Les universités en région : un impact sur plusieurs fronts

crédit photo : flickr/Camille Stromboni
Québec
Société
Les universités en région : un impact sur plusieurs fronts
Analyses
| par Fabrice Samedy |

Ce ne sont pas toutes les villes qui offrent la possibilité d’avoir une université située à proximité du centre-ville, ou dans sa région. Cependant, lorsqu’une ville en dehors des grandes métropoles se dote d’un établissement d’éducation supérieure, il semblerait que ce coin de pays subira un impact important. 

 

D’un point de vue économique, l’implantation d’une université dans une ville éloignée des grands centres, comme Montréal ou Québec, peut rapporter un montant non négligeable de revenus dans les coffres de la ville et des entreprises locales. Si l’on se fie aux données de la Chambre de commerce et d’industrie de Sherbrooke, les retombées locales engendrées par l’université et les dépenses de ses étudiant.e.s seraient estimées à 855,3 millions de dollars en 2019. 

 

De ce chiffre, 704,5 millions de dollars provenaient des activités économiques de l’université elle-même, mais ce montant est complété par les 150,8 millions de dollars dépensés par les étudiant.e.s.[i]

 

De plus, le fait d’avoir une institution qui forme la génération de demain dans plusieurs domaines représente un atout important pour les entreprises de la région. À Sherbrooke, ce sont en effet plusieurs dizaines de milliers d’étudiant·e·s qui fréquentent les huit facultés de l’université, ce qui représente autant de candidat·e·s potentiels pour les compagnies locales qui chercheraient à recruter dans les prochaines années. 

 

Il y a maintenant cinq ans, l’UdeS a fondé le groupe de partenariat d’affaire, qui a pour but d’aider les entreprises à trouver le chercheur idéal ou la chercheuse idéale, afin d’obtenir le financement nécessaire pour relever les défis en innovation. Depuis la création de ce programme jusqu’en 2019, ce sont 850 entreprises qui ont eu recours à l’expertise de l’université.[ii]

 

Jusqu’à présent, l’exemple de l’université de Sherbrooke a permis de démontrer que le fait d’avoir une université dans sa ville engendre un impact considérable sur l’économie de la ville, mais celui-ci ne se limite pas uniquement à des avantages économiques. Les universités en région ont aussi un très grand impact sur l’innovation, alors qu’elles favorisent l’épanouissement de projets. 

 

Une créatrice d’innovation 

 

Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières, affirme qu’une université comme l’UQTR a aussi un impact au niveau du développement régional et de l’innovation, en plus de produire un impact sur l’économie d’une région située en dehors des grands centres. Par exemple, il se souvient avec joie du moment ou un de ses collègues a aidé une étudiante à trouver une façon de réutiliser le sable qui est répandu sur le sol pendant les mois de gel. Dans des cas comme celui-là, les impacts positifs se font ressentir parmi tous les joueurs impliqués : « Pour la ville, ça ne coûte [presque] rien, c’est le travail d’étude d’un étudiant qui est crédité ; pour le professeur, ça permet de mieux comprendre son domaine de recherche et pour la ville, c’est une belle contribution », dit-il en entrevue avec l’Esprit libre.[iii]   

 

La recherche dans les universités peut avoir un impact sur la vie quotidienne d’une région ou d’une localité, mais aussi sur la province dans son ensemble. Des inventions comme une batterie au lithium solide capable de fonctionner à température ambiante, ont été développé à l’université de Sherbrooke et ont le potentiel de faciliter la vie d’une grande quantité [KK1] de personnes en-dehors des murs d’une institution consacrée à l’enseignement supérieur.[iv]

 

Diffusion du savoir 

 

Si la vocation première d’une université est d’éduquer et de former les générations futures dans leur domaine, ces établissements ont aussi des impacts sur l’accès à de l’information de qualité de la part de la population. Les études des chaires de recherche associées avec des universités comme la Chaire Claire-Bonenfant et l’Université Laval sont fréquemment citées dans les médias. Avec la diffusion de ces rapports ou de ces études dans les médias, la diffusion du savoir s’effectue à grande échelle et l’absence du travail universitaire constituerait un obstacle important dans la quête du savoir. 

 

Cependant, dans certains cas, le choix de poursuivre ses études dans une autre région représente une expérience plus que positive, qui peut même s’avérer nécessaire pour parfaire son parcours académique. 

Ce fut le cas de William Subranni, qui a décidé de joindre les rangs de l’Université Bishop.  

 

 

Le pouvoir de la communauté 

 

William est un ancien étudiant en comptabilité et un joueur de football qui a décidé de suivre un programme à l’Université Bishop de janvier 2017 à mai 2021. L’ancien joueur des Gaiters de Bishop a décidé de s’inscrire dans cet établissement d’études supérieures, car il voulait avoir l’opportunité de continuer sa carrière d’athlète en même temps qu’il complèterait le programme qu’il avait à cœur de suivre. 

 

Cet athlète récemment diplômé a trouvé son passage à l’Université Bishop fantastique : « La communauté était très serrée, je rencontrais des gens que je connaissais lorsque j’allais à l’épicerie ou lorsque j’allais m’entraîner, ce qui rendait le tout agréable puisque je ne connaissais personne quand je suis arrivé » révèle-t-il dans un entretien pour l’Esprit libre. 

 

Comme à la maison 

 

M. William Subranni ne s’est pas senti déstabilisé pendant la transition qui l’a amené à quitter son domicile familial pour suivre des études à l’université. Dans son cas, ce passage s’est fait plus facilement que s’il avait dû quitter sa région natale à la faveur d’une grande métropole. Il a effectivement trouvé plusieurs bienfaits à la vie dans une plus petite ville, comme le fait de ne pas avoir à se soucier du trafic routier, ni de la difficulté à laquelle il se serait heurté à trouver du stationnement dans une ville comme Montréal. 

 

L’athlète a aussi beaucoup apprécié la proximité qu’il avait avec d’autres étudiant·e·s, car c’est ainsi qu’il a trouvé de la motivation nécessaire pour accomplir ses tâches : 

 

« Le fait d’habiter près [de tout le monde] et de partager les mêmes buts que les personnes que je côtoyais rendait [le] tout plus intense, puisque nous nous motivions toujours à dépasser nos limites personnelles, autant comme athlète que comme étudiant » - William Subranni   

 

                                                                                                                                                  

Le fait de vivre dans un coin de pays plus reculé a aussi eu des effets sur les activités de William en dehors de l’école, car la proximité dont il bénéficiait avec les autres étudiant.e.s rendait ses fins de semaine plus agréables, parce que des activités et des fêtes avaient souvent lieu un peu partout sur le campus. 

 

Finalement, l’éducation a été différente à l’Université Bishop qu’elle ne l’aurait été dans une université plus grande, car les cohortes d’étudiant·e·s étaient plus restreintes. Selon son expérience, les classes de William comptaient environ une trentaine d’étudiant·e·s, ce qui rendait l’expérience d’enseignement plus personnelle. Les professeur·e·s connaissaient les noms de tous leurs étudiant·e·s, et ils ou elles étaient toujours accessibles pour discuter.[v]

 

Au final, les universités régionales ont des impacts économiques considérables, car elles permettent une circulation importante de capitaux au sein des communautés locales. Il y a ensuite la chance de puiser dans l’expertise de la communauté universitaire à prendre en considération. Dans le même ordre d’idées, la communauté universitaire permet de favoriser l’innovation en faisant venir des chercheur·euse·s compétent·e·s dans la ville qui héberge l’établissement d’études supérieures qui a embauché ces travailleur·euse·s qualifié·e·s, en plus de faire circuler le savoir académique à l’extérieur des murs de l’institution avec la publication régulière d’études auxquelles le grand public a accès à travers les médias. 

 

                                                                                                                                                  

Ces retombées positives se font aussi ressentir au sein de la communauté étudiante, comme cela a été avec le cas de William, si l’on tient compte du plaisir qu’il a ressenti pendant ses études, où il a eu la possibilité de consolider ses deux passions au sein d’un même environnement, dans une ambiance bon enfant qui lui a rappelé son chez-soi. 

 

crédit photo : flickr/Camille Stromboni

 

 

 

 

 

 

[i] Chambre de commerce et industrie de Sherbrooke, Impact économique de l’Université de Sherbrooke (consulté le 21 aout 2021).

[ii] Louise Bourgault, propos recueillis par Fabrice Samedy le 20 aout 2021.

[iii] Frédéric Laurin, propos recueillis par Fabrice Samedy le 20 aout 2021

[iv] Radio-Canada, « Une batterie au lithium solide développée à l’Université de Sherbrooke », Radio-Canada,18 aout 2021. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1817442/pile-voitures-electriques-recherche-universitaire

[v] William Subranni, propos recueillis par Fabrice Samedy le 22 aout 2021.


 [KK1]Suggestion : « d’un grand nombre de personnes »

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