Le harcèlement sexuel dans les bars et snack-bars de Libreville

Société
Le harcèlement sexuel dans les bars et snack-bars de Libreville
Opinions
| par Anonyme |

Un texte de Judith Rachel RENAMY ZIZA SOUGOU

Cet article est tiré des communications présentées au colloque international sur Genre et Sexualités de juillet 2019 à Libreville, dont certaines ont été publiés dans l'ouvrage collectif Genre et sexualités. Réflexion à partir du colloque de Libreville au Gabon, publié aux Éditions L'Esprit libre.

Pour le Bureau international du travail (BIT), le harcèlement sexuel se définit comme « toute conduite non désirée de nature sexuelle, sur un lieu de travail ou en relation avec le travail, qui fait qu’une personne protégée se sent humiliée, intimidée, pénalisée ou offensée »[1]. Selon Véronique Ducret, ce phénomène peut prendre plusieurs formes qui se manifestent par : des actes verbaux (sifflements, invitations importunes, plaisanteries, commentaires ou allusions sexuelles…), des actes non verbaux (exhibition d’affiches ou objets à caractère explicitement sexuel, gestes obscènes…) et des actes physiques (contacts physiques non désirés, frôlements délibérés, attouchements ostentatoires de ses propres organes génitaux, contraintes sexuelles…)[2]. D’après Inter Stats Analyser pour agir, ces actes physiques recouvrent entre autres le « pelotage » des seins ou des fesses, le « frottage » ou encore les baisers forcés[3].

Même si, comme l’indique la dernière définition, les femmes sont le plus largement concernées par le harcèlement sexuel, ce phénomène touche également des hommes[4]. Comme les femmes, ils subissent aussi des paroles ou des gestes qui constituent du harcèlement sexuel.

Si plusieurs études documentées ont été réalisées sur le harcèlement, au Gabon, il existe très peu de recherches sur cette question. Cependant, les médias publics en ont souvent fait état. Par exemple, un article paru dans le journal local Médias241[5] en octobre 2020 avait pour titre « UOB : un enseignant sanctionné pour harcèlement sexuel ». Même si l’article ne donne pas des précisions des actes reprochés à cet enseignant, il n’en demeure pas moins qu’on parle de « harcèlement sexuel » pour décrire le comportement répréhensible. D’après Steve Jordan, « au Gabon, le harcèlement des étudiants passe par les « moyennes sexuellement transmissibles »[6]. Pour cet auteur, de l’université au lycée, les professeurs utiliseraient les notes comme moyens de pression pour s’attirer des faveurs des élèves. Ces situations médiatiques montrent que le phénomène de harcèlement sexuel demeure une réalité même si aucune étude scientifique ne semble le confirmer. La gent féminine gabonaise serait en proie à ces diverses formes de harcèlement. Or, comment se manifeste le harcèlement sexuel en milieu professionnel, principalement dans les bars et snack-bars?

 

Harcèlement sexuel en milieu professionnel

L’absence de données sur le harcèlement sexuel au Gabon montre, à notre avis, que ce phénomène reste encore tabou. Il n’y a que récemment qu’un cadre juridique a été pourvu sur cette question. La Loi n°10/2016 portant sur la lutte contre le harcèlement en milieu professionnel, adoptée le 5 septembre 2016, définit le harcèlement sexuel en son Article 2, alinéa 3 comme « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée des propos ou des comportements à connotation sexuelle qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante, d’user de toute forme de pression dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte ou des faveurs de nature sexuelle, que ceci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers »[7]. La même loi précise en ses articles 3 à 5 que l’auteur ou l’autrice de harcèlement « encourt des sanctions pénales prévues par les textes en vigueur auxquelles peuvent s’ajouter des sanctions disciplinaires »[8]. La loi gabonaise reconnaît également le droit d’assistance des victimes de harcèlement sexuel et inscrit cet acte comme une infraction occasionnant une peine d’emprisonnement de 6 mois au plus et une amende de 2 000 000 francs CFA (l’équivalent de 4354,65 $ canadiens)[9]. Malgré cette prise en compte au plan juridique, on continue à remarquer une omerta sur le harcèlement sexuel au Gabon.

L’environnement de travail est un lieu de sociabilité, qui comme le soutient Jean-Emery Etoughé-Efé[10], se rapporte d’une part à « une position et à une situation », d’autre part, à « la relation entre les individus ». Autrement dit, il existerait des contextes professionnels particuliers et des relations professionnelles qui pourraient induire certains types de comportements, le harcèlement sexuel. Les bars et snack-bars mettent en jeu trois types de personnages aux intérêts divergents : l’employeur ou l’employeuse qui a pour but de faire du profit; les serveuses qui sont là pour servir en échange d’un salaire ou d’un pourboire; les client·e·s, surtout des hommes, qui viennent consommer des boissons, faire de nouvelles rencontres et qui cherchent parfois à satisfaire quelque désir de nature sexuelle. Myriam Ariey-Jouglard note que ces lieux de divertissement « représentent un puissant pôle d’attraction pour les hommes »[11]. Certains de ces hommes qui fréquentent ces lieux de divertissements pensent qu’ils peuvent disposer du corps des serveuses comme bon leur semble. Autrement dit, ils sont convaincus que ces serveuses sont là pour satisfaire à leurs besoins sexuels en plus de les servir.

Ces espaces de distraction pullulent à Libreville. En effet, les dernières données disponibles auprès de la Direction des recettes de l’hôtel de ville de Libreville, datant de 2013, indiquent 157 bars répertoriés officiellement. De plus, certains bars de Libreville ont donné leurs noms à des quartiers qui sont même devenus célèbres : « Taro bar », « Ntchinazizo », « Kossovo » (dans le 4ème Arrondissement), « Couloir de la mort » (dans le 5ème Arrondissement), « Camp de boy » (dans le 1er Arrondissement); ce qui tend à encourager les échanges et les rencontres. La situation est identique dans les autres villes du Gabon. De jour comme de nuit, des hommes et des femmes de tous âges se retrouvent dans ces espaces, autour d’une ou plusieurs bouteilles d’alcool, pour discuter de divers sujets. Ce type de discussion est désigné localement par le terme Kongossa (ou un échange de commérage, de ragot, de rumeur, etc.). C’est dans ces espaces de loisirs où « le consommateur se libère ou se relâche »[12] et où l’on retrouve d’anciens et anciennes collègues. Si à une certaine période, ces lieux ne connaissaient une grande affluence que les week-ends, cette situation est progressivement en train de changer. Du lundi au dimanche, l’affluence est quasi permanente. On y trouve généralement des femmes et jeunes filles qui exercent le travail de gérante ou serveuse. « Le choix des femmes est lié à leur capacité d’attirer les clients masculins qui forment une clientèle régulière. Il permet aussi de garantir des recettes confortables qui s’accompagnent des pourboires donnés à la serveuse »[13], ce qui semble favoriser le harcèlement sexuel.

Cependant, bien que les bars comme les snack-bars vendent de la boisson de tous genres, on note tout de même une distinction dans la qualité des services offerts. Dans les bars, on propose aux client∙e·s une salle non climatisée, des chaises en plastique, de la bière fraîche à petit prix et de la restauration où on y propose plus souvent des mets de types grillades. On y diffuse de la musique à grands décibels et des séries de matchs sur écran géant en plein air, pour attirer plus de client∙e·s. Les serveuses de ces bars travaillent ainsi dans un milieu bruyant. A contrario, dans les snack-bars, on offre des prestations plus larges et diversifiées : boisson, fauteuils confortables, isolation sonore, coins « fumeurs » et « non-fumeurs », musique douce et piste de danse, des composantes plus intimistes (ou espaces VIP) avec une décoration interne plus étudiée (climatisation, lumière tamisée, boule à facette multicolore, par exemple). Cet accueil soigné fait oublier les prix exorbitants qui y sont pratiqués. Dans les deux cas, les adeptes de ces milieux n’hésitent pas à dépenser suffisamment lors des retrouvailles entre amis pour consommer de l’alcool et se saouler afin de se sentir gais et heureux.

 

Appréhender le harcèlement dans les bars et snack-bars 

Nous avons retenu une stratégie d’approche quantitative et qualitative.

Le recueil des données quantitatives a été effectué par le biais d’un questionnaire soumis à 36 serveuses. Elles ont été enquêtées sur différents bars et snack-bars de Libreville et choisis de façon raisonnée. Chaque participante volontaire était amenée à répondre de façon anonyme. Compte tenu de la sensibilisé du sujet et du caractère tabou, le questionnaire a été administré sur une période de 2 mois, allant de mars à avril 2020. Il comportait 2 volets. Le premier visait à recueillir les caractéristiques sociodémographiques : âge, lieu de travail, niveau d’étude, situation matrimoniale, nombre d’enfants à charge. Le deuxième avait pour but de recueillir des renseignements sur le fait qu’elles ont été victimes de harcèlement sexuel ou pas. Ce volet permettait également d’appréhender sur les différentes formes de harcèlement sexuel ainsi que les « causes » à l’origine de ce phénomène. In fine, l’enquête quantitative nous a permis d’interpréter et dégager des inférences sur le harcèlement sexuel des serveuses.

Pour ce qui est de l’approche qualitative, des entretiens semi-directifs ont été menés discrètement sur le lieu de travail de 10 serveuses volontaires (6 des snack-bars et 4 des bars) âgées de 23 à 41 ans. Afin de préserver leur anonymat, les noms des bars et snack-bars où elles travaillent n’ont pas été publiés. Précisons que toutes exercent ce métier depuis plus d’un an et qu’elles font également partie de celles qui ont répondu au questionnaire. Les données recueillies ont fait l’objet d’une analyse de contenu.

 

Caractéristiques des serveuses

S’agissant des caractéristiques des serveuses, on note que 66,66 % (24) ont entre 20 et 34 ans, 27,78 % (10) ont entre 34 et 46 ans et 5,56 % (2) ont 46 ans et plus. Quant à leur niveau d’étude : 33,33 % (12) des serveuses disent s’être arrêtées au collège; 22,22 % (8) au lycée; 19,45 % (7) ont un niveau universitaire; une seule serveuse (2,78 %) dit avoir un niveau primaire et 22,22 % (8) se sont abstenues de renseigner leur niveau d’étude.

En dehors de l’âge et du niveau d’étude, ces dernières nous ont également révélé leur situation matrimoniale et le nombre d’enfants dont elles ont la charge au domicile. Parmi elles, 66,67 % (24) sont célibataires, 30,56 % (11) vivent en concubinage et seule une (2,78 %) précise être mariée. Elles sont 66,67 % (24 %) à avoir au moins un enfant à charge et 33,33 % disent ne pas en avoir (12) .

Sur les 36 serveuses rencontrées dans ces lieux de loisirs, 77,78 % (28) travaillent dans les bars et 22,22 % (8) dans les snack-bars.

 

Confrontation aux situations de harcèlement sexuel dans les bars et snack-bars

Comme précédemment annoncé, tout au long de cette analyse, les données qualitatives viendront étayer les données quantitatives. Cela va consister à voir si les serveuses sont effectivement victimes de harcèlement sexuel, de quels types, et quelles en sont les causes.

  • Victimes ou non de harcèlement sexuel

Le graphique 1 met en exergue le pourcentage des serveuses confrontées ou non au harcèlement sexuel dans les bars et snack-bars de Libreville. En effet, les résultats montrent que 31 % (11) des serveuses disent ne pas subir de harcèlement sexuel dans leur milieu de travail contre 69 % (25) qui affirment être victimes.

D’ailleurs, les propos de certaines d’entre-elles le démontrent. C’est le cas : de Marina, 26 ans : « […] vous êtes jolie, vous me plaisez, vous me donnez envie […] ces phrases, je les entends tout le temps quand je suis de service […] »; d’Olga, âgée de 41 ans qui dit : « j’ai déjà vécu le harcèlement sexuel. Le client m’avait proposé de coucher avec lui […] »; de Graséla, 24 ans qui déclare avoir aussi été : « victime de harcèlement sexuel […] le client est venu me dire à l’oreille que tu me plais bien, j’ai envie de toi, j’ai envie de faire avec toi » et de Priscilla, âgée de 28 ans qui révèle son harcèlement en ces termes : « pourquoi tu ne veux pas me donner ce que je veux […] ton sexe […] ».

L’analyse de contenu de ces discours montre que les serveuses des bars et snack-bars sont bel et bien confrontées au harcèlement sexuel de la part de quelques-uns de leurs clients. Toutefois, même si l’étude, parut le 10 août 2021, à laquelle nous renvoie Demeure aborde cette problématique dans le cadre de la restauration, nous constatons tout de même que nos résultats vont dans le même sens lorsqu’il fait remarquer qu’« en mars 2021, un rapport de l’Université de Californie à Berkeley (États-Unis) révélait que plus de 70 % des employées de restaurants américains ont subi un harcèlement sexuel […] »[14]. De plus, à la question de savoir quelle est la fréquence de ce harcèlement, 38,89 % (14) des serveuses de notre enquête ont affirmé que cela se passe presque tous les soirs.

Et, comme le souligne Timothy Kundro « […] la recherche, mais aussi les médias ont pratiquement toujours focalisé leur attention sur le harcèlement entre les membres d’une même entreprise. On ne relate en revanche jamais le harcèlement subi par les employés de la part de personnes extérieures telles que des clients »[15]. Sur ce, quelles sont les formes de harcèlement subies par les serveuses et quelles sont les causes?

  • Différentes formes de harcèlement sexuel subies

Le graphique 2 présente les formes de harcèlement sexuel subies par les serveuses. Il ressort de celui-ci que : 44 % des serveuses disent avoir subi à la fois des avances sexuelles (ou actes verbaux) et des attouchements non désirés (ou actes physiques); 17 % disent avoir été confrontées uniquement à des avances sexuelles (ou actes verbaux); 8 % ont été victimes d’attouchements (ou actes physiques). Les 31 % de non-réponse (cf. graphique 1) sont celles qui ne se sont pas prononcés parce qu’elles affirment ne pas être victimes de harcèlement sexuel.

En effet, concernant les 44 % (16) des serveuses victimes à la fois d’harcèlement verbal et physique, voici ce que révèlent quelques-unes d’elles. Olga, âgée de 41 ans déclare ce qui suit « il m’a demandé si je ne voulais pas sortir avec lui […] il m’a touché les seins et les fesses […] » et Annick, âgée de 26 ans atteste que : « le client m’a tapoté les fesses en disant :] Hé chérie, tu as un bon cul qui m’excite! […] ».

En revanche, Graséla, Priscilla et Chancia font parties des 17 % (6) qui disent subir uniquement le harcèlement verbal à caractère sexuel. Selon Graséla, 24 ans : « dès ma deuxième semaine de travail, j’ai été confrontée au harcèlement sexuel […] le client est venu me dire à l’oreille que tu me plais bien, j’ai envie de toi, j’ai envie de faire avec toi ». Priscilla, 28 ans, fustige le comportement des clients en disant : « […] sans gêne, il m’a dit je veux te baiser ». Quant à Chancia, 29 ans, elle annonce son harcèlement à travers les termes suivants « […] pourquoi tu fais les malins avec tes fesses, il faut me les donner […] je veux ton sexe […] » font parties des 17 % (6) qui disent subir uniquement des actes verbaux.

Seules 8 % (3) des serveuses se sentent concernées par le harcèlement physique. C’est le cas, par exemple, de Marie, âgée de 31 ans qui dit : « il touchait tout le temps mes parties intimes […] les fesses et les seins […] Ce sont des choses qu’on ne peut pas refuser aux clients fidèles qui consomment pour plus de 100 000 francs CFA (217,73 $ canadien) en une soirée ». Selon Marie, ces attouchements physiques qu’elles subissent de certains habitués et grands consommateurs sont « acceptés » malgré elles, parce que ce sont les « exigences de la patronne qui a les yeux fixés sur chaque serveuse ». Une autre de dire : « Ils sont nombreux à nous toucher […] même au sexe en disant : je veux ça » (Pauline, 28 ans).

Nous pouvons donc constater ici que les serveuses gabonaises sont victimes d’harcèlement sexuel exercé sous la forme d’actes verbaux et physiques. Or, nous n’avons pas relevé d’actes non verbaux tels que décrit précédemment par le BIT. En revanche, les propos des serveuses montrent l’impact de l’objectivation sexuelle, c’est-à-dire la tendance à les considérer ou à les traiter comme des objets sexuels. C’est ce que traduisent les résultats de l’analyse des verbatim de certaines serveuses. Elle a permis de repérer la récurrence de plusieurs thèmes (parties intimes, toucher au sexe, seins, fesses, attouchements) qui ressortent des propos de la clientèle masculine. Ainsi le corps des serveuses, les parties de leur corps ou leurs fonctions sexuelles sont pris comme des objets sexuels, pis, objets de consommation livrés au bon plaisir sexuel masculin.

De plus, plusieurs entretiens avec les serveuses nous renseignent que, malgré la régularité de ces gestes grossiers, aucune ne dit faire ce métier par passion, mais par contrainte. Nous sommes donc face à une situation qui les rend souvent encore plus vulnérables aux harcèlements sexuels, par nécessité de répondre aux multiples besoins de leurs enfants et/ou membres de la famille dont elles prennent soin. En effet, ces dernières rapportent qu’elles se sentent forcées de travailler dans ces lieux pour se nourrir et prendre soin de leur famille, en témoignent quelques-uns de leurs propos : « c’est mon gagne-pain. J’ai des enfants à nourrir » (Olga, 41 ans); « il [le travail de serveuse] m’aide pour le moment à subvenir à mes besoins et à ceux de mon enfant » (Annick, 26 ans); « je fais ce travail, parce que je dois gagner ma vie. On a des avantages au niveau des pourboires. Cela m’aide beaucoup » (Graséla, 24 ans); « il [le travail de serveuse] m’aide malgré l’insuffisance du salaire à m’occuper de mon enfant et de mon petit-frère » (Chancia, 29 ans).

 

Facteurs à l’origine du harcèlement sexuel

L’abus d’alcool par les clients

Le graphique 3 en dessous met en exergue la répartition des serveuses selon les manifestations du harcèlement sexuel dans leur environnement de travail. Il apparaît que : 55 % (20) des serveuses confirment que le début du harcèlement sexuel intervient après la consommation de l’alcool; 14 % (5) avouent qu’il intervient aussi bien avant qu’après la consommation de l’alcool; 31 % (11) des non réponse sont celles qui disent ne pas être victimes de harcèlement sexuel.

Les résultats quantitatifs obtenus montrent qu’il existe un lien très significatif entre la consommation d’alcool et le début de la manifestation du harcèlement sexuel. Ce même graphique indique que 55 % (20) des serveuses affirment être victimes de harcèlement sexuel après la consommation d’alcool par les clients. Sur ce, voici ce qu’elles révèlent : « […] le harcèlement commence surtout quand ils ont déjà bu. Quand ils sont bourrés » (Marie, 31 ans); « nombreux sont ceux qui changent une fois qu’ils ont bu. Ils nous touchent les seins, les fesses et même le sexe pendant qu’on sert » (Chancia, 29 ans); « […] ils sont comme ça quand ils ont déjà trop bu […] ils prennent plaisir à nous tripoter n’importe où » (Annick, 26 ans); « dès qu’ils ont trop consommé, ils ne se contrôlent plus. Ils ont tout de suite un autre état d’esprit. Ils ne pèsent plus leurs mots. Ils deviennent grossiers et se permettent de nous toucher sans notre accord » (Priscilla, 28 ans) ». Au-delà du plaisir que peut procurer la consommation d’alcool, l’analyse des verbatim fait ressortir un sentiment d’indignation chez les serveuses dû au fait que les clients ne manifestent aucun respect pour elles. D’ailleurs, « l’alcool […] donne l’occasion d’avoir un comportement antisocial. Ainsi, les hommes ont plus tendance à se montrer violents quand ils ont bu parce qu’ils estiment qu’on ne les tiendra pas responsables de leur comportement »[16]. Car, sous l’effet de l’alcool, la clientèle masculine se croient tout permis et c’est ainsi que les serveuses sont soumises à des gestes sans leur consentement et à des propos à connotation sexuelles. Aussi, ne cachent-ils pas leurs intentions d’en faire des objets sexuels, du moment que les parties intimes des corps des serveuses deviennent des zones à explorer par les mains de certains clients irrespectueux. Ce qui confirme une fois encore l’objectification sexuelle des serveuses par la clientèle masculine. Au demeurant, ces gestes désobligeants compliquent davantage leur métier qu’elles qualifient de difficile.

 

L’attitude des serveuses

Selon les actes verbaux et physiques constitutifs du harcèlement des clients, lesquels se manifestent presque tous les soirs, 38,89 % (14) des serveuses affirment qu’ils sont liés au fait que les clients soient saouls, mais aussi à la familiarité qui s’établie au fil du temps entre elles et quelques-uns. Autrement dit, les attitudes de certaines serveuses à l’endroit de la clientèle masculine peuvent, selon 69,44 % (25), encourager les comportements déplacés de ces derniers. Aussi, demander un peu d’argent aux clients semble inciter certains à réaffirmer leur pouvoir financier au moyen du harcèlement sexuel. D’ailleurs, sur les 10 serveuses rencontrées, 4 parmi elles rapportent ceci : « quand tu demandes l’argent tout le temps aux clients, cela les pousse à te draguer et à vouloir coucher avec toi » (Marthe, 23 ans, Marina, 26 ans, Laury, 28 ans et Pulchérie, 36 ans). De même, elles sont 5 sur les 10 à penser que demander un plat ou un verre de boisson amène les consommateurs à adopter des gestes déplacés, comme en témoignent les propos de Marina, âgée de 26 ans et de Pauline, âgée de 28 ans : « Certaines gérantes provoquent le harcèlement parce qu’elles passent leur temps à demander aux clients de leur acheter de quoi manger ou à boire ». Enfin, les plaisanteries avec les clients seraient un facteur aggravant d’incitation au harcèlement puisque toutes les 10 serveuses sont unanimes à insister sur le fait qu’« il ne faut pas plaisanter avec les clients, au risque de vous manquer de respect ». Les verbatim révèlent également que les serveuses accordent elles-mêmes des circonstances atténuantes aux harceleurs. En d’autres termes, elles trouvent des excuses au comportement indécent des clients. Et ce sont certainement ces circonstances atténuantes qui les amènent à ne pas porter plainte. Ainsi, certaines d’entre elles sont obligées d’afficher une attitude d’évitement face aux clients déplaisants, et ce d’autant plus qu’ils semblent ne pas respecter le métier qui oblige les serveuses à rester souriante et à leur place. Les analyses de Eve Laperrière, Karen Messing et Renée Bourbonnais effectuées sur un échantillon de serveuses des restaurants confirment qu’elles « […] doivent créer une atmosphère de confort en favorisant un roulement rapide, offrir de la chaleur humaine en maintenant l’intimité à un niveau optimal, […] rester toujours gentilles et souriantes tout en exigeant le respect, et aussi gérer le mépris que certaines personnes entretiennent à leur égard et conserver leur estime de soi […] »[17].

 

Le code vestimentaire

Une autre cause que les serveuses rallient à la consommation d’alcool comme facteur d’incitation au harcèlement sexuel est leur habillement ou uniforme de travail. Pour ce faire, le graphique 4 met en évidence la répartition des serveuses selon les exigences par le biais d’un code vestimentaire au lieu de travail. Les résultats indiquent que 78 % (28) de ces femmes attestent avoir la possibilité de choisir ce qu’elles veulent porter comme tenue au travail contre 22 % (8) qui disent le contraire.

L’écart très significatif entre les réponses des personnes interrogées laisse supposer qu’il y a un lien entre le lieu de travail (le bar ou le snack-bar) et l’uniforme de travail des serveuses. Les données quantitatives et qualitatives révèlent que, contrairement aux serveuses des bars, celles exerçant dans les snack-bars (22 %) (8) sont tenues de respecter un « code vestimentaire » particulier comme des décolletés, des petites jupes ou des tenues moulantes. En effet, ces employées se plaignent d’être contraintes ou de se sentir obligée de s’habiller de manière séduisante, ainsi qu’en attestent quelques propos des serveuses : « on nous impose d’avoir une robe courte ou une petite jupe qui arrive au niveau des cuisses » (Graséla, 24 ans); « pour pousser les clients à rester afin de consommer encore et encore, on doit avoir des tenues […] moulantes qui montrent les formes et des décolletés qui montrent les seins » (Priscilla, 28 ans); « on doit être sexy dans notre habillement » (Chancia, 29 ans); « nous devons être habillées sexy, toutes les filles en petite robe noire, vraiment sexy. On doit voir les seins, les cuisses […] Quand il y a des soirées le week-end, soirée tee-shirt mouillée, notre employeuse exige à toutes les serveuses de porter un maillot de bain avec un tee-shirt blanc mouillé. Du style quand les clients arrivent, tout de suite ils regardent tes seins […] le but de notre patronne, c’est celui de se faire plus d’argent en retenant les clients, car ils adorent ça, surtout les Européens! » (Laury, 28 ans). Par ailleurs, Myriam Ariey-Jouglard montre que « nombre de bars […] obligent les jeunes femmes à porter débardeur suggestif (sexy), minijupe ou pantalon très moulants »[18]. Dès lors, le physique constitue un critère important de recrutement des femmes ou des filles comme serveuses dans les bars et snack-bars. Certaines de nos observations de terrain montrent que le critère de l’habillement ou de l’uniforme de travail est plus encadré dans les snack-bars que dans les bars. Concernant les pourboires ou reliquats, les serveuses les perçoivent des clients en signe de reconnaissance ou d’encouragement. Ces pourboires varient d’un client à un autre et d’une journée de travail à une autre. Les pourboires consistants laissés en espèces dépendent de la fréquentation de la clientèle du bar ou snack-bar et de l’accueil de la serveuse.

Dans tous les cas, l’analyse des verbatim montre que, dans les snack-bars à Libreville, les employeurs ou employeuses imposent une tenue suggestive aux serveuses contrairement à leurs collègues des bars qui s’habillent comme elles le désirent. Ce qui corrobore le constat de la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) qui indique que : « Les codes vestimentaires sexualisés et fondés sur le sexe s’avèrent courants dans le secteur des services alimentaires, en particulier du service à table […] »[19]. Dans les snack-bars, par contre, les règles implicites du code vestimentaire semblent favoriser l’essor du proxénétisme qui semble chosifier les serveuses, car le recruteur exige sans ambages et sans restrictions qu’elles s’habillent en se découvrant pour aguicher la clientèle, par exemple avec une robe ou avec une jupe très peu confortable, mais qui peut être une source de fantasmes. On leur demande donc d’être bienveillantes, voire séduisantes et souriantes. En effet, les enquêtées parlent de complicité entre leur employeur ou employeuse et les clients, faisant d’elles une sorte de monnaie d’échange, en attestent les propos de certaines d’entre elles : « avec la complicité de l’employeur, nous sommes parfois sommées de séduire certains clients afin de les pousser à beaucoup consommer » (Annick, 26 ans); « certaines filles en fonction de leur physique et beauté sont choisies par l’employeur de la boîte pour séduire les clients » (Graséla, 24 ans, Laury, 28 ans). Contrairement aux serveuses des bars, celles des snack-bars subissent des pressions de la part de leur employeur ou employeuse qui attend d’elles qu’elles s’habillent et se comportent d’une certaine manière en utilisant, malgré elles, leur corps comme monnaie d’échange.

Il en ressort que la pression du harcèlement sexuel est particulièrement forte chez les serveuses. Myriam Ariey-Jouglard écrit : « Ce genre d’établissement met en avant, de manière ostentatoire et provocante, le corps et la beauté de ses jeunes serveuses […] Les serveuses deviennent une marchandise que ces établissements “vendent” à leur clientèle masculine […] »[20]. Dans le même ordre d’idées, Jean-Emery Etoughé-Efé, fait remarquer que ces femmes, généralement jeunes et jolies, sont des supports publicitaires, c’est-à-dire des « produits de commerce » […] dont les corps sont perçus comme des objets de négociations »[21]. Une étude menée aux États-Unis a révélé également que les taux de harcèlement sexuel étaient plus élevés dans les restaurants qui obligeaient les hommes et les femmes à porter des uniformes différents[22].

Toutefois, ce qui précède nous amène à penser que ce n’est pas tant l’abus d’alcool qui semble justifier le harcèlement des clients, mais l’environnement de travail dans lequel elles évoluent, la précarité de l’emploi, la dépendance vis-à-vis des pourboires et le manque de connaissance sur la loi n° 10 du 5 septembre 2016.

 

Un environnement de travail défavorable et des serveuses stigmatisées

L’exigence d’un code vestimentaire « sexualisé » (robe ou jupe courte, tenues moulantes, décolleté, être sexy) de la part des employeurs nous amène à confirmer que c’est un facteur fondamental qui expose les employées au harcèlement sexuel. Nous rejoignons la CODP qui confirme que « ces codes peuvent porter atteinte à la dignité des femmes et renforcer les stéréotypes sexistes […] Le harcèlement sexuel a des conséquences graves et durables. Il peut porter atteinte au moral du personnel, réduire la productivité et alimenter des troubles physiques et émotionnels comme l’anxiété, la dépression […] »[23].

L’exigence du code vestimentaire dans l’environnement de travail des serveuses rend ces dernières encore plus vulnérables au harcèlement sexuel de la part des clients. Le code vestimentaire a une signification sociale. Il peut ainsi renforcer le stigmate de la « putain » ou de « fille de joie » qui s’applique aux serveuses pour disqualifier leur revendication à un travail décent. La montée vertigineuse du chômage des femmes et la précarité de leur emploi au Gabon font qu’elles constituent des cibles idéales de harcèlement. En conséquence, « la pauvreté oblige beaucoup de femmes et de filles à exercer des métiers où le risque de violences sexuelles est assez élevé […]. Elle crée également des pressions énormes pour qu’elles trouvent ou conservent un emploi »[24]. La précarité économique est une grande source de vulnérabilité qui les expose à plusieurs formes de harcèlements. Conscients qu’elles sont à la recherche d’un mieux-être et qu’elles doivent s’occuper convenablement de leurs proches (enfants ou familles), la clientèle masculine profite de leur vulnérabilité pour obtenir des faveurs sexuelles.

 

La méconnaissance de la loi, des ONG et Associations contre le harcèlement

L’ensemble des serveuses enquêtées disent ne pas savoir que le harcèlement sexuel est une infraction condamnée par la loi gabonaise et qui peut donner lieu à des poursuites. Ainsi, par « manque de sensibilisation », disent-elles, elles ne sont pas informées de l’existence des différentes ONG et Associations gabonaises qui luttent contre les violences faites aux femmes. Aux dires de celles-ci : « si ces associations et ONG existent, elles ne s’intéressent qu’aux femmes qui travaillent dans les bureaux » (Marina, 26 ans et Marthe, 23 ans); « je ne connais pas ces structures […] les responsables de ces structures ne viennent pas dans les bars et snack-bars pour nous parler du harcèlement sexuel » (Pauline, 28 ans, Annick, 26 ans et Priscilla, 28 ans); « on ne s’intéresse pas à nous parce que pour les gens les filles qui font notre métier sont des putes, des bordelles à la recherche des hommes » (Olga, 41 ans, Marie, 31 ans, Graséla, 24 ans et Pulchérie, 36 ans).

Face à de telles pratiques, nous nous demandons si les propriétaires de ces bars et snack-bars ne sont pas motivés que par l’appât du gain, comme en témoignent les propos de Chancia, 29 ans : « La propriétaire sait ce qui se passe avec les clients, mais elle ne pense qu’à son argent […] Elle nous dit souvent : il faut supporter. Le client est roi. Si elle perd ses clients, comment va-t-elle nous payer? ». Ont-ils seulement connaissance de la loi qui vise à protéger les serveuses victimes de harcèlement sexuel, à sanctionner les auteurs et même les employeurs? Le caractère pudique du sujet et la méconnaissance des textes qui protègent les victimes de harcèlement sexuel semblent conduire les serveuses à ne pas dénoncer leurs agresseurs, pis, briser le silence. Bien qu’elles-mêmes s’accordent à dire qu’il est nécessaire de dénoncer ce genre de comportement, toutes disent pourtant n’avoir jamais porté plainte estimant, par exemple, que : « cela ne sert à rien » (Pauline, 28 ans, Marthe, 23 ans et Graséla, 24 ans); « [elles] ne serons jamais prises au sérieux » (Marina, 26 ans, Olga, 41 ans et Annick, 26 ans); « [elles] ne savent pas vers qui se tourner » (Marie, 31 ans); « on [leur] demandera les preuves » (Pulchérie, 36 ans). Les dires des serveuses font écho à l’étude Où placer la ligne rouge? La qualification du harcèlement sexuel dans les restaurants[25] qui montre que de nombreuses victimes hésitent à déposer plainte par peur de ne pas être crues et de ne pas être prises au sérieux.

Pour conclure, il importe de reconnaître que l’enquête sur le harcèlement sexuel des serveuses des bars et snack-bars comporte quelques limites, telles que l’effectif de la population, la non-prise en compte des variables (âge et ancienneté professionnelle), l’échantillonnage non probabiliste, par exemple.

Malgré ces limites, l’enquête a permis d’investiguer le quotidien et l’environnement de travail des serveuses, de vérifier si elles sont victimes ou non de harcèlement, d’identifier les différentes formes de harcèlement subies et les facteurs afférents. Comme résultats, il ressort que : à l’opposé des serveuses des bars, celles des snack-bars sont soumises à des exigences plus contraignantes en ce qui concerne, notamment la tenue de travail; le comportement des serveuses dans ces espaces de divertissement répond plus aux intérêts des employeurs (augmentation des bénéfices) et de la clientèle masculine (recherche de la satisfaction de leur désir sexuel); la consommation abusive d’alcool par les clients, les demandes d’argent de plat ou d’un verre de boisson des serveuses à ces derniers sont autant de facteurs qu’elles mettent en exergue pour tenter de justifier les actes de harcèlement sexuel dont elles sont victimes. Soumises à la loi du silence, les serveuses ne disposent d’aucun levier (pas de syndicat qui plaide en leur faveur puisque le corps de métier n’est pas reconnu au Gabon) pour dénoncer les travers de leur métier dans les commissariats et tribunaux.

En définitive, il serait intéressant de vérifier le vécu de l’exigence du code vestimentaire sexualisé chez les serveuses, les motivations du travail de serveuse dans un contexte de forte paupérisation des femmes. De la même manière, il serait également pertinent d’analyser les perceptions de la clientèle masculine sur les travailleuses des bars et snack-bars. Ce sont là des directives à laquelle une prochaine recherche devra répondre.

CRÉDIT PHOTO: Flick/Malika Davy

1] Bureau international du travail (BIT) : Accord collectif sur la prévention et le règlement des différends liés à un harcèlement, Genève, 2001.

[2] Véronique Ducret, Qui a peur du harcèlement sexuel? Des femmes témoignent, Genève : Editions Médecine et Hygiène pour l’édition française, 2010 : 25.

[3] Inter Stats Analyser pour agir, « Une approche statistique du harcèlement sexuel à partir de l’enquête Virage », Insécurité et délinquance en 2017 : premier bilan statistique, 2017 : 133.

[4] Guillaume Descours, Harcèlement sexuel : 7 % des hommes aussi victimes, https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/05/13/01016-20160513ARTFIG00181-harcelement-sexuel-7-des-hommes-aussi-victimes.php (consulté le 25 janvier 2022)

[6] Steve Jordan, « Au Gabon, le harcèlement des étudiants passe par les “moyennes sexuellement transmissibles”, Le Monde, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/23/au-gabon-le-harcelement-des-etudiantes-passe-par-les-moyennes-sexuellement-transmissibles_5204753_3212.html (consulté le 25 janvier 2022)

[7] « Hebdo informations », Journal hebdomadaire d’informations et d’annonces légales n  650, 15-31 déc. 2016 : 239.

[8] Hebdo information, Ibid. : 239-240.

[9] Gabon Code penal Loi n° 042/2018 du 05 juillet 2019 : 83-84 https://www.droit-afrique.com

[10] Jean-Emery Etoughé-Efé, Les bars populaires de Libreville. Des construits de sociabilités, Paris : Études africaines, Série Sociologie, L’Harmattan, 2017 : 17

[11] Myriam Ariey-Jouglard, Ibid. : 86.

[12] Jean-Emery Etoughé-Efé, Ibid. : 30;

[13] Jean-Emery Etoughé-Efé, Op. cit. : 49.

[14] Yohan Demeure, « Le harcèlement sexuel des serveuses en lien avec les pourboires et l’attitude demandée », https://citizenpost.fr/harcelement-sexuel-serveuses-pourboires/ (consulté le 13 mars 2022)

[15] Yohan Demeure, Ibid.

[16] Etienne G. Krug et al., « Rapport mondial sur la violence et la santé, Organisation mondiale de la santé », Genève, 2002 : 176 https://www.who.int › world report › full_fr (consulté le 28 janvier 2022)

[17] Eve Laperrière, Karen Messing et Renée Bourbonnais, « Pour être serveuse, tu dois avoir toute ta tête : Efforts et reconnaissance dans le service de table au Québec », Travailler, n° 23, 2010/1 : 33.

[18] Shana Conroy et Adam Cotter, « Les agressions sexuelles autodéclarées au Canada, 2014 », Article Juristat, Statistique Canada-n° 85-002-X, 2017 : 36.

[19] Commission ontarienne des droits de la personne (CODP), « Pas au menu, Rapport d’enquête sur les codes vestimentaires sexualisés et fondés sur le sexe dans les restaurants de l’Ontario », 2017 : 4 http://www3.ohrc.on.ca (consulté le 27 janvier 2022)

[20] Myriam Ariey-Jouglard, Loc. cit. : 87.

[21] Jean-Emery Etoughé-Efé, Loc. cit. : 49.

[22] Commission ontarienne des droits de la personne (CODP), « Codes vestimentaires sexospécifiques et sexualisés Foire aux questions », 2017 : 2.

https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/Sexualized%20Dress%20Codes%2...

[23] Commission ontarienne des droits de la personne (CODP), Ibid. : 2017 : 1-2

[24] Etienne G. Krug et al., Ibid. : 176.

[25] Patti A. Giuffre et Christine L. Williams, « Où placer la ligne rouge? La qualification du harcèlement sexuel dans les restaurants », Sociologie du travail, vol.61, n° 3, juillet-septembre 2019 : 2

https://journals.openedition.org/sdt/21206 (consulté le 7 décembre 2021)

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