Science indolore, science douloureuse : le balado allemand Das Coronavirus-Update et ses leçons pour la communication scientifique

Société
Science indolore, science douloureuse : le balado allemand Das Coronavirus-Update et ses leçons pour la communication scientifique
Analyses
| par Rosanna Schropp |

Ce texte est extrait du recueil Anguilles sous roche: les théories du complot à l'ère du coronavirus. Pour acheter le livre, visitez votre librairie, ou notre boutique en ligne!

Un événement de rupture comme la pandémie de COVID-19 déclenche souvent une crise épistémologique qui remet en question ce que l’on sait, offrant ainsi un terrain fertile pour des mythes conspirationnistes[1]. En même temps, le journalisme et la science collaborent de plus en plus afin de satisfaire la soif de savoir des citoyen·ne·s qui souhaitent être davantage éclairé·e·s sur l’état des choses. Le balado allemand Das Coronavirus-Update, dont les entretiens profonds entre un virologue et une journaliste scientifique enthousiasment des millions de personnes depuis février 2020, en est un exemple réussi. Cet article explore les leçons de ce balado — qui se distingue par un style radicalement différent de celui qui domine traditionnellement dans les médias — pour la communication scientifique dans une société de plus en plus polarisée et noyée d’informations.

« Il y a une vraie lacune », se dit Christian Drosten, directeur de l’Institut de virologie de l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin, en suivant les nouvelles sur le virus qui commence à se propager à travers la planète en début 2020[2]. Spécialiste des coronavirus et spécifiquement du SRAS-CoV-1 dont il est codécouvreur, il n’est pas d’accord avec les propos qu’il voit dans les médias[3]. « Si personne ne dit quelque chose maintenant, ça peut aller dans la mauvaise direction », résume-t-il pour décrire ses préoccupations presque un an après le début de la pandémie de COVID-19 dans un entretien accordé au programme radiophonique Deutschlandfunk[4].  

À Hambourg, à peine 300 kilomètres plus à l’ouest, le rédacteur en chef du laboratoire d’idées Think Radio de la chaîne radio locale NDR, Norbert Grundei, se demande comment la population pourra avoir le même état de connaissance à propos du nouveau virus que les femmes et hommes politiques[5]. Dans ses recherches, il découvre Christian Drosten, qui fait partie d’une poignée de personnes en Allemagne et à l’international qui disposent d’une expertise rare dans le domaine. M. Grundei lui envoie un courriel, abordant l’idée d’une mise à jour quotidienne d’environ cinq minutes. La réponse de Drosten est immédiate : « J’aime l’idée. Lundi, on peut commencer », se souvient Grundei dans une émission spéciale de NDR[6].

En 24 heures, la rédaction de la radio monte le balado appelé tout simplement Das Coronavirus-Update[7]. Pendant le premier épisode diffusé le 26 février 2020, la journaliste scientifique Korinna Hennig (qui sera assistée par Anja Martini à partir du 2 mars 2020 et par Beke Schulmann à partir du 9 février 2021) interroge Christian Drosten sur les évolutions récentes : les nouveaux cas en Italie et en Iran, l’infectiosité des enfants, les dangers pour les femmes enceintes et la comparaison inadéquate avec la grippe saisonnière.

À l’époque, les connaissances changent tous les jours, elles sont ajustées, révisées, voire rejetées. Le discours est caractérisé par une « incertitude épistémique »[8]. Dès la première émission, Das Coronavirus-Update dépasse largement les cinq minutes initialement prévues. Depuis le début en février 2020, entre trente minutes et deux heures par épisode sont consacrées aux développements les plus récents quant à la recherche sur le coronavirus, aux questions toujours ouvertes et aux incertitudes, mais aussi à la vie quotidienne des scientifiques et au fonctionnement de la science. La qualité novatrice de ce format ? La profondeur, la méticulosité, la durée des entretiens entre un scientifique et une journaliste scientifique. Les réponses longues et détaillées, parfois monotones, et l’absence de tout élément ludique ou divertissant ne nuisent pas à la popularité du balado. Au contraire : le succès ne tarde pas. Dans les premières semaines, plus de 16 000 courriels entrent dans la boîte de réception de NDR, avec des questions sur le coronavirus, mais aussi des remerciements pour le temps consacré à la thématique et sa complexité[9]. « Merci pour le fil conducteur en ces temps difficiles ! » écrit quelqu’un sur YouTube. En novembre 2020, Das Coronavirus-Update compte 75 millions de clics au total dans 50 à 60 pays différents[10]. Ce succès fulgurant est très probablement le résultat de la combinaison élégante de plusieurs éléments : les personnes impliquées, leurs interactions bien huilées, le média et le format choisi, le contenu, la fréquence, la structure, un peu de chance et, enfin, l’impulsion du moment.

 

Sous les projecteurs, exposé à la vedettisation

Pendant que les adeptes du balado se sentent de plus en plus rassuré·e·s grâce aux informations détaillées, les opposant∙e∙s des décisions politiques manifestent dans les rues. L’un des regroupements conspirationnistes qui est né de la résistance contre les mesures sanitaires en Allemagne est celui de ceux qui s’appellent les Querdenker (libres penseurs en français), un creuset pour des croyances et milieux sociaux très différents : retraité·e·s et familles, groupes antivaccins, partisan∙e∙s de QAnon et de l’ésotérisme, mais aussi groupes d’extrême droite, néonazi∙e∙s et Reichsbürger (citoyen·ne·s du Reich, qui refusent l’ordre politique de la République fédérale et se croient encore dans le Reich allemand des XIXe et XXe siècles) se révoltent côte à côte.

Pour toutes ces personnes, Christian Drosten est une proie facile. À cause de son rôle de conseiller du gouvernement allemand au début de la pandémie, ils le tiennent désormais pour responsable des mesures et remettent en question son titre de docteur. À Munich, une affiche montre Christian Drosten à côté du médecin nazi Josef Mengele ; des comparaisons avec le régime national-socialiste ne sont pas rares dans ce contexte. Après avoir reçu un déferlement de courriels haineux et de lettres menaçantes, Christian Drosten a même songé à un retrait de la scène publique, après seulement un mois de balado[11].

Pour les adeptes des mythes conspirationnistes, le fait qu’un seul expert ait le privilège de communiquer son savoir au public confirme d’une certaine manière leur conviction que les élites détiennent un pouvoir néfaste. Ainsi, elles et ils interprètent les contradictions, incertitudes et ambiguïtés inhérentes à la science que communique Christian Drosten comme de l’information trompeuse[12]. Ce qui accompagne l’aversion pour l’ambiguïté de la science est la méfiance vis-à-vis des médias traditionnels, appelés Lügenpresse (presse menteuse) par les mouvements conspirationnistes en Allemagne. Plusieurs études montrent qu’il y a en effet un lien entre l’adhésion à une théorie conspirationniste et les habitudes de la consommation médiatique[13]. En réalité, le rejet des discours scientifique et médiatique s’explique plutôt par un sentiment d’exclusion des processus sous-jacents et d’impuissance par rapport aux actions politiques qui en découlent[14]. Pourtant, le rôle politique de Christian Drosten est surestimé, car la science n’engendre pas d’actions politiques tant que les résultats de la recherche ne quittent pas le monde académique[15]. Dans un épisode de Das Coronavirus-Update en mars 2020, le virologue souligne : « Il y a une chose que la science ne peut et ne doit pas faire, c’est que la science n’a pas de mandat démocratique. Un scientifique n’est pas un politicien, il n’a pas été élu et il n’a pas à quitter ses fonctions[16]. »  

Pendant la pandémie de COVID-19, plusieurs pays semblent avoir leur virologue en chef qui se présente au public, souvent à côté des femmes et hommes politiques. En Allemagne, ce sont même plusieurs expert·e·s qui ont suivi Christian Drosten sur la scène médiatique, ce qu’il a d’ailleurs beaucoup apprécié[17]. Cependant, la popularité croissante des virologues et des épidémiologues que le New York Times appelle « les nouvelles vedettes émergeant à travers l’Europe » s’accompagne souvent d’une forte personnification[18]. Pour Christian Drosten, cela équivaut à la création d’une figure artificielle qui n’a rien en commun avec la personne derrière[19].

Les médias, tant nationaux qu’internationaux, contribuent en grande partie — consciemment ou inconsciemment — à la « vedettisation » des scientifiques pendant la pandémie de COVID-19. À l’étranger, les médias nomment Christian Drosten « la voix de la raison », la « voix de la pandémie en Allemagne[20] » ou le « bouc émissaire des conspirationnistes[21] ». En Allemagne, le journal Die Zeit demande en mars 2020 : « Est-ce notre nouveau chancelier ? » Le magazine Der Spiegel met M. Drosten sur sa page titre en mai 2020 et consacre 10 pages à un portrait du virologue[22]. Un autre exemple révélateur est la campagne de diffamation du quotidien allemand Bild qui titre en mai 2020 qu’une étude menée par le chercheur était « grossièrement erronée »[23]. Il lui donne une heure pour réagir aux reproches. Christian Drosten refuse. Il en est fâché, mais peu impressionné. « Pour me discréditer en tant que scientifique, d’autres scientifiques devraient croire ce que la Bild publie », explique-t-il dans une entrevue avec Der Spiegel [24].

Cette chaîne d’événements montre que la communication scientifique est toujours un exercice d’équilibriste. Face à ce défi, qu’est-ce que Das Coronavirus-Update peut apprendre aux chercheur·se·s et aux journalistes scientifiques au Québec qui souhaitent faire face aux mythes conspirationnistes ?  

 

La douleur intérieure de la vulgarisation scientifique

La science et la vulgarisation de cette dernière préoccupent les médias depuis environ deux siècles[25]. Au Québec, c’est notamment l’émission populaire La Science en pantoufles qui marque, dans les années 1950, la naissance de la communication scientifique dans les médias de masse. Aujourd’hui, autant l’Allemagne que le Québec disposent d’un large répertoire de formats médiatiques consacrés à la science — une évolution qui coïncide avec l’intérêt croissant pour la communication scientifique pendant les trente dernières années[26]. Tous ces formats ont principalement deux objectifs : vulgariser les connaissances scientifiques sur un sujet en particulier (le quoi) et expliquer ce que cela signifie pour la vie quotidienne des citoyen·ne·s (le alors quoi)[27].

Malgré ce développement bien prometteur, la relation entre la communication scientifique et les adhérent∙e∙s aux mythes conspirationnistes — nous l’avons vu — reste complexe. Par conséquent, il est improbable que la communication scientifique puisse éliminer les mythes conspirationnistes. Au contraire, un discours visant à rectifier ces convictions peut être perçu comme une forme d’endoctrinement ou comme une campagne de rééducation, ainsi même renforçant et légitimant les croyances conspirationnistes. De même, encourager les gens à développer leur esprit critique n’est guère suffisant pour les sensibiliser aux informations déformées — le fameux « recherchez-le vous-même » fait partie intégrante de ces mouvements[28]. La polarisation sociale est encore moins atténuée lorsque l’on adopte une attitude arrogante en reprochant aux profanes d’être victimes d’une « épistémologie estropiée » : un manque de connaissances approfondies et valides[29].

Ce que la communication scientifique peut faire, par contre, c’est prévenir la propagation des mythes conspirationnistes en protégeant les personnes qui vivent une forte incertitude psychologique en raison de la crise épistémique actuelle. Ces individus craintifs et indécis sont à la recherche d’informations crédibles et sont donc réceptifs aux explications détaillées et complexes. Mais, de l’autre côté, ils sont suffisamment vulnérables pour pouvoir être séduits par des mythes conspirationnistes. Rassurer cette partie de la population par une communication scientifique bien conçue pourrait contribuer à la stabilisation des conditions sociales que les crises épistémiques ont tant bouleversées. Un mécanisme prometteur qui en résulte et qui a été soulevé par Christian Drosten lui-même : ces personnes peuvent avoir une fonction de multiplicateur dans leur entourage en partageant leurs apprentissages avec leurs proches[30].

La recherche étudie depuis plusieurs années les dynamiques complexes qui séduisent les gens à croire aux mythes conspirationnistes. Ainsi, différents biais cognitifs permettent d’expliquer pourquoi certains individus adoptent des croyances qui sont peu alignées au consensus scientifique ou le rejettent carrément. Un de ces biais est particulièrement pertinent pour la communication scientifique : le prétendu Easiness Effect (effet de simplicité), un phénomène qui se produit lorsqu’une forme de vulgarisation scientifique trop simple conduit une personne profane à avoir trop de confiance en son propre jugement et à sous-estimer sa dépendance des spécialistes en la matière[31]. Autrement dit, de la compréhensibilité ne résulte pas automatiquement de la compréhension[32]. Avec son niveau de complexité exceptionnellement élevé, Das Coronavirus-Update rompt avec l’effet de simplicité et ainsi avec toute une « logique médiatique » : il est rare que l’on trouve des formats de longue durée sur une thématique exceptionnellement complexe dans les médias de masse[33]. Au début, Christian Drosten et Korinna Hennig se parlent tous les jours ; à ce stade, le coronavirus et la pandémie de COVID-19 sont les sujets principaux dans les nouvelles quotidiennes. Depuis juin 2020, la fréquence a été réduite à un rythme hebdomadaire, et depuis la pause de l’été 2020, Christian Drosten est en alternance avec Sandra Ciesek, directrice de la virologie médicale à l’Hôpital universitaire de Francfort. Quand l’urgence de la situation l’oblige, le balado peut facilement durer deux heures : par exemple, l’épisode du 8 décembre 2020 sur le deuxième confinement total, alors imminent en Allemagne, et celui du 5 janvier 2021 sur les variants du virus.

Das Coronavirus-Update bouleverse également la mission ultime de la vulgarisation scientifique qui est d’offrir de la « science sans douleur » : dans tous les épisodes, M. Drosten a tendance à défier constamment et consciemment son auditoire[34]. Par exemple, il n’évite pas de termes techniques, de liens complexes, ou de détails chimiques, biologiques, mathématiques et statistiques. Dans une entrevue à la télévision le 30 janvier 2020, avant le début du balado, le virologue exprime clairement son point de vue par rapport au niveau intellectuel du discours scientifique au public (parlant du calcul du taux de mortalité) :

Nous sommes, après tout, une société éclairée et je pense que le [ou la] citoyen[·ne] ordinaire a le droit d’apprendre par un[·e] scientifique les informations de base et pas seulement des propos simplifiés. Et le calcul qui est fait ici est quelque chose dont les citoyen[·ne·]s ont le droit de prendre bonne note[35].

Sa critique des médias de masse dans cette entrevue est nette. Faisant allusion aux animaux porteurs du virus, il déclare lors d’une conférence de presse à Berlin en novembre 2020 : « À la fin, tout ce qu’il reste dans le journal du soir, c’est la mignonne chauve-souris plutôt que mes énoncés soigneusement choisis[36]. » Christian Drosten admet que la communication scientifique produit toujours une « douleur intérieure » pour les scientifiques[37]. « Toute forme de communication scientifique au public est une simplification de la science. », affirme-t-il dans la même conférence de presse [38]. Afin d’éviter le plus possible toute sorte de simplification, M. Drosten a consciemment décidé de s’attacher à long terme au format de NDR dont la longueur ne permet pas de déformer ses propos[39]. Pour la même raison, le virologue est très prudent avec ses explications et « communique les frontières de son propre savoir[40] ». Par exemple, il signale parfois son manque d’expertise dans des domaines voisins tels que la vaccinologie — une remarque qui semble plus que modeste de la bouche d’un virologue tant expérimenté.

 

« Il n’y a pas de trop long »

Et en effet, le niveau intellectuellement exigeant du balado porte fruit. « Il y a un auditoire qui y est très bien instruit, qui se perfectionne en virologie. [Son] niveau monte, et donc je dois me préparer davantage », explique Christian Drosten dans un entretien accordé à Deutschlandfunk[41]. Contrairement aux craintes de NDR que le balado ne suscite pas l’intérêt des gens, l’auditoire apprécie la stimulation intellectuelle. « Il n’y a pas de trop long », « Ne pas abréger, s’il vous plaît ! », peut-on lire dans les commentaires sur YouTube. Selon la journaliste Korinna Hennig, 80 % des personnes écoutent le balado jusqu’à la fin[42]. Cette préférence des gens pour un format long et un contenu complexe — dont elles et ils ne comprennent peut-être pas tous les détails — par rapport à un format court qui augmente le risque de simplifier et de déformer la réalité était une découverte pour les journalistes de NDR[43]. Bien qu’il soit difficile de trouver des informations détaillées sur l’auditoire, celui-ci semble très diversifié, notamment en matière de tranches d’âge : les auditeurs et auditrices ont environ entre 11 et 80 ans, selon Korinna Hennig[44]. Les commentaires sur YouTube donnent d’autres indices sur leurs profils, réfutant la supposition que ce sont uniquement des universitaires qui écoutent le balado : travailleurs et travailleuses, femmes au foyer, professeur·e·s d’école, retraité·e·s, employé·e·s de la santé publique — pour donner seulement quelques exemples — composent l’auditoire de Das Coronavirus-Update.

Et si la journée ou la semaine ne produisait pas de percée scientifique dont l’auditoire devrait prendre connaissance ? Le duo du scientifique et de la journaliste prend alors le temps d’aller en profondeur dans des sujets spécifiques, de discuter des articles scientifiques pertinents, d’expliquer le fond virologique d’enjeux majeurs. L’absence totale d’alarmisme, combinée avec beaucoup de « Sachlichkeit » (allemand pour objectivité, neutralité), distingue Das Coronavirus-Update des formats médiatiques visant avant tout à augmenter l’attention du public. Afin de ne pas faire la une des journaux, l’animatrice souligne que le titre de chaque émission est choisi avec beaucoup de soin[45]. Des réactions dans les commentaires de YouTube telles que : « Merci ! Enfin des connaissances et non des gros titres », laissent entendre une certaine sursaturation de la population par rapport à la couverture médiatique dramatisante sur la pandémie.

La collaboration bien rodée entre Korinna Hennig et Christian Drosten où l’un alimente l’autre est d’autant plus surprenante qu’elle et il ne se sont jamais vu∙e∙s en personne en raison des mesures sanitaires en place[46]. Plus encore, elle et il ne se voient même pas pendant leurs entretiens. Le format qui ne leur permet pas de communiquer visuellement a un avantage caché : la situation les force à renoncer à toute interruption inutile. Bien que M. Drosten remonte souvent loin dans le temps afin de créer une assise solide pour son argumentation, sa coanimatrice le laisse habituellement toujours terminer son idée. De plus, seules les pauses de réflexion et les répétitions sont coupées au montage, avant la diffusion, selon Korinna Hennig[47]. Ainsi, le risque de propager des citations abrégées qui déforment le sens des vrais propos est réduit au minimum.

 

L’art de créer des forces centripètes

D’une certaine manière, Das Coronavirus-Update a donné un nouvel élan à la communication scientifique contemporaine. D’autres scientifiques et journalistes pourraient reprendre cet élan et le traduire en une réelle force centripète entre la science, les médias et la société.  

Dans ce contexte, il semble primordial d’établir un lien de confiance ainsi qu’un dialogue en amont avec les citoyen·ne·s déstabilisé·e·s. Un échange plus étroit pourrait en effet générer des éclaircissements sur leurs craintes par rapport à la science, et mitiger leur scepticisme face à la science, les médias et les personnalités politiques, qui constitueraient un cercle d’élite protégeant ses propres intérêts. Quelles thématiques les intéressent ? Quelles sont leurs préoccupations principales et d’où viennent-elles ? Quelles informations recherchent-elles et ils ? À titre d’exemple, NDR a créé une véritable boîte à outils pour son auditoire, comme réponse aux réactions positives exorbitantes. Les transcriptions de toutes les émissions, une liste avec les études citées par les virologues et les journalistes, un résumé des questions les plus posées ainsi qu’un glossaire expliquant les termes techniques — de récepteurs d’ACE2 à zoonose — sont désormais disponibles sur le site.

Du côté des scientifiques, la communication scientifique s’avère moins ludique ; elle est avant tout un enjeu institutionnel. Ceci dit, la communauté de chercheur·se·s nécessite du soutien de leurs institutions, par exemple sous forme d’incitatifs concrets, pour pouvoir s’impliquer dans la communication scientifique[48]. Présentement, l’engagement public peut potentiellement nuire à la carrière des scientifiques. Ainsi, Christian Drosten souligne qu’il aura des inconvénients sur le plan d’allocation des fonds de recherche futurs pour principalement deux raisons[49]. Premièrement, la présence dans les médias exige beaucoup d’engagement, diminuant le temps qui peut être consacré à la recherche. Deuxièmement, l’aspect de simplification de la communication scientifique est perçu « comme une gifle » par certain·e·s collègues scientifiques, explique Christian Drosten lors de la conférence de presse à Berlin, ce qui a un impact sur son estime professionnelle auprès de ces personnes[50]. Étant donné que l’évaluation des propositions de recherche par les pairs ne peut jamais être entièrement détachée de la réputation de la personne, il craint que son travail de vulgarisation puisse l’influencer de manière négative[51].

Toutefois, les voix qui préconisent l’intégration obligatoire de la communication scientifique dans l’enseignement universitaire, surtout au niveau postdoctoral, se font de plus en plus entendre[52]. Les jeunes chercheur·se·s ne savent souvent pas de quelle manière elles et ils devraient communiquer leurs connaissances. « En aucun cas de la même façon qu’un[·e] journaliste ! », précise Christian Drosten. « Le [ou la] journaliste travaille sur un sujet afin de pouvoir en parler. Le [ou la] scientifique parle de quelque chose, car on lui a demandé de le faire[53]. » À l’heure actuelle, la pratique de la communication scientifique est dispersée à travers tout le cursus ; elle est « partout et nulle part ; c’est la tâche de [toutes et] tous, mais la responsabilité de personne[54] ». Le Québec a une longueur d’avance à cet égard : plusieurs universités offrent déjà des programmes courts ou des spécialisations en communication scientifique.

En revanche, la communication scientifique de qualité du côté du journalisme est principalement un enjeu de nature financière. Afin de contourner cette contrainte, quelques journalistes à travers le monde proposent de créer des fondations spécifiquement destinées aux expérimentations avec de nouveaux concepts ou des bourses pour pouvoir réaliser des reportages coûteux[55]. Une autre approche est proposée par Christian Drosten lui-même dans une entrevue télévisée : « Il devrait y avoir un modèle de financement qui permette de payer spécifiquement pour ce type de reportage », parlant des formats de communication scientifique[56]. Ceux-ci ne sont pas limités aux genres journalistiques classiques comme les émissions de télévision. Das Coronavirus-Update montre que des formats novateurs tels que le balado peuvent tout à fait convenir pour communiquer des connaissances scientifiques au grand public. Plus encore, ces nouveaux formats sont même fortement prometteurs, car une grande partie de la population s’y informe même en temps de crise[57]. De plus, les formats traditionnels comme les chroniques ne pourraient pas offrir le même niveau de profondeur, voire rivaliser avec les autres formats en termes de temps et de ressources investies[58]. La popularité d’autres émissions scientifiques confirme la tendance qu’il y a une préférence croissante pour des formats longs sur les canaux d’information numériques comme YouTube[59].

À ce propos, il faut souligner que NDR fait partie des établissements allemands de radiodiffusion de droit public. Il est donc financé par les citoyen·ne·s sous forme de redevances radiophoniques (17,50 € par mois en 2021) qui sont imposées à toute la population allemande, même aux ménages qui ne possèdent pas d’appareil récepteur audiovisuel. La chaîne radio n’est donc pas soumise aux mêmes pressions financières qu’un média privé, et ne fonctionne pas selon les mêmes logiques. Contrairement aux sociétés privées, les médias qui reçoivent du soutien financier public ont la mission impérative de garantir une couverture médiatique aussi neutre et complète que possible (même si ce principe n’est pas toujours respecté), ce qui réduit — au moins partiellement — l’accent sur les gros titres et les formats courts et divertissants. En raison de leur mandat public et sociétal ainsi que du budget souvent généreux qui leur est alloué à cette fin, les médias publics, dont ceux au Québec, pourraient avoir une responsabilité particulière dans la production et la diffusion de la communication scientifique.

 

Se mettre d’accord sur la plus petite vérité partagée

Mis à part le défi du financement, la communication scientifique bouleverse les pratiques journalistiques traditionnelles. Ainsi, les journalistes devront apprendre à résister à l’instinct professionnel de répondre au consensus scientifique avec la présentation d’une position opposée. Cette « adhésion à l’équilibre » peut déboucher sur une couverture médiatique biaisée exposant des désaccords parmi la communauté scientifique qui, en réalité, n’existent pas (la campagne de la Bild en est un exemple)[60]. Par conséquent, les journalistes ont la responsabilité de sélectionner stratégiquement les spécialistes auxquel∙le∙s elles et ils donnent la parole[61]. Le critère de sélection ne devrait pas être l’originalité du point de vue de l’expert·e, mais son potentiel de représenter l’état actuel du consensus scientifique. Attirer l’attention du public davantage sur ce consensus que sur le CV de l’expert·e pourrait aider à mitiger la vedettisation des scientifiques et aurait pu réduire la personnification de Christian Drosten dans les médias allemands et internationaux. S’ajoute à cela un défi de nature plutôt idéologique et culturelle. Avant que d’autres formats similaires à Das Coronavirus-Update puissent s’établir dans le paysage médiatique, les journalistes devraient s’opposer à la prévalence des formats courts et à la course aux clics. Un changement de culture et de mentalité est d’autant plus important pour convaincre celles et ceux qui prennent les décisions dans les salles de rédaction de se montrer ouvert·e·s à ces nouvelles formes de communication.

Pour bien saisir le consensus scientifique, les journalistes requièrent une expertise dans l’analyse de données et de statistiques, ainsi que dans l’évaluation des prépublications scientifiques, afin de distinguer les vraies contributions des études peu concluantes ou erronées[62]. Poser des questions critiques ne suffit pas ; les journalistes doivent s’approprier un véritable bagage scientifique pour pouvoir être « analystes et commentateur[∙rice∙]s privilégié[∙e∙]s » de la science[63]. Ainsi, le ton équilibré et serein des entrevues dans Das Coronavirus-Update est non seulement le résultat de la vulgarisation exacte et neutre de Christian Drosten, mais surtout de l’instruction profonde de la journaliste Korinna Hennig dans la matière. Afin d’être bien préparée et de pouvoir improviser, creuser des sujets et poser des questions ciblées à Christian Drosten, elle s’est plongée dans l’univers des publications scientifiques et a lu un tas d’études tous les jours. En résulte une relation bidirectionnelle et d’égal à égale entre un scientifique et une journaliste, avec un écart le plus minime possible sur le plan des connaissances techniques. En effet, la création de liens plus durables entre scientifiques et journalistes réputé·e·s pourrait être un point de départ favorable pour tout format de communication scientifique[64].

Finalement, afin de rapprocher science, médias et société autour du consensus scientifique, il peut d’abord suffire de définir ce que la chimiste et journaliste scientifique allemande Mai Thi Nguyen-Kim appelle « la plus petite vérité partagée[65] ». En se mettant d’accord sur un état de connaissances commun minimal, un débat public équilibré et sain sur les choses — même sur la science — semble plus à portée de main.

Et qu’en est-il de l’avenir de Das Coronavirus-Update ? En février 2021, Korinna Hennig confirme que le balado continuera tant qu’il y aura des thématiques qui méritent d’être explorées, comme la vaccination[66]. Et ensuite ? Malgré tout leur succès, les souhaits des deux protagonistes restent très modestes. Tandis que Korinna Hennig est déjà en train de planifier d’autres émissions scientifiques avec son équipe, Christian Drosten a hâte de retourner à son travail quotidien. « Je souhaite que les gens m’oublient. Que dans quelques années, les journaux écrivent : que fait Christian Drosten ? », dit-il dans une entrevue avec le journal Zeit Online[67]

CRÉDIT PHOTO: Tim Reckman/Flickr

[1] Volker Stollorz, « Herausforderungen für den Journalismus über Wissenschaft in der Coronapandemie – erste Beobachtungen zu einem Weltereignis », Bundesgesundheitsblatt, Vol. 64, 2021 : 70-76. doi.org/10.1007/s00103-020-03257-x.

[2] Toutes les citations en allemand ont été traduites par l’autrice. Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Musik und Fragen zur Person vom 06.12.2020 (Ultra Cut #9) », diffusé par Deutschlandfunk, 6 décembre 2020. www.youtube.com/watch?v=0JzI_qZjybw.

[3] Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Virus und Medien - Aufmerksamkeitsökonomie in Krisenzeiten (13.11.2020) », Bundespressekonferenz, 13 novembre 2020. www.youtube.com/watch?v=wJuOvZeuZSk.

[4] Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Musik und Fragen zur Person vom 06.12.2020 (Ultra Cut #9) », diffusé par Deutschlandfunk, 6 décembre 2020. www.youtube.com/watch?v=0JzI_qZjybw.

[5] NDR Info, propos recueillis dans « Behind the Scenes - Talk mit dem Podcast-Team », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 1 avril 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/Behind-the-Scenes-Talk-mit-dem-Podcast-Team,....

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Volker Stollorz, « Herausforderungen für den Journalismus über Wissenschaft in der Coronapandemie – erste Beobachtungen zu einem Weltereignis », Bundesgesundheitsblatt, vol. 64, 2021 : 70-76. doi.org/10.1007/s00103-020-03257-x.

[9] NDR Info, propos recueillis dans « Behind the Scenes - Talk mit dem Podcast-Team », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 1 avril 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/Behind-the-Scenes-Talk-mit-dem-Podcast-Team,....

[10] Korinna Hennig, propos recueillis dans « Digitale Nacht der Medien 2020 », diffusé par Allgemeiner Hamburger Presseclub, 11 novembre 2020. www.youtube.com/watch?v=Kj94-f2Et20; NDR Info, propos recueillis dans « Behind the Scenes - Talk mit dem Podcast-Team », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 1 avril 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/Behind-the-Scenes-Talk-mit-dem-Podcast-Team,....

[11] Christian Drosten, propos recueillis dans « (24) Wir müssen weiter geduldig sein », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 30 mars 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/24-Wir-muessen-weiter-geduldig-sein,audio660....

[12] Ernst Andreas Hartmann, Tobias Jetzke, Peggy Kelterborn, Dennis Mandwurf, Doreen Richter, Sandra Rohner, Henry Schweigel, Julian Stubbe, Carolin Thiem, Jan Wessels, Guido Zinke, Verschwörungstheorien und Wissenschaftsfeindlichkeit, Institut für Innovation und Technik, 2020. www.iit-berlin.de/de/publikationen/verschwoerungstheorien-und-wissenscha....

[13] Jochen Roose, Sie sind überall. Eine repräsentative Umfrage zu Verschwörungstheorien, Konrad Adenauer Stiftung, 2020. www.kas.de/documents/252038/7995358/Eine+repr%C3%A4sentative+Umfrage+zu+....

[14] Ernst Andreas Hartmann, Tobias Jetzke, Peggy Kelterborn, Dennis Mandwurf, Doreen Richter, Sandra Rohner, Henry Schweigel, Julian Stubbe, Carolin Thiem, Jan Wessels, Guido Zinke, Verschwörungstheorien und Wissenschaftsfeindlichkeit, Institut für Innovation und Technik, 2020. www.iit-berlin.de/de/publikationen/verschwoerungstheorien-und-wissenscha....

[15] Markus Feldenkirchen, Jan Friedmann, Johann Grolle, Marc Hujer, Martin Knobbe, Dirk Kurbjuweit, « Der Sündendoc », DER SPIEGEL, 30 mai 2020, 8-13.

[16] Christian Drosten, propos recueillis dans « (24) Wir müssen weiter geduldig sein », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 30 mars 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/24-Wir-muessen-weiter-geduldig-sein,audio660....

[17] Christian Drosten, propos recueillis dans « (50) Das Virus kommt wieder », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 23 juin 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/50-Das-Virus-kommt-wieder,audio702258.html.

[18] Matina Stevis-Gridneff, “The Rising Heroes of the Coronavirus Era? Nations’ Top Scientists”, The New York Times, 5 avril 2020. www.nytimes.com/2020/04/05/world/europe/scientists-coronavirus-heroes.ht....

[19] NDR Info, propos recueillis dans « Behind the Scenes - Ein Jahr Coronavirus-Update », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 26 février 2021. www.ndr.de/nachrichten/info/Behind-the-Scenes-1-Jahr-Coronavirus-Update,....

[20] Kai Kupferschmidt, “How the pandemic made this virologist an unlikely cult figure”, Science, 28 avril 2020. www.sciencemag.org/news/2020/04/how-pandemic-made-virologist-unlikely-cu....

[21] « Le virologue devenu bouc émissaire des conspirationnistes », TVA Nouvelles, 29 mai 2020. www.tvanouvelles.ca/2020/05/29/le-virologue-devenu-bouc-emissaire-des-co... Baudouin Jurdant, « Vulgarisation scientifique et idéologie », Communications, vol. 14, 1969 : 150-161. doi.org/10.3406/comm.1969.1203; Marie Lambert-Chan, « COVID-19 : les scientifiques deviendront-ils des boucs émissaires ? », Québec Science, 9 juillet 2020. www.quebecscience.qc.ca/edito/covid-19-scientifiques-boucs-emissaires/.

[22] Mariam Lau, « Ist das unser neuer Kanzler? », ZEIT ONLINE, 18 mars 2020. www.zeit.de/2020/13/coronavirus-wissenschaft-auswirkung-auf-politik-viro... Markus Feldenkirchen, Jan Friedmann, Johann Grolle, Marc Hujer, Martin Knobbe, Dirk Kurbjuweit, « Der Sündendoc », DER SPIEGEL, 30 mai 2020, 8-13.

[23] « Fragewürdige Methoden - Drosten-Studie über ansteckende Kinder grob falsch », Bild, 25 mai 2020. www.bild.de/politik/inland/politik-inland/fragwuerdige-methoden-drosten-....

[24] « Ohne uns Wissenschaftler hätten wir bis zu 100 000 Tote mehr », DER SPIEGEL, 30 mai 2020, 14-17.

[25] Martin W. Bauer, “Public Attention to Science 1820–2010—A ‘Longue Durée’ Picture”, dans The Sciences’ Media Connection—Public Communication and its Repercussions (pp. 35–58), sous la direction de Simone Rödder, Martina Franzen, Peter Weingart, Dordrecht: Springer, 2012.

[26] Ibid.

[27] Mai Thi Nguyen-Kim, « Virologen-Vergleich », maiLab, 2020. www.youtube.com/watch?v=u439pm8uYSk.

[28] Barbara Fister, “Lizard People in the Library”, Project Information Literacy Provocation Series, 3 février 2020. projectinfolit.org/pubs/provocation-series/essays/lizard-people-in-the-library.html.

[29] Cass R. Sunstein, Adrian Vermeule, “Conspiracy Theories: Causes and Cures”, The Journal of Political Philosophy, vol. 17, no 2, 2009: 202–227. doi: 10.1111/j.1467-9760.2008.00325.x.

[30] Christian Drosten, propos recueillis dans « Christian Drosten: "Kontraproduktive Fragen" », ZAPP, diffusé par NDR, 18 mars 2020. www.ardmediathek.de/ard/video/zapp/christian-drosten-kontraproduktive-fr....

[31] Lisa Scharrer, Yvonne Rupieper, Marc Stadtler, Rainer Bromme, “When science becomes too easy: Science popularization inclines laypeople to underrate their dependence on experts”, Public Understanding of Science, vol. 26, no 8, 2017: 1003–1018. doi.org/10.1177/0963662516680311.

[32] Volker Stollorz, « Herausforderungen für den Journalismus über Wissenschaft in der Coronapandemie – erste Beobachtungen zu einem Weltereignis », Bundesgesundheitsblatt, vol. 64, 2021 : 70-76. doi.org/10.1007/s00103-020-03257-x.

[33] Stephan Detjen, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Virus und Medien - Aufmerksamkeitsökonomie in Krisenzeiten (13.11.2020) », Bundespressekonferenz, 13 novembre 2020. www.youtube.com/watch?v=wJuOvZeuZSk.

[34] Baudouin Jurdant, « Vulgarisation scientifique et idéologie », Communications, vol. 14, 1969 : 150-161. doi.org/10.3406/comm.1969.1203; NDR Info, propos recueillis dans « Behind the Scenes - Talk mit dem Podcast-Team », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 1 avril 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/Behind-the-Scenes-Talk-mit-dem-Podcast-Team,....

[35] Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Coronavirus-Experte im Interview vom 30.01.2020 | Talk aus Berlin », diffusé par RBB, 30 janvier 2020. www.youtube.com/watch?v=Z3Zth7KYVHY.

[36] Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Virus und Medien - Aufmerksamkeitsökonomie in Krisenzeiten (13.11.2020) », Bundespressekonferenz, 13 novembre 2020. www.youtube.com/watch?v=wJuOvZeuZSk.

[37] Ibid.

[38] Ibid.

[39] Ibid.

[40] « Communicator-Preis 2020 geht an Robert Arlinghaus – einmaliger Sonderpreis für Christian Drosten », Pressemitteilung Nr. 11, Deutsche Forschungsgemeinschaft, 20 avril 2020. www.dfg.de/service/presse/pressemitteilungen/2020/pressemitteilung_nr_11....

[41] Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Musik und Fragen zur Person vom 06.12.2020 (Ultra Cut #9) », diffusé par Deutschlandfunk, 6 décembre 2020. www.youtube.com/watch?v=0JzI_qZjybw.

[42] Korinna Hennig, propos recueillis dans « Korinna Hennig und Melanie Gath über Wissenschaftler im Fokus der Öffentlichkeit », Medientage München, 14 mai 2020. www.youtube.com/watch?v=smF5k8pG7I8.

[43] NDR Info, propos recueillis dans « Behind the Scenes II - Talk mit dem Podcast-Team », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 21 mai 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/Behind-the-Scenes-II-Talk-mit-dem-Podcast-Te....

[44] Korinna Hennig, propos recueillis dans « (41) Der Tanz mit dem Tiger », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 14 mai 2020. www.ndr.de/nachrichten/info/Podcast-Coronavirus-Update-Drosten-Der-Tanz-....

[45] Martina Franzen, « Medienkonflikte der Wissenschaft: Zur Wissenschaftskommunikation in Zeiten von Corona (Teil 1) », Blog der Deutschen Gesellschaft für Soziologie, 5 avril 2020. blog.soziologie.de/2020/04/medienkonflikte-der-wissenschaft-zur-wissenschaftskommunikation-in-zeiten-von-corona-teil-1/.

[46] Korinna Hennig, propos recueillis dans « Korinna Hennig und Melanie Gath über Wissenschaftler im Fokus der Öffentlichkeit », Medientage München, 14 mai 2020. www.youtube.com/watch?v=smF5k8pG7I8.

[47] Korinna Hennig, propos recueillis dans « re:publica im digitalen Exil – Deep Dive: Ein Blick hinter die Kulissen des erfolgreichsten... », diffusé par re:publica, 2 juin 2020. www.youtube.com/watch?v=sGP5jf02Tuw.

[48] Georg Schütte, Wolfgang Rohe, Caroline Schmutte, « Steht den Wissenschaftlern bei! », ZEIT ONLINE, 2 décembre 2020. www.zeit.de/2020/50/shitstorms-wissenschaftler-public-shaming-beistand-i....

[49] Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Virus und Medien - Aufmerksamkeitsökonomie in Krisenzeiten (13.11.2020) », Bundespressekonferenz, 13 novembre 2020. www.youtube.com/watch?v=wJuOvZeuZSk.

[50] Ibid.

[51] Ibid.

[52] Georg Schütte, Wolfgang Rohe, Caroline Schmutte, « Steht den Wissenschaftlern bei! », ZEIT ONLINE, 2 décembre 2020. www.zeit.de/2020/50/shitstorms-wissenschaftler-public-shaming-beistand-i....

[53] Christian Drosten, propos recueillis dans « Prof. Dr. Christian Drosten : Virus und Medien - Aufmerksamkeitsökonomie in Krisenzeiten (13.11.2020) », Bundespressekonferenz, 13 novembre 2020. www.youtube.com/watch?v=wJuOvZeuZSk.

[54] Barbara Fister, “Lizard People in the Library”, Project Information Literacy Provocation Series, 3 février 2020. projectinfolit.org/pubs/provocation-series/essays/lizard-people-in-the-library.html.

[55] Jan-Martin Wiarda, « Persönliche Stellungnahme », dans Zusammenstellung der Stellungnahmen der geladenen Sachverständigen (pp. 1-61), Deutscher Bundestag, 25 mars 2020; Pascal Lapointe, « Sortir le journalisme scientifique de la précarité », Relations, no 800, janvier-février 2019 : 20-21. cjf.qc.ca/revue-relations/publication/article/sortir-le-journalisme-scientifique-de-la-precarite/.

[56] Christian Drosten, propos recueillis dans « Christian Drosten: "Kontraproduktive Fragen" », ZAPP, diffusé par NDR, 18 mars 2020. www.ardmediathek.de/ard/video/zapp/christian-drosten-kontraproduktive-fr....

[57] Volker Stollorz, « Herausforderungen für den Journalismus über Wissenschaft in der Coronapandemie – erste Beobachtungen zu einem Weltereignis », Bundesgesundheitsblatt, vol. 64, 2021 : 70-76. doi.org/10.1007/s00103-020-03257-x.

[58] Korinna Hennig, propos recueillis dans « Korinna Hennig und Melanie Gath über Wissenschaftler im Fokus der Öffentlichkeit », Medientage München, 14 mai 2020. www.youtube.com/watch?v=smF5k8pG7I8.

[59] Melanie Gath, propos recueillis dans « Korinna Hennig und Melanie Gath über Wissenschaftler im Fokus der Öffentlichkeit », Medientage München, 14 mai 2020. www.youtube.com/watch?v=smF5k8pG7I8.

[60] Maxwell T. Boykoff, Jules M. Boykoff, “Balance as bias: global warming and the US prestige press”, Global Environmental Change, vol. 14, 2004: 125–136. doi:10.1016/j.gloenvcha.2003.10.001.

[61] Volker Stollorz, « Herausforderungen für den Journalismus über Wissenschaft in der Coronapandemie – erste Beobachtungen zu einem Weltereignis », Bundesgesundheitsblatt, vol. 64, 2021 : 70-76. doi.org/10.1007/s00103-020-03257-x.

[62] Ibid.

[63] Gervais Mbarga, « À quoi sert le journalisme scientifique ? », Revue de l’Université de Moncton, vol. 40, no 2, 2009 : 161-180. doi.org/10.7202/1001393ar.

[64] Hennig Hopf, Alain Krief, Goverdhan Mehta, Stephen A. Matlin, “Fake science and the knowledge crisis: ignorance can be fatal”, Royal Society Open Science, vol. 6, 2019: 1–7. dx.doi.org/10.1098/rsos.190161.

[65] Mai-Thi Nguyen-Kim, propos recueillis dans « Die kleinste gemeinsame Wahrheit », Argon Hörbuch, 2021.

[66] NDR Info, propos recueillis dans « Behind the Scenes - Ein Jahr Coronavirus-Update », Das Coronavirus-Update, diffusé par NDR, 26 février 2021. www.ndr.de/nachrichten/info/Behind-the-Scenes-1-Jahr-Coronavirus-Update,....

[67] Florian Schumann, Jakob Simmank, « Wir haben es selbst in der Hand », ZEIT ONLINE, 6 octobre 2020. www.zeit.de/wissen/2020-10/christian-drosten-corona-massnahmen-neuinfekt....

 

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