La culture de l’olivier : de désertification à régénération du territoire andalou

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La culture de l’olivier : de désertification à régénération du territoire andalou
Analyses
| par La Rédaction |

Un texte de Sami Jai Wagner-Beaulieu       

Ce texte est extrait du recueil Faires des vagues. Pour acheter le livre, visitez votre librairie, ou notre boutique en ligne!

Le pourtour de la mer Méditerranée est bordé d’une forêt qui fait la transition entre le milieu marin et les déserts, les prairies ou les forêts tempérées. S’il vous est difficile d’imaginer cet environnement unique, le goût d’olives, l’odeur de lavande ou encore l’image de cerfs élaphes se baladant dans une forêt de chênes verts sauront vous y transporter.

Dans ce lieu, caractérisé en temps normal par de faibles précipitations annuelles, la flore et la faune font face, en alternance, à des étés arides, chauds et secs, puis à des hivers froids et humides. En dépit des conditions difficiles, ce milieu quasi désertique se caractérise par une des plus grandes concentrations de biodiversité au monde[1]. Pour y survivre, y prospérer et y évoluer, tous les êtres vivants ont dû s’adapter. De leur côté, les végétaux se sont armés d’épines, ont dégagé des arômes, ont augmenté leur résistance au feu ou se sont reposés en période estivale[2]. Pour leur part, les animaux ont diminué leur besoin d’eau ou ont adopté un mode vie nocturne[3]. Finalement, les êtres humains, bien qu’ils aient modifié le milieu par l’agriculture, ont tout de même dû courber l’échine, ne serait-ce qu’en arrêtant leurs activités pour la siesta.

 

Forêt ibérique, mont de romarin à fleurs d’un vert olive. Pinèdes et fruits de chêne vert qui brillent au soleil. Ce soleil qui dessine les nuages et ces arbres qui laissent une piste olfactive d’un arôme méditerranéen intense[4].

                                    Eduardo Solano Bernal, citoyen de la forêt méditerranéenne

 

Si les activités humaines ont longtemps contribué à déséquilibrer le riche écosystème méditerranéen, les pressions auxquelles il est soumis se sont depuis peu intensifiées et diversifiées, menaçant maintenant son intégrité[5]. Les agressions sont nombreuses : changement climatique, pollution, introduction d’espèces envahissantes, agriculture intensive, surexploitation des ressources, construction de routes, croissance démographique, tourisme de masse, augmentation de la fréquence des feux de forêt et mauvaise gestion des ressources hydriques[6]. Bien qu’elles puissent apparaître à première vue variées, toutes ces menaces sont liées entre elles par un seul fil conducteur : l’eau.

La présence ou l’absence d’eau constitue un élément clé pour évaluer la santé de cet écosystème. De nos jours, la tendance à la désertification s’accentue autour du bassin méditerranéen[7]. Paradoxalement, il se pourrait que ce soit l’agriculture, pourtant source majeure de pressions hydriques, qui puisse, contre toute attente, permettre la restauration et la revitalisation de la forêt méditerranéenne. L’Andalousie, où la culture de l’olivier — arbre symbolisant la paix, l’immortalité et l’espoir — menace les ressources hydriques, constitue à ce sujet un beau cas de figure.

 

 

En temps de sécheresse

Ce n’est pas la pire sécheresse depuis 20 ans, ce sera la pire sécheresse de l’histoire de l’Espagne[8].

Antonio Villareal, Antonio Hernandez et Daniele Grasso, journalistes scientifiques pour El Confidencial, novembre 2017

 

      Actuellement, les réserves hydriques sont à 40 % de leur capacité. [...] L’apport hydrique n’a pas été suffisant pour que les réservoirs puissent récupérer[9].

Naturaliza, groupe d’éducation environnementale, octobre 2019

 

 

Lors d’un périple en Andalousie, il est surprenant de constater la rareté de l’eau. Il y a peu de rivières et celles que l’on voit sont souvent petites, du moins pour un∙e observateur∙rice québécois∙e. Il y a également peu de lacs et plusieurs d’entre eux sont artificiels. La surprise tourne au malaise lorsque les habitant∙e∙s des lieux, ou encore certains signes qui ne trompent pas, nous font prendre conscience des changements survenus au fil du temps dans le régime hydrique du pays. Ainsi, les marques laissées jadis par l’eau sur les rives, véritables fossiles d’une époque révolue, révèlent l’étendue et la profondeur qu’ont eu ces plans d’eau dans le passé. L’illustration la plus spectaculaire de ce phénomène est probablement le réservoir d’Iznájar, situé au centre de l’Andalousie et où les villages, les ponts, les usines et les routes qui avaient été engloutis suite à sa création sont maintenant graduellement libérés de leur captivité aquatique, devenant des reliques fréquentées par les promeneur∙euse∙s attiré∙e∙s par le phénomène[10].

 

Cette baisse systématique du niveau de l’eau sur les rives des plans d’eau au cours des dernières années est exemplaire de la crise majeure qui frappe le pays et la région. L’Espagne a traversé trois grands épisodes de sécheresse généralisée dans les 60 dernières années[11], et la région andalouse en a connu, à elle seule, quatre dans les 40 dernières années[12]. En fait, on peut même parler d’une nouvelle sécheresse endémique en ce qui concerne l’Andalousie, car depuis 2015, à l’exception de 2018, chaque année a été marquée par des précipitations dont le total restait sous l’indice de sécheresse local[13]. En consultant les graphiques de la Junte d’Andalousie, il est évident que depuis 1980, le nombre, la durée et le déficit en eau des périodes de sécheresse augmentent[14]. Pour ces territoires arides, ces chiffres se traduisent par des déficits en eau importants dans des bassins versants comme celui de la rivière Guadalquivir, la plus longue rivière d’Andalousie[15]. Cela s’observe également dans les réservoirs et les lacs qui, année après année, voient leur niveau d’eau maximal diminuer[16].

 

Les trois quarts du territoire espagnol risquent la désertification[17], alors que ce phénomène affecte déjà plus de 28 % de l’Andalousie[18]. En 2019, le gouvernement andalou s’est même doté de plans d’action spéciaux pour faire face à l’augmentation de la fréquence des états d’urgence liés à la sécheresse[19]. Ces mesures ont pour but d’assurer la santé de la population et de réduire les impacts négatifs sur les écosystèmes et l’économie[20]. Malgré les nouvelles mesures, le phénomène perdure. Ce dernier se traduit par la perte de productivité agricole[21] et l’apparition de plusieurs signes alarmants, facilement constatables lorsque l’on parcourt le territoire. Parallèlement à la diminution des quantités d’eau, le nombre de feux de forêt a augmenté[22]. Ces symptômes sont les signes d’une dégradation qui, si l’on n’y remédie pas, risque de mener à la désertification[23].

 

Dans les champs andalous, il est assez commun de voir des sols dénudés et craquelés en raison du manque d’eau. Fait à noter, le désert n’est pas étranger en terre andalouse. La région en compte déjà un, peuplé d’espèces uniques : le désert de Tabernas, situé dans la province d’Almería[24]. Cependant, ce désert s’est développé sur des milliers d’années, donnant naissance à un écosystème équilibré et complexe[25]. La dégradation puis la désertification relativement rapides observées ailleurs dans la région et aux frontières de ce désert diminuent son potentiel biologique et enrayent le développement de la vie ou le maintien de sa complexité[26]. D’ici 2100 et compte tenu des pressions actuelles, on prévoit que la forêt méditerranéenne du sud de l’Espagne deviendra un désert, un lieu qui aura perdu sa vitalité, son équilibre et sa communauté biologique[27].

 

Les causes de cet assèchement sont multiples. Le changement climatique y joue bien sûr un rôle important. En effet, le réchauffement de la surface du sol favorise les épisodes météorologiques extrêmes, ce qui augmente la durée ou l’intensité des périodes de sécheresse[28]. Cela entraîne une diminution des précipitations dans les régions à risque et une augmentation de la transpiration des plantes menant à une diminution généralisée des ressources hydriques[29]. Lorsqu’il y a diminution des précipitations annuelles et réduction des épisodes de pluie, les précipitations résiduelles sont alors par moment plus intenses, ce qui génère des inondations et l’érosion des sols déjà affaiblis[30]. D’un autre côté, les hausses de température provoquent également une augmentation des risques d’incendie[31]. Si les écosystèmes sains étaient souvent assez résilients pour maintenir leur intégrité face aux impacts du changement climatique, l’addition d’autres menaces rend le tout insoutenable[32]. Ainsi, la demande en eau de la population croissante et de l’industrie touristique, couplée à la mauvaise gestion des ressources hydriques, diminuent l’eau disponible pour la forêt méditerranéenne[33]. De plus, l’expansion des villes, des zones touristiques, des routes ainsi que des activités d’extraction de ressources naturelles fragmentent, rétrécissent et endommagent le territoire restant, en plus d’affecter la vitalité des écosystèmes nécessaires au maintien de l’équilibre hydrique[34]. Soumis à une boucle de rétroaction positive (où une perturbation en génère ou en accentue une autre, amplifiant ainsi la première), les écosystèmes en déséquilibre résistent moins bien aux pressions comme le changement climatique et se dégradent, puis finalement, se désertifient. Le cycle s’accentue en raison de la modification du comportement des êtres humains qui, voyant leurs options réduites, tendent vers la surexploitation du milieu[35]. Heureusement, ce cercle vicieux peut être brisé, l’échappatoire principale se trouvant être ce qui, à première vue, constitue la menace la plus importante : l’agriculture[36].

 

En terre d’oliveraie

Sur les terres andalouses, il est impossible de ne pas remarquer les champs d’oliviers qui s’étendent de la mer aux montagnes, et ce, sur tout l’horizon. Sachant que l’Espagne est le plus grand producteur mondial d’olives et d’huile d’olive et que l’Andalousie est la région dont la production est la plus grande au pays, il est facile de comprendre à quel point cette culture a modifié le paysage[37]. Il existe d’ailleurs en Andalousie un « Réseau de l’oliveraie » (eje del olivar), qui rassemble les principales provinces productrices, parmi lesquelles les provinces de Jaén et de Cordoue font figure de championnes[38]. L’oléiculture a donc eu et continue d’avoir un impact important sur le mode de vie, la culture et l’économie andalous. Pour le portefeuille régional, c’est 31,6 % des revenus agricoles qui en découlent[39]. Pour les villages, ce sont 23 000 fermier∙ère∙s qui en vivent et plus d’un million de travailleur∙euse∙s de toutes origines qui aident à ramasser les olives et à les transformer[40]. Plusieurs villages, pratiques, rituels et mœurs sont directement issus de cette culture[41]. Au printemps, le pollen des oliviers envahit la région, causant bien des troubles aux allergiques. Dans les épiceries, il y a des rayons complets de divers produit oléicoles; même les chips sont frites dans cette huile. En ce qui concerne l’alimentation, il est difficile de manger sans olives ou sans huile d’olive, qu’elles soient ajoutées à la recette ou déposées bien en vue entre les assiettes. Dans chaque restaurant se trouvent de petits contenants en plastique, un peu comme ceux utilisés ici pour la confiture et le beurre d’arachides, réservés à l’huile d’olive. En bref, l’olivier est à la racine même de l’identité andalouse.

 

            Oliveraies et oléiculteur[rice]s, forêt et peuple, champ et lieu des fidèles du lopin de terre, de la charrue et du moulin, de ceux [et celles] qui montrent le poing à la destinée, des laboureur[∙euse∙]s béni[∙e∙]s, des cavalier[ère∙]s espiègles, des maîtres[ses] dévoué[e]s et arnaqueur[∙euse]s! Villes et fermes en bordure des rivières, dans les plis de la sierra!... Viens Dieu aux foyers et aux âmes de cette terre d’oliveraies et d’oliveraies![42]

Antonio Machado, poète andalou

 

La vue d’un olivier dans son environnement est impressionnante. L’arbre s’épanouit en dépit des précipitations faibles et irrégulières[43]. Il sait survivre sur des sols arides, encaissant sans broncher le soleil ardent de l’été, les pluies torrentielles occasionnelles et les journées plus froides de l’hiver andalou. L’olivier est parfaitement adapté à la forêt méditerranéenne, ce que les habitant∙e∙s ont compris il y a des millénaires[44]. Ce savoir a traditionnellement encadré la culture de ces arbres et a minimisé la pression sur les ressources hydriques de la région. Les oliveraies n’étaient pas irriguées; seule la météo dictait les apports en eau, et des niveaux de production acceptables étaient maintenus[45]. Cette culture millénaire a lentement été pervertie par l’économie de marché et la demande mondiale croissante, qui a induit deux nouvelles pratiques destinées à maximiser les rendements. D’une part, si l’oléiculture sans irrigation permet de produire 2000 à 5000 kilogrammes d’olives par hectares chaque année, l’oléiculture avec irrigation permet, pour sa part, d’en produire 15 000, ce qui risque cependant d’épuiser rapidement les réserves en eau de l’écosystème environnant[46]. D’autre part, il s’est avéré plus facile et plus rapide de ramasser les olives sur des sols dénudés, ce qui a conduit à l’élimination systématique de toute la végétation se trouvant autour des oliviers. Cette pratique est devenue encore plus populaire que l’irrigation, mais elle n’en est pas moins dommageable des points de vue hydrique et culturel et pour la biodiversité de la forêt méditerranéenne[47]. En fin de compte, l’arbre qui partageait par le passé son territoire avec d’autres plantes est condamné à vivre dans la solitude, isolé de ses sœurs méditerranéennes.

 

Ce glissement de l’oléiculture espagnole traditionnelle vers la production intensive s’est traduit par la mise en place de monocultures linéaires d’oliviers s’étendant à perte de vue[48]. En conséquence, et l’eau étant de plus en plus rare, certains agriculteur∙rice∙s vont jusqu’à forer des puits illégaux afin d’y avoir accès sans le déclarer au gouvernement espagnol[49]. Ces puits illégaux sont en hausse dans le pays et intensifient la problématique du manque d’eau[50]. Concilier l’importance culturelle et économique de l’oléiculture avec la pression que celle-ci met sur les ressources hydriques est un défi de taille. Pourtant, tous ces éléments sont intimement reliés et une analyse du fonctionnement des écosystèmes permet d’esquisser des pistes de solution.

 

Emmagasinée dans l’écosystème sain

Une promenade dans une forêt saine, tant méditerranéenne que boréale, génère des bienfaits que les humains peuvent instantanément ressentir. Au-delà de ces bienfaits, ces milieux nous rendent de multiples services écosystémiques. Ces services complexes, essentiels à la survie de nos sociétés, résultent du mode de vie de certaines espèces, de certaines communautés d’espèces, voire du fonctionnement de l’écosystème tout entier[51]. Plus un écosystème est en santé ou en équilibre, plus il est résilient face aux menaces et plus il est en mesure de fournir des services écosystémiques. Ainsi, une forêt méditerranéenne saine offre plusieurs services particulièrement importants qui permettent de freiner la désertification et de favoriser le retour de la pluie en Andalousie.

Les forêts saines jouent un rôle majeur dans le cycle de l’eau : elles sont à la fois des réservoirs, des filtres et des pompes à eau. Dans le cas qui nous intéresse ici, c’est la forêt méditerranéenne qui fournit des services essentiels aux terres arides de l’Andalousie. Lors d’un épisode de pluie, les feuilles des végétaux ralentissent la chute de l’eau, ce qui permet au sol de recevoir et d’absorber l’eau graduellement[52]. Ce mécanisme diminue le ruissellement et les problèmes qui y sont associés, comme les inondations et l’érosion des sols. L’eau imbibée dans le sol permet ensuite aux plantes de combler leurs besoins vitaux. Pour ce faire, l’eau est aspirée principalement par les racines et se déplace jusqu’aux feuilles, où a lieu la photosynthèse[53]. La transpiration et l’usage de l’eau au niveau des feuilles suscite cette ascension de l’eau par un processus de succion[54]. Cet entreposage permet de maintenir l’eau dans une région pour une période prolongée[55]. Un sol couvert d’un maximum de biomasse végétale, abritant souvent une grande biodiversité, permet donc de retenir l’eau plus longtemps qu’une monoculture d’olivier. De plus, l’évapotranspiration refroidit et modifie la température ambiante et constitue une source importante dans la production de nuages sur le continent[56]. Les plantes agissent comme une pompe permettant à l’eau de l’océan de remonter plus loin dans les terres et de retomber sous forme de précipitations[57]. Il s’agit là d’une caractéristique fort intéressante pour l’Andalousie, qui est entourée de mers, mais elle est malgré tout desséchée en raison de ses pratiques actuelles. L’apport des plantes ne s’arrête toutefois pas là. Elles peuvent également filtrer les eaux qui ont pu être polluées par les activités humaines en amont[58]. Une fois absorbés, les polluants sont soit utilisés pour la croissance, soit emmagasinés dans les tissus comme le bois[59]. En ce qui concerne la filtration, la diversité est encore la clé de l’efficacité, car différentes espèces ont différentes affinités avec les contaminants. À eux seuls, ces quelques services écosystémiques pointent déjà vers une voie intéressante et contribueraient à résoudre les problèmes majeurs auxquels font actuellement face les communautés humaine et extrahumaine andalouses. Il est possible d’imaginer ce qu’on pourrait réaliser en travaillant à rétablir la forêt méditerranéenne plutôt qu’en luttant contre elle.

La déforestation ou l’appauvrissement biologique d’une région diminue l’ampleur des précipitations retombant sur celle-ci et sur les régions adjacentes. Au-delà d’un certain seuil, la dégradation intensive d’un écosystème peut s’avérer désastreuse. Tant que l’équilibre d’un écosystème n’est pas complètement rompu, celui-ci peut se rétablir naturellement dans la mesure où les pressions qui s’exercent sur lui diminuent. Si les pressions sont trop importantes, il finit toutefois par perdre son état d’équilibre et, de surcroît, sa capacité à se régénérer[60]. Il se dégrade alors jusqu’à la désertification, un état où la plupart des services écosystémiques, voir tous, sont perdus[61]. À ce stade, un travail de restauration actif de la part des humains est nécessaire. Un tel travail demande un effort conjugué de l’être humain et de multiples espèces de végétaux, de champignons, de bactéries et d’animaux[62]. Si plusieurs habitant∙e∙s de l’Andalousie ont entamé la régénération là où elle est encore relativement facile, d’autres se sont mis à l’œuvre sur des terres désertifiées où la régénération naturelle n’est plus possible.

 

 

De celles et ceux qui restaurent l’oasis andalouse

Lorsque l’incohérence de l’actuelle vision du monde devient évidente, un vieux savoir, commun à toutes les cultures du monde, s’impose chez certain∙e∙s : l’être humain luttant contre la Terre sortira toujours, en fin de compte, perdant. Cette prise de conscience, lente mais bien réelle, se constate chez les habitant·e·s de l’Andalousie. Confronté∙e∙s à une situation qui semble sans issue, les Andalous∙es sont de plus en plus nombreux∙euses à penser que l’adoption d’une agriculture respectueuse des principes écologiques et de la biodiversité permettrait de résoudre les problèmes hydriques existants. Également, ceux-ci et celles-ci croient en l’élaboration de plans agricoles mariant restauration et production, et pouvant éventuellement permettre à l’être humain de réparer ses erreurs et de perdurer dans un écosystème menacé. Une visite s’impose chez quelques-un∙e∙s de ces gardiens et gardiennes de la forêt méditerranéenne, qui ont commencé à concrétiser cette approche.

Au nord de l’Andalousie, dans la province de Jaén, un amoureux de la montagne, Miguel García Alvarez, s’occupe de champs d’oliviers de façon écologique depuis déjà 8 ans[63]. La gestion de son terrain s’inspire de ses apprentissages universitaires, de ses lectures, de ses discussions avec d’autres oléiculteur∙rice∙s et de sa passion pour les monts andalous et les forêts andalouses. Ses champs produisent des olives sans irrigation artificielle. Son terrain est petit, certes, mais il illustre les bienfaits des pratiques alternatives. Miguel a commencé à revitaliser son oliveraie en collectant des graines de multiples plantes indigènes herbacées dans les monts andalous[64]. Au départ, il a dû arroser ces graines afin de favoriser leur implantation. Par la suite, elles ont été en mesure de s’épanouir sans apports hydriques artificiels. Il explique que la biodiversité sur ses champs n’a pas d’impact négatif sur la récolte ou sur sa charge de travail, sinon qu’il doit couper l’herbe une fois par année. Cette herbe coupée a pour effet de restaurer lentement son sol lorsqu’elle se décompose. Parmi les plantes introduites dans son oliveraie, quelques-unes d’entre elles bénéficient directement à la production, comme le jaramago (Hirschfeldia incana), qui protège l’olivier contre la verticilliose, une maladie fongique qui cause d’importants dommages aux oliviers[65]. De la moutarde blanche et des légumineuses se retrouvent aussi dans ses champs et fertilisent naturellement les sols. D’autres espèces, comme le romarin, ne peuvent pas croître, car les sols du village sont encore trop dégradés. Cependant, le cultivateur observe que plus le temps avance, plus la vitalité du terrain augmente. Des espèces absentes de son terrain par le passé apparaissent, ce qui augmente la biodiversité végétale et animale et qui permet à l’humidité du sol de rester plus longtemps[66]. Ce sont de bonnes nouvelles et des progrès que Miguel partage avec les propriétaires des champs voisins, dans l’espoir de les inciter eux et elles aussi à effectuer la transition vers un modèle d’agriculture permettant la restauration des écosystèmes andalous.

Dans la même province, un groupe d’institutions nommé Olivares Vivos (Oliveraies vivantes) existe depuis plusieurs années. Ce groupe croit fermement qu’un autre modèle de culture d’oliviers, rentable et au service de la nature, est possible[67]. Il est constitué de plusieurs institutions provenant d’horizons multiples, comme l’Université de Jaén, le groupe de conservation aviaire SEO BirdLife et la Députation provinciale de Jaén, de même que d’oléicultrices et d’oléiculteurs de tous les coins de l’Andalousie[68].

 

            Nous sommes oléiculteur[∙rice∙]s, chercheur[∙euse∙]s, et conservateur[∙rice∙]s. […] Nous travaillons ensemble vers un objectif commun : la restauration de la biodiversité des champs d’olives de l’Andalousie[69].

Olivares Vivos, organisation d’oléiculture écologique

 

Le groupe travaille sur plusieurs fronts. D’un côté, des recherches scientifiques sont effectuées par le département d’écologie de l’Université de Jaén afin d’établir les caractéristiques et d’élaborer des modèles d’oliveraies qui respectent la forêt méditerranéenne et ses réserves hydriques[70]. D’un autre côté, des bénévoles travaillent à la restauration de la biodiversité dans les champs en plantant des espèces végétales indigènes, puis en installant diverses structures pour favoriser le retour de la faune[71]. Les oléiculteur∙rice∙s sont ensuite encouragé∙e∙s et aidé∙e∙s dans l’établissement des techniques étudiées par Olivares Vivos[72]. Puis, finalement, pour agir sur l’économie, le groupe a développé une stratégie commerciale favorisant le développement des oliveraies restauratrices. Olivares Vivos délivre une certification aux producteur·ice·s de produits d’oliveraies qui suivent ces principes écologiques[73]. Également, le groupe participe activement à des campagnes de publicité et de promotion de l’oléiculture écologique et de ses produits[74]. Bien que le groupe ne soit pas impliqué directement dans la conservation de l’eau, il y contribue largement par ses efforts visant la restauration des écosystèmes andalous et des services hydriques qu’ils procurent, tout en œuvrant à l’élimination des pressions hydriques induites par les cultures intensives.

Dans la province de Cadix, en bordure de la Méditerranée, Juan Jesús Tenorio, un ingénieur forestier, a fait des forêts espagnoles sa demeure. Il marche sur le territoire, consigne les problèmes environnementaux qu’il observe et émet des recommandations portant sur les façons d’améliorer la situation. Il observe et connait déjà bien les effets négatifs de l’agriculture intensive d’oliviers : « Dans mon village, tous les champs deviennent des oliveraies intensives, entraînant un très très grand gaspillage d’eau[75]. »

Pour remédier à ces problèmes, il participe à la coopérative agroécologique La Verde en aidant les oléiculteurs et oléicultrices à trouver des solutions écologiques aux problèmes auxquels ils et elles font face. Depuis plus de 40 ans, cette coopérative cultive des champs écologiques où sont mélangées des variétés d’oliviers autochtones, d’amandiers, de poiriers et d’un peu de tout ce qui peut pousser dans cette zone[76]. La santé de ces champs n’a cessé de s’accroître, tout en offrant une production permettant à plusieurs familles d’en vivre. En se basant sur ses expériences, Juan explique que plusieurs pratiques actuellement généralisées augmentent les pertes hydriques. Selon lui, la solution se trouve dans les techniques de culture sans labour. Ces techniques consistent à diminuer drastiquement les interventions humaines en laissant les « mauvaises herbes » pousser et en les coupant uniquement lorsque c’est nécessaire[77]. Cela permet au sol, à ses microorganismes et à la biodiversité de la zone de se régénérer tout en y améliorant la percolation de l’eau[78]. Il explique aussi, à l’encontre la croyance populaire, que les plantes irriguées devraient seulement recevoir le strict nécessaire en matière d’eau, car les surplus d’eau diminuent l’absorption des nutriments et, par conséquent, la production agricole.

 

L’être humain est un peu étrange, il fait les choses en fonction de ce que les autres font. Si la majorité saute dans le puits, [celles et] ceux qui suivront sauteront aussi dans le puits sans s’arrêter pour y penser[79].

Juan Jesús Tenorio, ingénieur forestier

 

Malgré les études qui démontrent les failles de l’agriculture conventionnelle, il est difficile de changer les mentalités. En ce moment, Juan voit des avancées à certains endroits, mais aussi du recul à d’autres. Il précise toutefois qu’il perçoit un changement global, mais qui est encore lent et timide en raison des pressions du marché et de l’attitude conservatrice de certain·e·s oléicultrices et oléiculteurs. Malgré tout, il continue à travailler pour démontrer la rentabilité accrue du modèle respectueux de l’environnement et inciter de la sorte l’émergence de nouvelles tendances.

Un peu à l’écart de la mer à Cadix, au pied de la Sierra de Grazalema, l’organisation Danyadara s’attaque directement à la désertification par le biais de l’agriculture[80]. Cette organisation, composée principalement de bénévoles, a une vision biocentrique du monde qui place, avec succès, la restauration de la forêt méditerranéenne bien avant la production.

 

            Danyadara démontrera que travailler avec la nature et retourner à une interaction personnelle avec la terre est le chemin à suivre[81].

Danyadara, organisation permacole

 

L’organisation tire son inspiration de l’interaction millénaire entre l’être humain et la nature en Andalousie. Les champs comportent plusieurs cultures différentes, comme celles de citronniers, de fraisiers, de figuiers et d’oliviers[82]. La fondatrice Vidya Jacqueline Heisel et le fondateur Jacob Evans, ainsi que les bénévoles, travaillent à restaurer les sols, à améliorer la gestion de l’eau et à augmenter la séquestration de carbone[83]. Les techniques utilisées sont variées et basées sur des principes australiens de permaculture développés là-bas et qui permettent de faire face aux mêmes problèmes de désertification[84]. Parmi les nombreux procédés inspirants, mentionnons la plantation de végétaux indigènes qui permettent de restaurer l’équilibre écologique, la plantation de plantes à fleurs qui permettent d’attirer une grande diversité d’insectes et la présence en alternance d’espèces d’animaux comme les chevaux, les alpagas et les moutons, qui permet contrôler les herbes et de fertiliser les sols[85]. Puisque l’eau est une préoccupation centrale, l’organisation compte résoudre les problèmes hydriques en restaurant la biodiversité, en captant l’eau de pluie, en réutilisant l’eau usée, puis en adoptant une technique d’irrigation minimale des champs adaptée à la microtopographie locale[86]. Sur leurs terres autrefois arides et surexploitées se dresse déjà, comme chez plusieurs autres oléicultrices et oléiculteurs de la transition, l’utopie du retour de l’oasis andalouse[87].

 

Arbre de l’espoir

La diminution des réserves hydriques et des précipitations menace déjà l’Andalousie et la situation s’empirera si on n’intervient pas. Les techniques oléicoles actuelles jouent un rôle important dans l’aggravation des problèmes. Toutefois, il serait faux de penser qu’il n’existe pas d’autres avenues. La restauration des écosystèmes et la mise en place d’une agriculture respectueuse de la biodiversité et du fonctionnement des écosystèmes sont possibles. Ici comme ailleurs, les solutions aux problèmes de notre temps se trouvent dans notre capacité à réapprendre les pas de la danse de la vie. L’olivier de la forêt méditerranéenne nous invite à faire un premier pas :

là où la douce couronne des chênes verts et les tiges piquantes des arbustes hébergent une multitude d’espèces bruyantes ou silencieuses, accueillant leurs vies nocturnes et diurnes, leur permettant de voler et de marcher ensemble.[88]

Mar Sánchez Vilar, biologiste de la conservation

 

 

CRÉDIT PHOTO: FLICKR: Jean-Pierre Viallate 

[1] World Wildlife Fund (WWF), «Mediterranean Forest, woodlands and scrubs», 17 février 2021, https://www.worldwildlife.org/biomes/mediterranean-forests-woodlands-and-scrubs; Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, « La biodiversidad de los bosques de España está en peligro de extinción », 17 février 2021, http://www.fao.org/espana/noticias/detail/en/c/1172396/

[2] Abdelaziz Chaabane, « Flore et Végétations Méditerranéenne », notes de cours en format PDF, Université Virtuelle de Tunis, Tunis, 2010, http://pf-mh.uvt.rnu.tn/746/1/flore_vegetation_mediterraneennes.pdf ; Alice Schaffhauser et Philippe Roche, «Adaptation de la végétations méditerranéenne aux incendies», Forêt Entreprise, vol. 185, 2009, : 27, https://www.researchgate.net/publication/263337306_Adaptation_de_la_vegetation_mediterraneenne_aux_incendies

[3] Animal Corner, « Chapparal/scrub Biome », 7 février 2021, https://animalcorner.org/biomes/chaparral/

[4] Eduardo Solano Bernal, propos recueillis par Sami Jai Wagner-Beaulieu le 15 février 2021. Traduction libre.

[5] Omar M’Hirit, « Mediterranean forests : ecological space and economic and community wealth », Unasylva, vol. 50, 1999, http://www.fao.org/3/x1880e/x1880e03.htm

[6] Josef Peñuelas, Jordi Sardans, Iolanda Fitella, Marc Estiarte, Joan Llusià, Romà Ogaya, Jofre Carnicer, Mireia Bartrons, Albert Rivas-Ubach, Oriol Grau, Guille Peguero, Olga Margalef , Sergi Pla-Rabés, Constantí Stefanescu, Dolores Asensio, Catherine Preece, Lei Liu, Aleixandre Verger, Adrià Barbeta, Ander Achotegui-Castells, Albert Gargallo-Garriga, Dominik Sperlich, Gerard Farré-Armengol, Marcos Fernández-Martínez, Daijun Liu, Chao Zhang, Ifigenia Urbina, Marta Camino-Serrano, Maria Vives-Ingla, Benjamin D. Stocker, Manuela Balzarolo, Rossella Guerrieri, Marc Peaucelle, Sara Marañón-Jiménez, Kevin Bórnez-Mejías, Zhaobin Mu, Adrià Descals, Alejandro Castellanos et Jaume Terradas, « Impacts of Global Change on Mediterranean Forests and Their Services », Forest, vol. 8, : 1-37, https://www.researchgate.net/publication/321276031_Impacts_of_Global_Change_on_Mediterranean_Forests_and_Their_Services; Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, «El bosque mediterráneo aumenta su superficie, pero está cada vez más amenazado», 13 février 2021, http://www.fao.org/news/story/es/item/1171780/icode/; Emma C. Underwood, Joshua H. Viers, Kirk R. Klausmeyer, Robin L. Cox et M. Rebecca Shaw, «Threats and biodiversity in the mediterranean biome», Diversity and Distributions, vol. 15, 2009, : 188-197, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1472-4642.2008.00518.x

[7] Uriel N. Safriel, «Status of Desertification in the Mediterranean Region», Water Scarcity, Land Degradation and Desertification in the Mediterranean Region, 2009, 33 – 73, https://www.researchgate.net/publication/226860368_Status_of_Desertification_in_the_Mediterranean_Region

[8] Traduction libre de Sami Jai Wagner-Beaulieu, Antonio Villareal, Antonio Hernández et Daniele Grasso, «No es la peor sequía en 20 años, será la peor sequía de la historia de España: el desastre en datos», El Confidencial, 26 novembre 2017, https://www.elconfidencial.com/tecnologia/ciencia/2017-11-26/deje-decir-sequia-2017-peor-de-la-historia-espana_1482616/

[9] Traduction libre de Sami Jai Wagner-Beaulieu, Naturaliza, «Hay sequía en España: Tres año de falta de agua continuada», 15 octobre 2019, https://www.naturalizaeducacion.org/2019/10/15/hay-sequia-espana/

[10] Lora Mora, «En pueblo sumergido bajo el embalse de Iznájar sale a la luz», El Mundo, 2 décembre 2020, https://www.elmundo.es/viajes/espana/2020/12/02/5fc6006cfc6c83ef3f8b4593.html

[11] «La España peninsular ha atravesado tres largas sequías en casi 60 años y 2005 fue el año con menos lluvias, según AEMET», Europa Press, 15 août 2020, https://www.europapress.es/sociedad/noticia-espana-peninsular-atravesado-tres-largas-sequias-casi-60-anos-2005-fue-ano-menos-lluvias-aemet-20200815141059.html

[13] Junta de Andalucía, Análisis de la sequía en Andalucía. Estudio comarcal, Conserjería de Agricultura, Ganadería y Desarrollo Sostenible, 4 mars 2021, http://www.juntadeandalucia.es/medioambiente/site/portalweb/menuitem.7e1cf46ddf59bb227a9ebe205510e1ca/?vgnextoid=83b6a563f6da8510VgnVCM2000000624e50aRCRD&vgnextchannel=76709f5c10bc6410VgnVCM2000000624e50aRCRD&lr=lang_es

[15] Climate Change Post, «Desertification of Spain», 4 mars 2021, https://www.climatechangepost.com/spain/desertification/

[16] Alberto Rodriguez, «Los pantanos inician la primavera al 43,5%, el nivel más bajo en más una década», Europa Sur, 1er avril 2020, https://www.europasur.es/campo-de-gibraltar/Pantanos-primavera-nivel-bajo-decada_0_1451255116.html

[17] «La sequía amenaza a España: un 75% de la Península está en riesgo de desertificación», El Mundo, 21 novembre 2019, https://www.elmundo.es/ciencia-y-salud/ciencia/2019/11/21/5dd69e8efc6c838a168b4635.html

[18] Ginés Donaire, «La desertificación afecta ya al 28% de Andalucía», El País, 16 juin 2006, https://elpais.com/diario/2006/06/17/andalucia/1150496540_850215.html

[19] ««Nueve años de retraso» para los planes especiales de actuación de sequía en Andalucía», ABCandalucía, 11 juin 2019, https://sevilla.abc.es/andalucia/sevi-nueve-anos-retraso-para-planes-especiales-actuacion-sequia-andalucia-201906111420_noticia.html

[20] Ibid.

[21] Ginés Donaire, «La desertificación afecta ya al 28% de Andalucía», El País, 16 juin 2006, https://elpais.com/diario/2006/06/17/andalucia/1150496540_850215.html

[22] Climate Change Post, «Forest Fires Spain», 4 mars 2021, https://www.climatechangepost.com/spain/forest-fires/

[23] María Pérez Ávila, «España, un territorio camino de la desertificación», El Mundo, 17 juin 2016, https://www.elmundo.es/ciencia/2016/06/17/5763b74222601d58488b45ab.html

[24] Andalucía, «Desierto de Tabernas», 4 mars 2021, https://www.andalucia.org/en/natural-spaces-desierto-de-tabernas

[25] Moreira J. M. Madueño, Rodrigez M. Surián et Zamorano M. D. Páez, «Diagnóstico de la Desertificación en Andalucía», XI Congreso Nacional de Teledetección, 2005, http://www.aet.org.es/congresos/xi/ten61.pdf

[26] Ibid.; Fernando Ciria Parras et Estanislao de Simón Navarrete, «Un problema medioambiental de Almería: La desertificación», 1988, https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=2212173

[27] Adam Vaughan, «Climate change rate to turn southern Spain to desert by 2100», The Guardian, 27 october 2016, https://www.theguardian.com/environment/2016/oct/27/climate-change-rate-to-turn-southern-spain-to-desert-by-2100-report-warns

[28] Robert McSweeney, «Explainer: Desertification and the role of climate change», 6 août 2019, https://www.carbonbrief.org/explainer-desertification-and-the-role-of-climate-change

[29] Ibid.

[30] Ibid.

[31] Ibid.

[32] Ibid.

[33] Josef Peñuelas et al., Loc. cit.

[34] Ibid.

[35] Robert McSweeney, Loc. cit.

[36] Fátima Gonzalez Torres, «Race against desertification: your searches in Spain», 21 novembre 2021, https://blog.ecosia.org/your-searches-in-spain/

[37] Junta de Andalucía, El sector del Aceite de Oliva y de la Aceituna de mesa en Andalucía, Conserjería de Agricultura y Pesca, 2021, https://www.juntadeandalucia.es/export/drupaljda/estudios_informes/15/11/sect_ac_oliva-mesa.pdf

[38] Ibid.

[39] Agustín Peláez, «The olive industry needs worker», Sur in English, 4 janvier 2019, http://www.surinenglish.com/local/201901/04/olive-industry-workers-20190104105646-v.html

[40] Ibid.

[41] Junta de Andalucía, The Olive Groves Landscapes of Andalucia, Ministry of Education, Culture and Sports, 2017. https://whc.unesco.org/en/tentativelists/6169/

[42] Traduction libre de Sami Jai Wagner-Beaulieu, Antonio Machado, «Los olivos», 4 mars 2021, https://www.poemas-del-alma.com/los-olivos.htm

[43] Junta de Andalucía, The Olive Groves Landscapes of Andalucia, Ministry of Education, Culture and Sports, 2017. https://whc.unesco.org/en/tentativelists/6169/

[44] Ibid.

[45] Ibid.

[46] Álvaro Durango Herrera, «El terror de los monocultivos», 13 juillet 2017, https://www.vidasostenible.org/el-terror-de-los-monocultivos/; Jaime Martínez Valderrama, «No podemos frenar el avance de los desiertos, pero sí la desertificación», The Conversation,  14 octobre 2019, https://theconversation.com/no-podemos-frenar-el-avance-de-los-desiertos-pero-si-la-desertificacion-125147

[47] Álvaro Durango Herrera, Loc. cit.

[48] Ibid.

[49] Sam Baker, «Spain’s vast network of illegal wells exposed after death of toddler», Deutsche Welle, 1er février 2021, https://www.dw.com/en/spains-vast-network-of-illegal-wells-exposed-after-death-of-toddler/a-47311150

[50] Ibid.

[51] United States Environmental Protection Agency, Benefits of Healthy Watersheds, 11 mars 2021, https://www.epa.gov/hwp/benefits-healthy-watersheds

[52] Vincent Cotrone, «The Role of Trees and Forests in Healthy Watersheds», 17 août 2015, https://extension.psu.edu/the-role-of-trees-and-forests-in-healthy-watersheds

[53] Elison D. Futter et Bishop K., «On the forest cover-water yield debate: from demand to supply side thinking», Global Change Biology, vol. 18, 2012, 806-820, https://ec.europa.eu/environment/integration/research/newsalert/pdf/32si_en.pdf

[54] Ibid.

[55] Ibid.

[56] Elison D. Futter et Bishop K., Loc. cit.; Vincent Cotrone, Loc. cit.

[57] Elison D. Futter et Bishop K., Loc. cit.

[58] Vincent Cotrone, Loc. cit.

[59] Ibid.

[60] John Todd, Healing Earth, Berkley: North Atlantic Books, 2019.

[61] Ibid.

[62] Ibid.

[63] Miguel García Alvarez, propos recueillis par Sami Jai Wagner-Beaulieu le 16 mars 2021.

[64] Ibid.

[65] Javier Lopéz Escudero et Antonio Trapero Cazas, «Control integrado de la Verticilosis del olivo : estado actual de las investigaciones», 27 avril 2017, https://www.interempresas.net/Grandes-cultivos/Articulos/184976-Control-integrado-de-la-Verticilosis-del-olivo-estado-actual-de-las-investigaciones.html; Miguel García Alvarez, Loc. cit.

[66] Miguel García Alvarez, Loc. cit.

[67] Olivares Vivos, «We are Olive Growers, Researchers, and Conservationists», 27 mars 2021, https://olivaresvivos.com/en/about-us/

[68] Ibid.

[69] Traduction libre de Sami Jai Wagner-Beaulieu, Olivares Vivos, «We are Olive Growers, Researchers, and Conservationists», 27 mars 2021, https://olivaresvivos.com/en/about-us/

[70] Olivares Vivos, «Olive groves Alive», 27 mars 2021, https://olivaresvivos.com/en/olive-alive/

[71] Ibid.

[72] Olivares Vivos, «Saberes, artes y costumbres en el olivar tradicional» 27 mars 2021, https://olivaresvivos.com/wp-content/uploads/2019/02/Anexo-E4-1.pdf

[73] Ibid.

[74] Ibid.

[75] Traduction libre de Sami Jai Wagner-Beaulieu, Juan Jesús Tenorio, propos recueillis par Sami Jai Wagner-Beaulieu le 18 mars 2021.

[76] Juan Jesús Tenorio, Loc. cit.

[77] Ibid.

[78] Ibid.

[79] Traduction libre de Sami Jai Wagner-Beaulieu, Juan Jesús Tenorio, Loc. cit.

[80] Andrea Blumenstein, «Rebuilding soil to build sustainable agriculture in Andalusia», 21 janvier 2018, https://borgenproject.org/soil-sustainable-agriculture-in-andalusia/

[81] Traduction libre de Sami Jai Wagner-Beaulieu, Danyadara, «Our Work», 27 mars 2021, https://danyadara.com/about/#

[82] James Warren, «Expat’s Home-gown Utopia that Aims to Stop Andalusia’s Desertification», The Olive Press, 17 avril 2017, https://www.theolivepress.es/spain-news/2020/04/17/expats-home-grown-utopia-that-aims-to-stop-andalucias-desertification/

[83] Andrea Blumenstein, Loc. cit.

[84] James Warren, Loc. cit.

[85] Ibid.

[86] Danyadara, «Water Harvesting», 27 mars 2021, https://danyadara.com/water-harvesting/

[87] James Warren, Loc. cit.

[88] Mar Sánchez Vilar, propos recueillis par Sami Jai Wagner-Beaulieu le 14 février 2021.

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