites nationales et étrangères. Au sein de ces structures, il n’y a que très peu d’espace pour un pouvoir populaire. Les soldat[·e·]s étrangers[·ères] imposent leur ordre grâce à des agences de sécurité locales. Des ONG internationales assurent les services essentiels pour la survie [de la misère]. Les élections sont corrompues par la répression politique et les transnationales mènent leurs activités sans aucune restriction[xxxix]. »

En ce qui concerne cette « nouvelle dictature », Klassen affirme que le Canada n’était ni servile des intérêts étatsuniens ni totalement dévoué à la « cause » humanitaire. Selon lui, le Canada aurait suivi son propre programme politique, minant d’abord le gouvernement Aristide dans le début des années 2000 et participant par la suite à la déstabilisation orchestrée par l’Oncle Sam, en finançant des ONG qui ont éventuellement soutenu le coup d’État[xl]. Enfin, le Canada aurait aussi participé à la planification logistique du coup d’État[xli]. Ce sont même des commandos canadiens qui auraient assuré la sécurité de l’aéroport pour la séquestration d’Aristide et près de 500 soldat·e·s ont été envoyé·e·s au lendemain du coup[xlii]. Par la suite, le Canada a aidé, en collaboration avec l’agent de la GRC Davis Beer, à la tête de la police civile de l’ONU, en y intégrant les forces paramilitaires putschistes. L’ACDI aurait consacré des dizaines de millions de dollars à ce projet. Gilden Activewear, une entreprise de Montréal, est l’une des nombreuses entreprises canadiennes qui ont pu profiter de la situation pour exploiter la main-d’œuvre bon marché d’Haïti. Le Canada aurait également voulu que ses entreprises contrôlent les secteurs de l’électricité, de l’agriculture, des technologies de l’information, des technologies médicales, du transport et même du tourisme[xliii]. Le même scénario s’est essentiellement répété après le tremblement de terre de 2010 sous la forme de ce que Naomi Klein a appelé le « capitalisme du désastre[xliv] ».

En Colombie, les activités des minières canadiennes ont été associées avec la violence aux mains des paramilitaires, qui seraient responsables, au regard des statistiques fournies dans l’ouvrage de Gordon, de beaucoup plus d’incidents de violence que les guérillas, FARC et ELN combinées. Ces paramilitaires sont intiment liés à l’armée colombienne et ont été impliqués dans l’assassinat de milliers de syndicalistes et de militant·e·s des mouvements sociaux. Dans les années 1980, ces forces officieuses avaient commis un génocide politique contre l’union patriotique, un parti progressiste fondé par les FARC qui cherchait à intégrer la politique parlementaire[xlv]. Cela n’a rien d’exceptionnel, car le système électoral colombien, tout au long de l’histoire de la nation turbulente, a été perturbé par des menaces de mort, des assassinats, de la fraude, des achats de votes, du financement illégal et ainsi de suite. En comparaison, le gouvernement vénézuélien de Chavez, critiqué par les puissances impérialistes comme dictatorial, avait des pratiques plus transparentes, en plus d’avoir été réélu 13 fois en 14 ans[xlvi]. Pourtant, c’est la Colombie que Harper avait encensée en 2007, la décrivant comme un « allié » dans la région[xlvii]. Ce n’est par hasard que le Canada a affiché hostilité et méfiance envers le gouvernement de Chavez, surveillant les activités d’aide au développement de ce dernier dans les Caraïbes et en Amérique latine, cette dernière minant l’emprise du Canada sur certaines économies de la région, dont Haïti. Les médias canadiens ont aussi participé à donner une image déformée de la gauche latino-américaine et de Hugo Chavez, le décrivant avant tout comme un dangereux dictateur[xlviii].

Conclusion : immigration et dynamiques impérialistes

Dans la précédente section et la première partie de cet article, nous avons tenté de synthétiser certaines idées importantes des écrits de Jerome Klassen et de Todd Gordon sur l’idée d’impérialisme canadien. Nous avons tenté de le faire, comme nous le disions dans notre introduction, en adoptant l’approche de Slavoj Zizek en ce qui concerne l’idéologie comme « fantasme inconscient qui structure la réalité sociale[xlix] ». Nous avons fait cette synthèse en deux parties, la première sur la formation de l’impérialisme canadien et la deuxième, sur ses agissements à l’étranger. Enfin, pour conclure, nous voudrions aborder brièvement l’immigration, qui revêt aussi beaucoup d’importance, du point de vue de l’idéologie. En effet, ceux et celles qui immigrent doivent avoir un fantasme assez précis pour venir de leur plein gré se faire coloniser au Canada. Un tel fantasme pourrait rejoindre ce « complexe d’infériorité » du colonisé dont parlait Frantz Fanon[l] et le rêve ou, devrions-nous dire, le fantasme américain.

 À cet égard, Todd Gordon décrit tout de même brièvement dans son livre le rôle joué par l’immigration dans les dynamiques impérialistes qui caractérisent le Canada. Il souligne que, même si la main-d’œuvre immigrante est de plus en plus importante et cruciale pour certains secteurs de l’économie, surtout dans les grandes villes, il est de plus en plus difficile pour ces travailleurs et travailleuses et leur famille d’obtenir un statut permanent au Canada. Cela est sans compter les immigrants illégaux, qui n’ont aucun droit, ou les travailleurs et travailleuses temporaires, surtout dans le secteur agricole. Dans le cas de cette dernière catégorie, même si ces hommes et ces femmes ont légalement été amené·e·s à travailler au Canada, il leur est impossible de devenir citoyen·ne·s, de se syndiquer ou d’avoir accès aux services sociaux. Il va sans dire que les travailleurs et travailleuses de couleur gagnent en moyenne moins que les travailleurs et travailleuses de couleur blanche[li]. Ces exploité·e·s viennent s’ajouter aux Autochtones comme main d’œuvre moins fortunée et exploitée. Toutefois, à la différence des Autochtones, il leur est possible au cours des différentes étapes de sélection de recevoir une certaine éducation idéologique. Les immigrant·e·s sont donc initié·e·s au « fantasme inconscient qui structure la réalité sociale » du Canada qu’ils apprennent aussi à entretenir avec des rituels, comme le fait de chanter l’hymne national canadien[lii] lors de leur assermentation, ce que peu d’Autochtones ou de Québécois accepteraient de faire. Qui plus est, dans des villes où la population immigrante est importante, entre autres, à Toronto, on fait chanter l’hymne national tous les jours dans les écoles primaires. Todd Gordon ne manque pas non plus de souligner un certain racisme qui est inhérent au Canada comme entité idéologique. Les exigences de plus en plus strictes font en sorte que ceux et celles qui réussissent à immigrer au Canada sont souvent des gens fortunés dans leur pays et très éduqués. On pourrait avancer que cela contribue à l’exode des cerveaux, qui deviendrait presque une ressource pompée au même titre que les matières premières. Cependant, paradoxalement, il est très difficile pour ces gens de voir leurs études reconnues et ils sont contraint·e·s d’occuper le rôle qu’on leur destine souvent, celui de main-d’œuvre bon marché. En plus d’avoir reçu une éducation idéologique au cours des procédures d’immigration, elles et ils sont maintenant intimidé·e·s avec toutes sortes de mesures de sécurité mises en place au nom de la « guerre au terrorisme », mais qui se situent dans la continuité d’un économisme des plus tyranniques. Si quelques un·e·s parviennent à accéder aux cercles privilégiés, celles et ceux qui y arrivent se trouvent le plus souvent au service de l’hégémonie, contribuent à la transnationalisation de la classe capitaliste et servent comme « informateurs autochtones »[liii] dans la production du savoir au service du Capital.

Dans un article paru dans le numéro de Relations mars-avril 2018, Slavoj Zizek décrit les dynamiques qui régissent les relations entre la mondialisation et l’extrême droite. Pour lui, en France, l’élection de Macron est survenue en réponse à la dédiabolisation de l’extrême droite en France, avec un retour en scène du Front national de Marine Le Pen. Selon Zizek, Macron aurait alors eu la tâche de rediaboliser la droite. À ce sujet, il affirme :

 Mais cette (re) diabolisation a aussi pour fonction d’empêcher de se questionner sur les origines de ce mal : la montée de Le Pen comme réaction aux forces politiques dont Macron est l’incarnation par excellence. En fait, c’est là la fonction première de cette diabolisation : brouiller les pistes afin que ce sentiment de culpabilité face à la montée de la xénophobie et du racisme trouve sa source dans un acteur situé à l’extérieur de notre espace démocratique. […] Historiquement, la tâche de la gauche était justement de poser ce genre de question. Il n’est pas étonnant, donc, que la gauche radicale finisse elle aussi par disparaître de l’arène politique avec l’ennemi qu’elle diabolise.[liv]  

Nous pourrions entrevoir la même dynamique au Canada avec les tentatives de Justin Trudeau de diaboliser la droite nationaliste québécoise. La situation n’est pas exactement la même qu’en France, car les partis plus à droite (PLQ, PQ, CAQ, pour nommer les principaux) semblent tous jouer avec des idées qui appartiennent généralement avec l’extrême droite en élaborant des projets de loi qui sous-tendent la xénophobie sans pour autant ouvertement la laisser paraître. Ils le font probablement pour mobiliser les membres et les sympathisant·e·s des mouvements de droite qui semblent avoir une influence grandissante sur le terrain. Nous n’affirmons pas que ces partis sont tous trois d’extrême droite, bien qu’ils nous apparaissent tous trois conservateurs à leur manière. Cependant, les débats en ce qui a trait l’immigration, par exemple, laissent entrevoir des positions qui ne sont pas toujours aussi progressistes et « accueillantes » qu’on voudrait l’entendre. En fait, nous dirions qu’il existe un fascisme latent dans l’idéologie de ces partis. Quoi qu’il en soit, sur la scène fédérale, le PLC tente de rediaboliser cette xénophobie, ce qui n’est pas mal en soi, si ce n’est qu’il le fait pour défendre le système capitaliste international. En fait, alors que l’extrême droite tente de ramener une hiérarchisation des races, les régimes « de centre » tendent plutôt à remplacer la hiérarchie des races par celle des cultures. Aimé Césaire avait déjà souligné comment il trouvait surprenant au lendemain de l’holocauste à quel point les Européen·ne·s se montraient indigné·e·s de voir en Europe ce qu’eux-mêmes faisaient subir aux habitant·e·s de leurs colonies[lv]. Enfin, à la suite des indépendances de la plupart des colonies après la Seconde guerre mondiale, il semble que la hiérarchie des cultures ait pris le dessus dans le système néolibéral, que ce soit sous la forme d’une laïcité hégémonique comme en France ou au Québec (ledit « interculturalisme »), ou le multiculturalisme dans les pays anglo-saxons. Enfin, lors de notre entrevue avec le politologue Thomas Collombat, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec en Outaouais, nous avons discuté de la question. Selon lui, la différence entre l’interculturalisme et le multiculturalisme n’est pas très importante. Dans les deux cas, il y aurait une vision du monde inspirée par Samuel Huntington et son « choc des civilisations [lvi]». Pour nous, les débats qui tentent de contester la possibilité d’appliquer la laïcité à la française au Québec sont utiles. La laïcité fait partie de l’idéologie colonialiste de la France qui lui confère sa fantasmatique supériorité sur le reste du monde. Par conséquent, toute différence tolérée revient à une diversité définie par le haut. Cet état des choses accentue l’apartheid du savoir. Les revendications des communautés LGBQI n’ont rien d’extraordinaire en ce sens qu’elles s’appliquent à toute la question de l’identité au sens large, d’où la nécessité de défendre le caractère « fluide » de cette dernière et non essentialiste. La hiérarchisation ambiante qui règne dans les pays du nord à un niveau idéologique plus ou moins conscient constitue donc une forme de brutalité, accentuée, entre autres, par le discours contre le terrorisme. Enfin, les mesures entreprises ressemblent très souvent, et dangereusement à du terrorisme d’État, concept dont il est de notre devoir d’élargir la définition, comme Gordon et Klassen ont voulu élargir la définition du colonialisme et de l’impérialisme.

 

Cliquez ici pour lire la première partie de cet article.

 

CRÉDIT PHOTO: Flickr

[i] Gilbert Rist. Le développement :Histoire d’une croyance occidentale. Presses de sciences Po (P.F.N.S.P.), Paris, 2007.

[ii] George I. García et Carlos Guillermo Aguilar Sánchez, « Psychoanalysis and politics: the theory of ideology in Slavoj Žižek ». International Journal of Zizek Studies 2, no 3 2008.

[iii] Todd Gordon, Imperialist Canada, ARP Books, Toronto, 2010, p.41

[iv] Pierre Gottiniaux, Daniel Munevar, Antonio Sanabria et Éric Toussaint. « Les chiffres de la dette ». CADTM, 2015. http://www.cadtm.org/IMG/pdf/version01-FR.pdf.

[v] Samir Amin. Le développement inégal. Éditions de minuit, 1973.

[vi] Op. cit., note 3, p. 42

[vii] Op. cit., note 3, p. 315

[viii] Spencer S. Hsu et Victoria St. Martin, « Four Blackwater guards sentenced in Iraq shootings of 31 unarmed civilians», The Washington Post, 13 avril 2015, https://www.washingtonpost.com/local/crime/four-blackwater-guards-senten....

[ix] Graham Bowley, « Afghanistan Closes Firm Providing Security », 5 janvier 2012, https://www.nytimes.com/2012/01/06/world/asia/afghanistan-shuts-down-gar....

[x] Robert Young Pelton, Licensed to Kill: Hired Guns in the War on Terror, Broadway Books, New York, 2007.

[xi] Alexandre Dubé-Belzile, « Le visage en décomposition de la révolution bolivarienne : le Venezuela en crise », 2017, http://revuelespritlibre.org/le-visage-en-decomposition-de-la-revolution....

[xii] Op. cit., note 3, p. 142

[xiii] Op. cit., note 3, p. 144

[xiv] Gayatri Chakravorty Spivak, Can the subaltern speak? Macmillian Education, Bangalore, 1988. http://abahlali.org/files/Can_the_subaltern_speak.pdf.

[xv] Op. cit., note 3, p. 376

[xvi] Op. cit., note 3, p. 378

[xvii] Todd Gordon et Jeffery R. Webber, Blood of Extraction: Canadian Imperialism in Latin America, Fernwood Publishing, Toronto, 2016, p. 108

[xviii] CIDA, « Statistical Report on International Assistance: Fiscal Year 2006–2007», Ottawa, 2009.

[xix] Carl Meyer,« CCC sees “untapped” market for Canadian arms.”» Embassy, 2011, http://www.embassynews.ca/ news 12011106/151 ccc-sees-untapped-market-for-canadian-armsi 40395? absolute=1.

[xx] Steven Staples, « Canada Is Overspending on Defence», Embassy, 16 novembre 2011.

[xxi] Jerome Klassen. Joining Empire: The Political Economy of the New Canadian Foreign Policy, University of Toronto Press, Toronto, 2014, pp. 218-219

[xxii] Francis Dupuis-Déri, L’éthique du vampire, Lux Éditeur, Montréal, 2007.

[xxiii] Patricia Gossman, « Dispatches: Barring Afghan War Crimes Suspects from the US», Human Rights Watch, 26 avril 2016. https://www.hrw.org/news/2016/04/26/dispatches-barring-afghan-war-crimes....

[xxiv] Op. cit., note 21, pp. 141-143

[xxv] Op. cit., note 21, p. 230

[xxvi] Mark Waldman, Falling Short: Aid Effectiveness in Afghanistan. Kabul: Agency Coordinating Body for Afghan Relief, 2008.

[xxvii] Ahmed Rashid, Descent into Chaos: The United States and the Failure of Nation Building in Pakistan, Afghanistan, and Central Asia, Penguin, London, 2008.

[xxviii] Alexandre Dubé-Belzile, « Un État qui n’a jamais existé : la France et le conflit centrafricain », L’Esprit Libre, 20 octobre 2017, http://revuelespritlibre.org/un-etat-qui-na-jamais-existe-la-france-et-l....

[xxix] Op. cit., note 21, p. 230

[xxx] Op. cit., note 21, p.232-233

[xxxi] CBC (Canadian Broadcasting Corporation), « Canadian soldiers fatally shoot taxi driver », 15 mars 2006.

[xxxii] Graeme Smith, « Calm prevails in Kandahar one day after Canadian soldier killed boy at roadblock », Globe and Mail, 24 août 2006.

[xxxiii] CTV, « Afghan accidentally killed by Canadian troops », CTV.ca, 13 décembre 2006.

[xxxiv] CBC, « Canadian troops kill 2 children after car nears convoy », CBC News, 28 juillet 2008.

[xxxv] Murray Brewster, « 3rd child in Afghan blast dies », Canadian Press, 24 février 2009.

[xxxvi] CBC, « Afghan girl’s death by stray Canadian bullet angers family », CBC News, 24 juillet 2009.

[xxxvii] Op. cit., note 21

[xxxviii] Justin Podur, Haiti’s New Dictatorship: The Coup, the Earthquake and the UN Occupation, Pluto Press, London, 2012, p. 140.

[xxxix] Op. cit., note 18, p. 242

[xl] Nikolas Barry-Shaw et Dru Oja Jay, Paved with Good Intentions: Canada’s Development NGOs from Idealism ta Imperialism, Fernwood Publishing, Halifax, NS, 2012.

[xli] Op. cit., note 21, p. 243

[xlii] CBC, « Joint Task Force 2: Canada’s Elite Fighters », CBC News, septembre 2010.

Op. cit., note 21, p. 244

[xliii] Yves Engler et Anthony Fenton, Canada in Haiti: Waging War on the Poor Majority, Fernwood Publishing, Halifax, NS, 2005.

CIDA, Canadian Cooperation with Haiti: Reflecting on a Decade of « Difficult Partnership», Ottawa, 2004.

Op. cit., note 21, pp. 245-246

[xliv] Naomi Klein, The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism,New York: Picador, 2007.

Op. cit., note 21, p. 247

[xlv] Op. cit., note 21, p206-209

Alexandre Dubé-Belzile, « Quelle paix ? Le fossé infranchissable entre la politique colombienne et les inégalités sociales », janvier 2017, http://revuelespritlibre.org/quelle-paix-le-fosse-infranchissable-entre-....

[xlvi] Op. cit., note 17, p. 250

[xlvii] Op. cit., note 2, pp. 370-371

[xlviii] Op. cit., note 17, p. 247

[xlix] George I. García et Carlos Guillermo Aguilar Sánchez, « Psychoanalysis and politics: the theory of ideology in Slavoj Žižek ». International Journal of Zizek Studies 2, no 3 2008.

[l] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, Paris, 1952.

[li] Op. cit., note 3, p.51

[lii] Nous avons été étonné en prenant connaissance de fait lors d’entretiens avec les membres des communautés immigrantes.

[liii] Hamid Dabashi, « Scholarship and the imperial native informers », 2018, https://www.aljazeera.com/indepth/opinion/scholarship-imperial-native-in....

[liv] Slavoj Žižek. « Bienvenue en des temps intéressants ! » Relations, no 795, 2018.

[lv] Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Présence africaine, Paris, 1955.

[lvi] Samuel P. Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Simon & Schuster, New York, 1996.

 

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