Sexe inavoué : Fréquentation, mariage et sexualité dans le sous-continent indien

International
Sexe inavoué : Fréquentation, mariage et sexualité dans le sous-continent indien
Analyses
| par Gwendolyn Bellinger |

Traduit de l'anglais par Marie-Claude Belzile

L'Inde est l'une des sociétés les plus complexes et diversifiées du monde. Elle est une terre de multiplicités, de contradictions. Elle est à la fois l'une des plus anciennes civilisations et a l'une des économies en plus forte croissance, suspendue quelque part entre les traditions ancestrales et l'avant-garde des nouvelles technologies et innovations. Son paysage comprend les plus hautes montagnes, les déserts les plus arides, les villes les plus populeuses et les villages les plus modestes. Derrière les centres commerciaux luxueux, les enfants mendient. Près des McDonalds, sur le trottoir, les chaiwallasi remuent le thé fraîchement infusé.

Cette lutte tendue entre tradition et modernité influence tous les aspects de la culture indienne, y compris les fréquentations, le mariage et la sexualité. Alors que des lois gouvernementales sur la censure obligent la suppression des scènes sensuelles et sexuelles dans les films en Inde, plus de 4,6 millions d'usagers et d’usagères d'Internet téléchargent facilement les derniers succès d'Hollywood, scènes de sexe comprisesii. Le site internet Pornhub calcule que son troisième plus grand trafic en provenance des appareils Android origine de l'Inde, et ce, malgré l'interdiction de consommer de la pornographie au paysiii. La génération actuellement dans la vingtaine en Inde s'abreuve des téléséries telles Friends, Two and a Half Men, et How I Met Your Motheriv. Parmi ce groupe, certain·e·s ont plusieurs partenaires sexuel·le·s, alors que d'autres attendent le mariage. Bien que le contraceptif oral d'urgence et les condoms soient ouvertement vendus dans les pharmacies, beaucoup craignent encore les préjugés reliés à l’achat de ces produits. Dans la même veine, plusieurs s'empêchent encore de parler de santé sexuelle avec leurs médecins, étant donné le peu d'acceptation sociale à discuter franchement de ce sujet. Ces contradictions face à la sexualité prémaritale en Inde indiquent des changements sociaux et économiques plus larges qui viennent bousculer subitement les Indiennes et les Indiens d’aujourd’hui.

Les enfants du millénaire habitant les centres urbains sont donc pris·e·s entre le code moral strict de leur éducation et la culture des histoires sans lendemain valorisée en Occident. Entre ces deux mondes, le tabou entourant la sexualité prémaritale est palpable. Et pourtant, tandis que parler ouvertement de sexualité est toujours considéré inapproprié et de mauvais goût, on rapporte 14 millions de « balayages » sur Tinder en 2016 seulement dans le sous-continentv. Bien que des sources affirment qu'environ 90 % des mariages sont encore arrangés en Inde, les fréquentations et la sexualité prémaritale gagnent rapidement en popularitévi.


« Se fréquenter » en Inde

En Inde, comme un peu partout ailleurs, « se fréquenter » peut signifier différentes choses selon à qui l'on s'adresse. Pour la population urbaine, les mariages arrangés sont souvent envisagés comme une option viable, mais ils ne sont plus l'unique option. Alors que certain·e·s espèrent que leurs fréquentations leur permettent de trouver un·e partenaire de vie, d'autres apprécient simplement l'excitation de rencontrer de nouvelles personnes et considèrent les fréquentations davantage comme un loisir que comme une recherche sérieuse menant vers le mariage. Toutes les personnes interrogées pour cet article ont des ami·e·s qui vivent tant des mariages arrangés que des mariages d'amour (des partenaires qui se sont rencontré·e·s par hasard à l'université ou grâce à des ami·e·s commun·e·s). Personne parmi elles n'a exprimé d’opinion forte voulant que l'un ou l'autre de ces types de mariage soit meilleur que l'autre. Quelques personnes ont dit préférer l'idée d'un mariage basé sur l'amour, alors que d'autres ont statué que leurs familles trouveraient pour elles la personne parfaite.

Ankit Sharma*, 30 ans, de Delhi, a rencontré sa femme à l'université. Le couple a pris le temps de se connaître pendant un an avant de demander à leurs parents la permission de se marier. Aucun·e des deux n'avaient fréquenté d'autres personnes avant cette relation, mais aucun·e n'a exprimé de regret pour cette « opportunité perdue » de fréquenter d’autres personnes. Leur histoire est en fait répandue parmi celles et ceux qui se sont confié·e·s à moi : les mariages d’amour heureux commencent habituellement à l'université ou par l'entremise d'amitiés communes.

Aussi, pour une partie des enfants du millénaire, une période de fréquentation avant le mariage arrangé est une façon de s'amuser et d'avoir du plaisirvii. Ces jeunes adultes ne désirent souvent qu'expérimenter et rencontrer de nouvelles personnes, bien qu'ultimement, la plupart attendent de leur famille qu'elle leur trouve un·e partenaire adéquat·e. Ainsi, se fréquenter devient plutôt une activité pour se distraire, « une partie de plaisir », à l'image de ce qui est coutume chez les jeunes Occidentales et Occidentaux. Les plate-formes de rencontres en ligne facilitent les nouvelles rencontres, et ce, peu importe le type de relation que l'on recherche. Des applications comme Tinder ont élargi le bassin d'individus « disponibles » pour la rencontre et la fréquentation. Cependant, on note présentement un déséquilibre des genres présents sur l'application au pays, les hommes y étant en majorité. Selon Taru Kapoor, femme à la tête de Tinder en Inde, cela s'explique principalement par le fait que les usagers·ères d'Internet au pays sont majoritairement masculins viii. Madame Kapoor remarque aussi que les femmes sont plus hésitantes à vouloir rencontrer ainsi des inconnu·e·s pour des raisons de sécurité. Toutefois, elle croit que Tinder offre aux femmes un plus grand pouvoir de décision, un privilège dont elles ne jouissent pas encore toujoursix.

De même, l'action de se fréquenter n'est pas constamment tournée vers les seuls buts d’avoir du plaisir ou de se marier. Questionné sur l’utilisation des applications de rencontre comme Tinder, Vivek Kumar de la région Himachel Pradesh, nous dit : « Je ne me suis jamais vu dans un mariage arrangé. Je ne sais pas trop pourquoi, surtout que c'est très commun ici. Je ne suis pas non plus contre ça. Je ne fais que fréquenter des gens pour les fréquenter, sans attentes ou idées préconçues. J'ai pensé donner une chance à Tinder. C'est tout. Puis, tu vois ce qui arrive. » Les parents de Vivek lui ont envoyé de nombreuses photos de différentes femmes tout en l'encourageant à en choisir une comme future épouse.

 

Que sont les mariages arrangés?

Ainsi, si se fréquenter en Inde peut être aussi banal que de balayer à gauche ou à droite sur Tinder, pourquoi y a-t-il encore tant de jeunes qui vivent un mariage arrangé? Cette tradition peut sembler étrange pour les Occidentales et Occidentaux à qui on enseigne dès l'enfance que les mariages symbolisent l'amour. Il ne faudrait pas cependant croire que la romance et l'amour sont absents de la culture indienne. Il suffit de penser aux succès de Bollywood pour constater que le sous-continent est submergé d'histoires d'amour, aussi intensément que l'on en retrouve dans la culture nord-américaine.

Dans la société indienne toutefois, l'amour n'est pas une chose qui doit absolument pré-exister avant le mariage. Par exemple, Jasleen Singh de la région du Punjab a récemment consenti à un mariage arrangé et s'en porte bien heureuse, même si elle avoue avoir eu quelques hésitations avant son union. Elle n'avait échangé qu'à quelques occasions avec son futur mari via Skype et ne l'avait rencontré physiquement qu'une seule fois avant le mariage. Des ami·e·s de Jasleen m'ont confié que son mariage était surtout le fruit de sa volonté de contenter ses parents. À 29 ans, elle avait atteint les limites sociales d'un âge « approprié » pour se marier selon eux, et un choix de partenaire a donc été effectué pour elle. Malgré cela, un peu plus de six mois après le mariage, Jasleen se considère heureuse, son mari et elle prenant le temps de se connaître davantage, profitant des sorties au cinéma ou avec la famille et les ami·e·s de l'un·e ou de l'autre afin de mieux s'apprivoiser. La description de son mariage est semblable à celle que l'on donnerait de notre premier amour, des premiers papillons au ventre, mais avec l'importante différence que leur engagement est non pas d'entretenir un amour déjà existant, mais d'en développer un éventuellement. Le couple est entré en relation avec l’idée que pour s’aimer comme elle et il sont, il leur fallait être ouvert·e d'esprit et se respecterx.

Bien que certains sondages dévoilent que 90% des mariages indiens sont arrangés, malheureusement, aucun d'entre eux ne donne sa définition de ce qu'est un mariage arrangé. Dans l'Inde urbaine, l'adjectif « arrangé » peut signifier simplement que les parents sont responsables de la première rencontre des deux possibles futur·e·s partenaires. C’est-à-dire qu’un homme et une femme se rencontrent selon les recommandations des parents, puis passent quelques mois à apprendre à se connaître, et finalement s'entendent pour se marier. Cela sous-entend aussi que l'on puisse rencontrer plusieurs partenaires potentiel·le·s avant d'arrêter son choix. Pour d'autres, un mariage arrangé peut signifier rencontrer sa ou son futur·e épouse·x le jour même du mariage. Parfois, « apprendre à connaître quelqu'un·e » peut survenir aussi rapidement que par un ou deux appels téléphoniques, une ou deux semaines passées ensemble... ou aussi lentement que quelques années de fréquentation exclusive. Il y a des mariages qui se concrétisent très rapidement et qui se brisent tout aussi vite ensuite, alors que d'autres prennent forme après une patiente liaison amoureuse.

En plus de l'application Tinder, les sites Web d'agences de mariage tels Shaadi.com ou SimplyMarry.com ont complètement redéfini la notion de mariage arrangé. Ces sites sont d'ailleurs très populaires dans le sous-continent. Les personnes peuvent aujourd'hui se créer un profil en ligne et rencontrer ainsi d'autres célibataires qui cherchent à se marier. Les parents de ces célibataires peuvent faire les recherches sur les sites prémaritaux ou laisser leur enfant clavarder avec des partenaires potentiel·le·s de leur propre initiative. Ce sont habituellement les parents qui détiennent le droit de veto sur le choix de partenaire de leur enfant, et peuvent inviter l’homme ou la femme et ses parents à rencontrer leur enfant.

La nature des mariages arrangés varie en effet autant que peut varier la nature des fréquentations modernes. Ce qu’il est essentiel de comprendre est que dans l'Inde urbaine contemporaine, le terme « arrangé » n'est pas synonyme de « forcé ». Si les parents cherchent pour et avec leurs enfants afin de leur trouver un·e partenaire adéquat·e, ces derniers maintiennent le droit de refuser la personne proposée.

 

Les relations atypiques

Dans les faits, il est certainement rare en Inde de voir une personne rejeter catégoriquement le mariage. Ainsi, alors que la majorité des mariages ne sont pas forcés, les pressions sociales et familiales suffisent à motiver même les personnes désintéressées par le mariage à le vivre quand même. Quand j’ai demandé à un interlocuteur s'il arrivait que des hommes et des femmes refusent le mariage, il a d'abord réagi avec un air surpris et choqué face à la question. En y réfléchissant, il a répondu : « Ce sont des cas rares », mais il n’a pu me nommer personne de son entourage ou parmi ses connaissances qui avait refusé le mariagexi.

Quand je lui ai demandé si parfois des homosexuel·le·s refusaient un mariage hétérosexuel, Vivek m'a confié : « Je ne peux même pas penser à une seule personne qui ne se marierait pas ou qui afficherait publiquement son homosexualité. Du moins, personne que je connaisse, directement ou indirectement. L'Inde n'est pas encore rendue là, à accepter l'homosexualité. Les gens ne sortent pas du placardxii. »

Historiquement, ce qu'exprime Vivek est vrai. L'homosexualité est demeurée interdite par la loi en Inde jusqu'en 2009, quand les juges de la Haute Cour de Delhi ont renversé la loi anglaise de 1861 (section 377) qui prohibait « les relations charnelles contre nature avec tout homme, toute femme et tout animal »xiii. En 2012 cependant, la section 377 fut rétablie et est présentement en révisionxiv. Selon le New York Times, les personnes homosexuelles n'ont pas souvent été jugées sous cette loi à notre époque, mais la peur de répercussions légales est parfois utilisée pour « harceler, faire chanter ou emprisonner ces personnesxv ». À cause de ces conséquences légales et des préjugés de la société, la majorité des homosexuel·le·s fondent une famille traditionnelle et gardent secrètes leur orientation sexuelle et leurs relations homosexuelles.


Le dialogue sur l'homosexualité en Inde n'en est qu'à ses balbutiements, mais au cours des dernières années, le mouvement LGBT+ a pris de l'ampleur. L'Inde a célébré sa première parade de la Fierté en 2013 à Gujarat, et cette année, en 2017, le ministère de la Santé a reconnu les relations de même sexe dans son matériel éducatif sur la santé sexuellexvi. Pour l'instant cependant, le mariage homosexuel n'est toujours pas légal et la plupart des personnes en relations homosexuelles se cachent.


 

Quel est l'âge idéal?

Alors que certaines familles demeurent plus strictes que d'autres en ce qui concerne les décisions matrimoniales, la pression exercée pour presser les jeunes à se marier survient parfois moins sous forme d'influence à trouver « la bonne personne » que par un encouragement persuasif à trouver un·e partenaire « à temps ».

Avec la valorisation sociale et l'augmentation du nombre de personnes ayant accès à une éducation supérieure, la pression familiale pour trouver un·e partenaire commence aujourd'hui autour de 23 à 25 ans pour les femmes, et de 25 à 27 ans pour les hommes, quoique cela soit plus tôt dans les régions rurales. Dans tous les cas, ça dépend surtout de la famille. La règle générale veut que le mariage ait lieu avant l'âge de 30 ans, plus particulièrement pour les femmes. Passé 30 ans, il devient beaucoup plus ardu de se trouver un·e partenaire, le préjugé étant que la personne célibataire au-delà de cet âge doit probablement avoir « quelque chose qui cloche ».

Pendant la conversation, Vivek, admet qu’il devient de plus en plus difficile de fréquenter des personnes de manière non-sérieuse en vieillissant : « Quand tu as entre 25 et 28 ans, tes parents te pressent à te marier, surtout si tu es une fille, pour s’assurer que tu ne franchisses pas l'âge "idéal" pour te marier. » En regard des dynamiques de rencontre qui se jouent sur Tinder en Inde, par exemple, Vivek me laisse savoir que « les règles du jeu changent légèrement quand quelqu'un[·e] se retrouve dans cette situationxvii ».

Dans les milieux ruraux, les filles se marient beaucoup plus jeunes et n’ont généralement pas la chance de vivre une ou des fréquentations avant le mariage. S'unir entre l’âge de 15 ans et l’âge de 22 ans est chose commune, selon le degré de scolarité de la jeune femmexviii. À certains endroits, on force les filles aussi jeunes que 12 ou 13 ans au mariage. Bien que ceci ne soit pas légal en Inde, dans les villages isolés et parmi les communautés séquestrées où les dates de naissance ne sont pas toujours enregistrées et où la tradition l'emporte sur les ordonnances des tribunaux, il peut être très complexe de faire respecter les loisxix.

Il y a encore bien des lieux en Inde où les femmes sont encore soumises à des mariages arrangés et possèdent bien peu de liberté. Leurs choix sont souvent réduits aux désirs de leur nouveau mari ou de leur parenté par alliance. Aussi, étant donné que le divorce est tabou dans la société indienne, les femmes subissent parfois de la violence conjugale et de mauvais traitements. Ces histoires sont souvent celles qu’on publie dans les médias occidentaux afin de susciter l'intérêt de la communauté internationale et d'amasser des fonds pour des campagnes de sensibilisation. Bien entendu, les violations de droits humains ne doivent jamais être passées sous silence, et ces violences sont réelles dans le sous-continent, mais il s'agit là d'un seul des nombreux visages de l'Inde.

Inversement, parmi la classe urbaine plus libérale, de nombreuses femmes approchent la trentaine et ne nourrissent aucun désir de précipiter le processus d'engagement marital. Elles trouvent la pression familiale à se marier désagréable, mais parviennent à rire et à blaguer des demandes de leur famille respectives entre elles. Ces femmes s’inquiètent que le mariage amène de gros sacrifices qu'elles ne sont pas prêtes à faire. Ce sont des femmes investies dans leur carrière qui jouissent de la liberté de voir leurs ami·e·s quand elles le désirent, et la vision d'une vie de « mariée » leur apparaît trop exigeante. Le fait est que le stéréotype féminin pousse la femme à déménager de son lieu de vie pour celui de son futur mari, et ce changement leur semble être synonyme d'une perte de contrôle sur leur liberté sociale. Ces femmes refusent que leur bonheur et leur succès deviennent secondaires aux aspirations du mari.

Malgré tout cependant, la peur de manquer de temps et de se voir obligé·e de rester avec un·e partenaire qui ne soit pas idéal·e semble presser les jeunes Indien·ne·s à accepter le mariage avant le début de la trentaine. Au cours d'une conversation, un interlocuteur a avoué qu'il préfèrerait attendre jusqu'à la mi-trentaine pour se marier, mais que « ce n'est pas possible en Inde. Si tu attends trop longtemps, tu restes pris avec une personne bizarre. » Quand je lui ai demandé ce qu’il voulait dire par là, il m’a expliqué qu’on assumait que quelque chose clochait avec les célibataires de cet âge. Pour résumer cela grossièrement, les seules personnes encore célibataires à cet âge sont celles divorcées, statut social très tabou en Inde, et celles dont personne ne semble vouloirxx.

 

Relations de genre

Le féminisme gagne de plus en plus de terrain en Inde. Sarah Bradley, étudiante chercheuse en éthique appliquée à l'Université de Santa Clara, décrit la relation de l'Inde envers les femmes de cette façon : « L'oppression envers les femmes est flagrante en Inde, mais en même temps, je n’ai jamais été témoin d'autant de respect envers ellesxxi. » Le métro de New Delhi dédie des wagons de train entiers aux passagères afin de les protéger du harcèlement sexuel. De leur côté, les voitures de taxi affichent des autocollants « female friendly » (pour les femmes). La ville de Chandigarh, quant à elle, a récemment placardé des panneaux publicitaires offrant un service « prenons et déposons » dirigé par la police afin d'offrir aux femmes un retour sécurisé chez elles après 22 heures, ainsi qu'un numéro d'urgence pour les femmes en besoin. Ce même numéro d'urgence est affiché dans les trains.

Ces dernières années, les gouvernements locaux et fédéraux ont augmenté le nombre de politiques veillant à la sécurité des femmes. Le ministère de la Promotion de la femme et de l’enfant a, pour sa part, lancé divers programmes afin d'améliorer l'éducation des filles et des femmes, il a aussi accru le nombre de programmes de formation pour les femmes sur le marché du travail, en a produit un autre concernant la maternité et, enfin, a rendu illégal pour les médecins de dévoiler le sexe des fœtus dans le but de mettre fin à l'avortement sélectif des bébés fillesxxii.

En dépit de ces avancées sociales, peu oseraient parler d'égalité des genres en Inde. Seul 25 % des Indiennes travaillent, tandis que 55 % des hommes sont en emploixxiii. À l'échelle mondiale, l'Inde arrive onzième dernière par rapport au nombre de femmes participant à la force de travail du paysxxiv. La majorité des femmes avec qui je me suis entretenue m'ont confié qu'elles sont effrayées de vivre et de voyager seule, et que de toute façon leur famille les découragerait fortement ou les empêcherait de s'adonner à de telles activitésxxv.

Lors d'une conversation sur le féminisme et les rôles de genre, même de jeunes hommes et de jeunes femmes scolarisé·e·s ont fait quelques commentaires surprenants. Par exemple, Amit Agraway, 28 ans, du Rajasthan, approuve sans problème que les femmes aient accès à une éducation supérieure, qu'elles prennent place sur le marché du travail et appuie aussi les politiques combattant l'infanticide féminin et le harcèlement sexuel, mais déclare qu'il n'aime pas le féminisme. Intriguée, je l'ai invité à expliquer son point de vuexxvi. Selon Amit, le féminisme place les femmes au-dessus des hommes. Il me partage qu'il sent qu’il doit travailler plus fort que les femmes à l'université et lors des examens d'entrée au gouvernement, car les places réservées aux femmes impliquent qu'elles peuvent obtenir la même chose que lui avec de moins bons résultats. « Les normes devraient être les mêmes pour mesurer comment bonnes sont [les femmes], [les avancées] ne devraient pas découler de la simple sympathie. À tout le moins, à ressources égalesxxvii. » Le féminisme, pour lui, est perçu comme inéquitable.

Dans son quotidien, Amit a été peu confronté à de la violence domestique ou aux injustices subtiles que les femmes indiennes vivent quotidiennement. Ses amies n'ont jamais vécu de mariage forcé, leurs parents les ont encouragées à avoir une éducation supérieure, et toutes occupent des emplois bien rémunérés. Dans sa vision des choses, Amit ne remarque que les avantages qu'ont les femmes. Ironiquement, ces avantages qu'il dénote sont ceux apportés par le féminisme. En tant qu'homme, la société indienne attend de lui qu'il assure et garde la sécurité de toutes les femmes de son entourage. Si l'une d'elles était agressée sexuellement ou pire encore, il avoue qu'il se sentirait personnellement responsable, et qu'il serait peut-être même blâmé de ne pas avoir protégé cette amie ou cette parente. Ainsi, quand une amie est en état d'ébriété ou sort jusque très tard la nuit, Amit sent un devoir de protection envers elle.

Au même rythme que le féminisme prend place en Inde, les femmes urbaines se voient coincées entre tradition et modernité, tout comme les hommes. Par exemple, de plus en plus de femmes urbaines scolarisées décident de partir à la recherche d'un partenaire romantique elles-mêmes. Toutefois, encore attachées aux traditions et aux volontés familiales, elles peuvent se voir poussées à choisir un partenaire en regard de son titre professionnel et de son salaire afin de plaire aux parents. Amit nous apprend que lorsqu'il s'agit des fréquentations, les Indiennes ne semblent s'intéresser qu'aux salaires que ses amis et lui-même gagnent. Une Indienne ayant très bien réussi socialement et professionnellement clame qu'elle ne voit pas de problème à demander le salaire mensuel d’un homme lors de la première rencontre. Le salaire est considéré comme un facteur important dans la conclusion d'un mariage arrangé.

Après une légère modification sémantique dans la conversation pour passer de « féminisme » à « égalité des genres », j'ai reçu un soutien sincère de la part de Amit. Ce qu'il voit comme un problème n'est pas l'idée que le féminisme aide les femmes à s'émanciper, mais il est confus quant à la nature de son rôle à partir de là. Il peut témoigner du fait que le rôle des femmes se modernise, mais il ne sent toutefois aucun changement par rapport au rôle des hommes comme pourvoyeur et protecteur. Ainsi, à ses yeux, la situation des femmes s'améliore, tandis que celle des hommes stagne.

Alors que Amit soulève un discours important, le rôle des hommes dans le féminisme, plusieurs de ses camarades femmes ne sont pas d’avis qu'elles auraient plus d'avantages que les hommes. Même au sein de la classe urbaine scolarisée, de nombreuses femmes sentent de la pression de leur belle-famille à abandonner leur travail pour s'occuper de la maisonnée et élever les enfants. Selon la tradition indienne, après le mariage, les femmes déménagent chez leur mari et ses parents. Toutefois, plusieurs femmes se plaignent qu'après leur mariage, elles perdent vie privée et liberté. Les membres de la famille du mari leur demandent de s'habiller et de manger différemment, et insistent même pour qu’elles démissionnent de leur travail. Ishita, 28 ans, du Rajasthan, a dit devant son mari : « J'étais libre avant de me marier. J'étais indépendante. Maintenant, ma belle-mère m'appelle constamment quand je ne suis pas à la maison. Et quand un homme vient nous rendre visite, je dois quitter la pièce ou encore changer mes vêtementsxxviii. » Selon un sondage effectué par le Hindustan Times, 64,1 % des femmes interrogées décident de vivre séparément de leur belle-famillexxix.

Grâce à la modernisation et à l'augmentation des salaires, la classe moyenne indienne peut aujourd’hui se permettre de vivre ailleurs que dans les maisons unifamiliales traditionnelles. Malgré tout, la majorité des familles vivent ensemble ou ne sont pas bien éloignées. Quand les jeunes professionnel·le·s vivent hors de la maison familiale, on les encourage souvent à aller vivre avec un·e membre de la famille . Les liens familiaux sont extrêmement forts en Inde. La notion d'indépendance, surtout pour les jeunes femmes, n'est pas une aspiration fièrement exprimée comme elle l’est dans plusieurs pays occidentaux.

 

Sexualité secrète

Les Indien·ne·s se délectent des romances bollywoodiennes. Même les petits villages projettent les films les plus populaires et les classiques afin que tout le monde puisse les voir. Certaines célébrités sont si reconnues que des entreprises établissent des congés pour permettre à leurs employé·e·s d'assister aux premières des nouveaux filmsxxx. Des sanctuaires ont été construits en l'honneur de l'étoile bollywoodienne Shah Rukh Khanxxxi. Au moment où des films plus marginaux et artistiques font leur entrée dans le sous-continent, aucun ne remplace le « Masala », genre filmographique mélangeant l'action, la comédie, la romance et le mélodrame, recette conçue pour plaire au grand public. Alors que les femmes fatales en robes de soirée et les hommes au cœur d'or crèvent l'écran, et alors que les chansons et les numéros de danse s'enchaînent, une seule et unique chose est laissée à l'imagination de l'auditoire : le sexe.

La sexualité est quelque chose qui n'existe qu'hors des écrans. Les films occidentaux sont censurés par le gouvernement et toute sexualité y est retirée, incluant le langage et les gestes suggestifs. Les diffusions publiques des films indiens, tel le populaire film Queen, peuvent exclure les scènes qui sous-entendent la sexualité alors que la version DVD du même film les inclura. Une personne avec qui j'ai discuté de Rang De Basanti plaisantait à moitié quand elle m'a dit que ce film avait choqué le public avec ses deux scènes de baiser, étant donné que la plupart des films indiens se limitent à une seule.

Bien que la censure gouvernementale n’empêche pas les jeunes Indien·ne·s d'avoir des relations sexuelles, cette politique donne un indice appréciable sur la façon dont la sexualité est abordée au pays. Presque chaque fois où j'ai amené le sujet de la sexualité dans mes discussions, on m'a répondu que « ce n'est pas un sujet dont on parle souvent ouvertement ». On a peur de la honte publique d’avoir pratiqué des activités sexuelles avant le mariage. Parler de sa sexualité publiquement (surtout pour une femme) est mal interprété au mieux, mais risque aussi d’amener de graves conséquences dans les pires des cas. Les femmes célibataires ayant « une réputation », qu'elle soit fondée ou non, risquent de faire face à de réelles difficultés pour se trouver un mari convenable dans le cas d’un mariage arrangé. Une mauvaise réputation peut amener les parents de la future partenaire à désapprouver l'union. Hypocritement, même certains jeunes hommes actifs sexuellement s'attendent encore à ce que leur future femme soit viergexxxii. Les propriétaires refusent même d'offrir le logement à une personne dont les activités sexuelles sont moralement proscrites. Certain·e·s propriétaires décident même de ne pas louer leurs appartements à une femme célibataire, remettant en question ses raisons de vivre seule. Plusieurs professionnelles vivent dans ce que l'on appelle des Pgs, les « paying guest house » [maisons d’hôtes payantes], des appartements hautement surveillés, en habitation privée ou en colocation, avec un couvre-feu à 21 heures ou 22 heures. La rigidité des règlements dépend des propriétairesxxxiii.

Il est aussi très rare que deux jeunes de sexes opposés non-marié·e·s cohabitent. Cependant, j'ai rencontré une femme célibataire qui habite actuellement avec deux de ses collègues masculins. Les propriétaires ont seulement vérifié auprès des parents de la femme avant de donner leur accord pour leur louer les lieux. Bien que ce cas soit exceptionnel, la situation n’a pas causé de problèmes pour la femme ni pour les propriétaires. La plupart des femmes, et même celles qui ont vécu un temps dans des pays occidentaux, m'ont laissé savoir que leur famille n’accepterait jamais de les laisser vivre avec un homme avant le mariage. Parmi les entrevues que j'ai tenues avec des femmes célibataires qui travaillent, la majorité affirment que leurs parents ne seraient pas enclins à ce qu'elles vivent seules.

Évidemment, cette attitude sévère ne signifie pas que les jeunes femmes indiennes n'ont pas une vie sexuelle active. Initier le dialogue sur les activités sexuelles des femmes que j'ai interrogées a été un autre défi. Dans les faits, même amener les hommes à partager leurs expériences sexuelles n'a pas été tâche facile. Alors que converser à propos des fréquentations et des relations prémaritales allait presque de soi, la plus grande confidence au sujet de la sexualité est sortie de ce subtile sous-entendu : « elle et il ont pris une chambre d'hôtel ». Cependant, si peu osaient parler ouvertement de leurs propres activités sexuelles, la majorité étaient enthousiastes à me partager celles de leurs ami·e·s, qu'il s'agisse de celles ou ceux n'ayant vécu aucune expérience sexuelle, de celles ayant eu plusieurs petits-amis ou ayant eu à prendre le contraceptif d'urgence, ou de personnes racontant avoir régulièrement des rapports sexuels.

Chelsea Johnson, une femme de 27 ans de Californie mais ayant vécu en Inde trois mois, a eu l'occasion de fréquenter un Indien. Elle me confie qu'en fin de compte, « des incompatibilités culturelles ont fait en sorte que la relation soit impossible. » Elle ressentait que sa valeur était pour lui en adéquation avec son historique sexuelxxxiv. Au contraire, Sarah McAdams, 26 ans, des États-Unis, n'a pas senti que son historique sexuel a causé de quelconque souci au sein de sa relation de plus d'un an avec un Indien : « On ne parle simplement jamais de mon ancienne vie sexuelle. Il ne sait pas combien de partenaires sexuels j'ai eu auparavant. Il sait bien que c'est plus que seulement lui. Je crois que ça le dérange un peu, mais il ne dit rien à ce propos. Il me respectexxxv. »

Particulièrement dans le cas des mariages arrangés, les couples attendent le mariage pour avoir leurs premiers rapports sexuels. Parce que la sexualité est taboue et aussi à cause des brèves périodes de séduction avant le mariage, avoir des relations sexuelles le jour nuptial n'est pas assuré. Malgré qu'ils se soient uni·e·s par amour, Ankit et sa femme n'ont pas eu de rapports sexuels avant quelques mois après leurs noces. Elle et il n'ont pas attendu que la société soit en accord avec leur phase de vie pour expérimenter leur sexualité, mais plutôt que chacun·e soit assez confortable avec l’autre pour le vivre.

Puisque tant de jeunes vivent avec des membres de leur famille ou dans des maisons d’hôtes payantes avec des couvre-feux stricts (pour les femmes; celles pour hommes n’ont généralement pas de couvre-feu), avoir un espace pour l'intimité peut être assez difficile. Les couples aisés financièrement choisiront de s'offrir une chambre d'hôtel quand l'occasion le permet. Par contre, certains hôtels ne loueront pas de chambre à des couples sans contrat de mariagexxxvi, sans compter que les chambres peuvent être dispendieuses. Les parcs et autres lieux publics peuvent servir de lieu d'exploration sexuelle pour plusieurs couples. Un blogue indien évalue et note même les meilleurs parcs de Delhi où il fait bon « s'amuser », accordant un « quotient de risque » de s'y faire prendre en mauvaise posturexxxvii. Par ironie, découlant du tabou social entretenu contre la sexualité, les couples sont poussés à se cacher derrière les arbres dans des parcs publics pour un moment d'intimité. Une promenade en soirée dans n'importe quel parc indien offre amplement à témoigner de jeunes couples occupés à se caresser et s’embrasser.

 

Mot de la fin

De retour en Occident, ces données recueillies apparaissent comme des images conflictuelles de ce qu'est la culture des fréquentations en Inde. Alors que certain·e·s assument par projection que la même culture qu'ici, ouverte et insouciante, prospère là-bas, d'autres sont incrédules quand on leur apprend que Tinder se popularise en Inde et que des couples découvrent leur sexualité dans les parcs derrière des arbres. L'image d'une villageoise indienne en sari, paniquée par la venue de son mariage arrangé, est souvent la seule qui se soit propagée vers l'Ouest. Mais les fréquentations, le mariage et la culture sexuelle en Inde demeurent profondément complexes. Dans cette nation d'extrêmes, les attitudes face aux unions romantiques ne sont pas sans passer sous le jugement social. Au moment où les jeunes du millénaire entrent dans un monde occidentalisé, leur vision des relations interpersonnelles évolue. Le mariage demeure une institution hautement valorisée et prise au sérieux, l'approbation familiale quant au choix des partenaires est toujours importante.

Au même moment, les femmes deviennent de plus en plus scolarisées et indépendantes financièrement. La femme indienne contemporaine n'a pas besoin d'être prise en charge. Elle ne ressent plus le besoin de passer de la maison paternelle à la maison de son mari. Elle peut jouir d'une liberté financière, et pendant ses années à l'université ou au travail, elle peut goûter au sentiment d'indépendance. Les Indiennes se marient plus tard qu'auparavant et choisissent plus souvent elles-mêmes leur partenaire, ou du moins, elles ont leur mot à dire dans le choix du partenaire proposé par leurs parents.

Comme il est coutume dans les cultures occidentales, les jeunes adultes de l'Inde profitent de leur vingtaine pour expérimenter différentes choses. L'explosion des technologies et des innovations a pour conséquence sociale d'amener les jeunes adultes à se concentrer davantage sur leur carrière, à créer des entreprises ou à poursuivre des études supérieures avancées. Elles et ils choisissent de reporter à un peu plus tard le mariage, le temps d’être mieux établi·e·s. C'est durant cette période qu'elles et ils expérimentent en fréquentant différentes personnes, soit par le biais d'applications telles Tinder ou simplement par l'entremise d'ami·e·s commun·e·s.

Bien que culturellement, la sexualité et les fréquentations prémaritales sont beaucoup plus conservatrices en Inde que dans des pays comme les États-Unis ou le Canada, leur popularité augmente, et ce, malgré des normes culturelles rigides, des tabous sexuels ou l'institution des mariages arrangés. Il faut nous rappeler, aussi, que lorsqu'il s'agit de sexualité, si peu osent ouvertement en parler, ça ne veut pas dire que ça n’a pas lieu.

 

*Tous les noms ont été modifiés dans le but de protéger l'identité des personnes interviewées.

CRÉDIT PHOTO : Solal Comics

i. Note de la traductrice : chaiwalla est composé du mot « chai », le thé, et du mot « wallai », qui signifie « personne ».  Le chaiwalla est donc un·e marchand·e de thé en Inde.

ii. Internet Live Stats, modifié le 1er juille 2016, « Internet Users in India », India Internet Users, InternetLiveStats.com. www.internetlivestats.com/internet-users/india/

iii. IndiaToday.in, 23 novembre 2014, « Complete Survey on How India Watches Porn », India Today, Noida. indiatoday.intoday.in/story/india-watches-porn-pornhub-data-sunny-leone/1/403404.html

iv. Daniel Van Boom, 25 mai 2016, « Tinder Breaking Down Barriers in India, One Swipe at a Time », Cnet, San Francisco. www.cnet.com/news/tinder-india/

v. Ibid.

vi. Statistic Brain, modifié le 3 janvier 2018, « Arranged/Forced Marriage Statistics », Statistic Brain, Statistic Brain Institute, Los Angeles. www.statisticbrain.com/arranged-marriage-statistics/

vii. Vidhi Doshi, 10 juillet 2016, « Date, Kiss, or Marry… How Tinder is Rewriting India’s Rules of Engagement », The Guardian, Londres. www.theguardian.com/world/2016/jul/09/india-love-revolution-dating-fun-a...

viii. Ivan Mehta, 14 février 2017, « Tinder India’s CEO on Their Sankaari Ad, Men Not Getting Enough Matches, and Stalkers », Huffpost. www.huffingtonpost.in/2017/02/14/tinder-indias-ceo-on-their-sanskaari-ad...

ix. Ibid.

x. Femme punjabie de 29 ans. Échange de courriels du 19 juin 2017.

xi. Homme du Rajasthan de 28 ans. Échange de courriels du 18 juillet 2017.

xii. Homme du Himachal Pradesh de 26 ans. Échange de courriels du 18 juillet 2017.

xiii. Heather Timmons et Hari Kumar, 2 juillet 2009, « Indian Court Overturns Gay Sex Ban », The New York Times, New York. www.nytimes.com/2009/07/03/world/asia/03india.html

xiv. Krishnadas Rajagopal, 2 février 2016, « Five-judge Constitution Bench to take a call on Section 377 », The Hindu, Chennai. www.thehindu.com/news/national/Five-judge-Constitution-Bench-to-take-a-c...

xv. Ibid.

xvi. FE Online, 21 février 2017, « Homosexual Attraction is OK; “NO” means no: Health Ministry rises above Indian stereotypes », The Financial Express, New Delhi. www.financialexpress.com/jobs/homosexual-attraction-is-ok-no-means-no-he...

xvii. Homme de 26 ans du Himachal Pradesh. Échange de courriels du 13 juin 2017.

xviii. Shireen J. Jejeebhoy et Shiva S. Halli, 2005, « Marriage Patterns in Rural India: Influence of Sociocultural Context », dans Cynthia B. Lloyd, Jere R. Behrman, Nelly P. Stromquist, et Barney Cohen (Eds.) Changing Transitions to Adulthood in Developing Countries: Selected Studies, The National Academics Press, Washington D.C. www.nap.edu/read/11524/chapter/7#190

xix. Rajendra K. Sharma, 2004, Demography and Population Problems, Atlantic Publishers & Dist, New Delhi, p.104.

xx. Homme du Rajasthan de 28 ans, dans une conversation avec l'autrice à Chandigarh, en Inde, en juillet 2016.

xxi. Sarah Bradley, 15 décembre 2010, « A First-Person Account of Living and Working in an Orphanage », Markkula Center for Applied Ethics, Santa Clara University, Santa Clara. www.scu.edu/ethics/focus-areas/more/resources/gender-and-culture-in-india/

xxii. Ministry of Women and Child Development, 26 juillet 2016, « Female Empowerment Schemes », Ministry of Women and Child Development, Government of India, New Delhi. www.wcd.nic.in/schemes-listing/2405

xxiii. Piyasree Dasgupta, 26 juillet 2016, « The Number of Working Women in India Has Been Steadily Falling », Huffpost India, Gurgaon. www.huffingtonpost.in/2016/07/26/the-number-of-working-women-in-india-ha...

xxiv. International Labour Organization, 13 février 2013, « Why is Women’s Labour Force Participation Dropping? », International Labour Organization, Genève. www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/comment-analysis/WCMS_204762/l...

xxv. Piyasree Dasgupta, loc. cit.

xxvi. Homme du Rajasthan de 28 ans, dans une conversation avec l'autrice, à Chandigarh, en Inde, en mai 2016.

xxvii. Homme du Rajasthan de 28 ans, propriétaire d’un commerce, dans une conversation avec l’autrice, à Chandigarh, en Inde, le 20 juillet 2017.

xxviii. Femme au foyer de 28 ans du Rajasthan, dans une conversation avec l'autrice, à Chandigarh, en Inde en janvier 2017.

xxix. Collin Rodrigues, 12 novembre 2015, « Tied in Knots: The Problem with Mother-in-Laws in India », HindustanTimes, New Delhi. www.hindustantimes.com/sex-and-relationships/tied-in-knots-the-problem-w...

xxx. BBC, 20 juillet 2016, « Kabali: India Office Holiday for Watching Rajinkanth Film », BBC News, Londres. www.bbc.com/news/world-asia-india-36842524

xxxi. Pawan Kumar, 2 novembre 2011, « Die-hard Fan Builds Shrine to Bollywood’s Khan », Reuter’s, Lucknow. uk.reuters.com/article/us-india-bollywood-khan-idUKTRE7A118920111102

xxxii. Jyoti Sharma Bawa, 3 septembre 2015, « 63% Want to Marry Virgins, but Majority Approve of Premarital Sex », Hindustan Times, New Delhi. www.hindustantimes.com/india/63-want-to-marry-virgins-but-majority-appro...

xxxiii. Vasudha Venugopal, 8 mars 2012, mis à jour le 7 juillet 2016, « City Cold to Single Women Living Alone », The Hindu, Noida. www.thehindu.com/news/cities/chennai/city-cold-to-single-women-living-al...

xxxiv. Femme américaine de 27 ans, dans un message à l'autrice en décembre 2016.

xxxv. Femme américaine de 26 ans, dans une conversation avec l'autrice en juin 2017.

xxxvi. Manu Balachandran, 10 avril 2016, « In Conservative India, a Startup is Helping Unmarried Couples Find a Room », Quartz India. qz.com/655949/in-conservative-india-a-startup-is-helping-unmarried-couples-find-a-room-and-taking-on-moral-policing/

xxxvii. Sushant Sharma, n.d., « 5 Best Parks in Delhi for Couples to Romance », Insight India: A Travel Guide to India, insightsindia.blogspot.com.co/2013/07/best-parks-delhi-couples-romance.html

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