La Coalition Fjord : un mouvement crédible contre GNL Québec

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La Coalition Fjord : un mouvement crédible contre GNL Québec
Opinions
| par Sophie Del Fa |

Exploitations forestières, pulperies, hydroélectricité, aluminium, depuis le XIXe siècle, le SaguenayLac-Saint-Jean vit au rythme des industries qui profitent de l’abondance des ressources de la région et de la voie maritime qu’est le fjord du Saguenay, porte d’entrée et de sortie vers le reste du monde. Alors que la dépendance aux énergies fossiles est toujours d’actualité au Canada et au Québec, de nouveaux joueurs lorgnent le paysage industriel saguenéen. On peut penser notamment à GNL Québec et son double projet de gazoduc et d’usine de liquéfaction de gaz naturel. Les activités, allant de l’extraction jusqu’à la consommation, engendreraient l’émission de plus de 7,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an1. En effet, le gaz naturel est en réalité du méthane issu en grande partie de la fracturation hydraulique et en termes d’émission de GES, l’impact du méthane est 25 fois plus important que celui du CO2 sur 20 ans2. Face aux menaces environnementales et sanitaires que représente ce projet aux niveaux régional et national, le mouvement citoyen de la Coalition Fjord mobilise la population contre GNL depuis novembre 2018. Ce texte analysera ce mouvement qui a fait germer, au SaguenayLac-Saint-Jean, une mobilisation qui met à mal un mégaprojet soutenu par des élites politiques et économiques parmi les plus influentes au monde. 

Trois projets menaçants

Avant de revenir sur la Coalition Fjord, il faut rappeler que ce n’est pas un, mais trois projets qui menacent la biodiversité du fjord du Saguenay entre La Baie et Tadoussac.

Tout d’abord, le projet d’Ariane Phosphate pour lequel l’Administration Portuaire du Saguenay (ou Port de Saguenay) construirait un port entre Saint-Fulgence et Sainte-Rose du Nord pour accueillir les ressources d’une mine de phosphate située à 200 km au nord de Chicoutimi (c’est le « Troisième port »). Ensuite, celui de Métaux Black Rock (MBR) installerait une fonderie et une usine cryogénique dans la zone portuaire de Grande-Anse. Et enfin, le projet GNL Québec se divisant en deux : 1) le projet Gazoduq, qui prévoit la construction d’un gazoduc de 782 km qui s’accorderait à un réseau existant en Ontario via l’Abitibi et la Haute Mauricie pour transporter du gaz naturel; et 2) le projet Énergie Saguenay, qui verrait la construction d’une usine de liquéfaction à La Baie et qui refroidirait à -162 degrés le gaz naturel en provenance des gaz de fracturation d’Alberta pour le liquéfier, le compresser et l’envoyer dans le monde entier par d’immenses méthaniers.

Point commun : les trois projets passeraient sur des territoires ancestraux de plusieurs communautés autochtones; ils utiliseraient le fjord pour le transport de minerais et de gaz, ce qui augmenterait considérablement le trafic dans le milieu protégé et unique qu’est le Parc-Marin du Saguenay-Saint-Laurent. De plus, ils prévoient la construction d’infrastructures nuisibles à la biodiversité, à la stabilité écologique de la région et aux bélugas, tout en invoquant des retombées économiques hautement controversées.

Puisque plusieurs incertitudes entourent les projets d’Ariane Phosphate et de Métaux Black Rock (problèmes de contrats avec les clients pour le premier et travaux reportés pour l’autre), c’est contre le projet GNL Québec que la mobilisation se concentre depuis plusieurs mois. Répondant à une supposée demande croissante en gaz naturel3 dans le monde, décrit à tort comme une énergie écologique par rapport au charbon, et ce même par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec4, le gouvernement québécois, tout en se montrant prudent, a, malgré tout, plusieurs fois posé des gestes en faveur de ce projet, notamment en rencontrant les PDG des entreprises5. Ces appuis de poids pour le projet ont fait naître la Coalition Fjord.

Créer un mouvement crédible

« On est parti·e·s d’absolument rien », raconte Adrien Guibert-Barthez, cofondateur et co-porte-parole de la Coalition Fjord. En novembre 2018, une assemblée de cuisine d’une dizaine de personnes s’est transformée via les réseaux sociaux en une rencontre de plus de cent personnes au bar de l’Université du Québec à Chicoutimi. Selon Adrien, trois éléments ont déclenché cette importante mobilisation. Tout d’abord, la décision de la ministre McKenna, le 22 octobre 2018, d’approuver la construction du terminal maritime sur la rive nord lié au projet d’Ariane Phosphate6; ensuite, les appels de plusieurs scientifiques déterminés à arrêter les projets destructeurs de l’environnement; enfin, l’issue des élections provinciales, qui, malgré l’importance des questions climatiques débattues pendant la campagne, ont vu gagner la CAQ dont le programme en la matière était vide. 

Le principal enjeu, souligne la co-porte-parole de la Coalition, Anouk Nadeau-Farley, a été de créer un groupe crédible et légitime dans la région. Pour ce faire, les membres ont toujours été soucieux·ses de faire reposer leurs propos sur des faits scientifiques approuvés et documentés, de préparer leurs sorties médiatiques consciencieusement et surtout d’établir un dialogue respectueux avec la population.

En un an, la Coalition Fjord n’a pas chômé. Selon les informations disponibles et diffusées en ligne par le groupe à l’occasion de leur première année d’activité, la Coalition a participé à 9 consultations publiques, a organisé 6 ateliers de travail ainsi que 6 manifestations réunissant de 300 à 3000 personnes chacune. Le combat contre GNL était également visible à la grande manifestation du 27 septembre 2019 à Montréal, dans laquelle a circulé un gigantesque monstre représentant un méthanier relié à un pipeline. De plus, les membres ont participé à 18 conférences publiques pour informer la population, tout en intervenant régulièrement au conseil de Ville Saguenay pour peser dans la balance politique. La force de la mobilisation repose sur les plus de 61 000 signatures recueillies jusqu’à ce jour sur la pétition Non-GNL Québec7, le nombre croissant de personnes qui suivent la page Facebook de la Coalition Fjord, la réalisation de la vidéo Gazoduq/GNL Non merci! visionnée plus de 100 000 fois en plus des centaines d’entrevues diffusées dans les médias locaux et nationaux. Il faut mentionner également les liens de proximité renforcés avec les groupes environnementaux nationaux (comme Équiterre, Greenpeace, Nature Québec, Eau secours, Coule pas chez nous!, etc.), insérant la Coalition Fjord dans le réseau serré de la lutte environnementale québécoise. À tout cela s’ajoutent les appuis extérieurs provenant de chercheuses et chercheurs et de plusieurs lettres ouvertes, notamment des membres de l’UQAC8 spécifiquement contre le projet GNL Québec.

David contre Goliath

Mais la lutte est bien celle de David contre Goliath. La Coalition Fjord affronte ce qu’elles et ils ont appelé la pieuvre saguenéenne (voir image), qui révèle que plusieurs actrices et acteurs occupent des rôles importants au sein de différentes organisations : « On se rend rapidement compte que les élu·e·s du Saguenay sont proches des acteurs économiques, ce qui remet en cause leur neutralité et leur lucidité quant aux réalités du projet », souligne Adrien Guibert-Barthez. Quelques exemples : la mairesse Josée Néron et le conseiller Michel Potvin occupent des fonctions au conseil municipal et à Promotion Saguenay; le préfet de la MRC du Fjord-du-Saguenay Gérald Savard est administrateur de Promotion Saguenay; Stéphane Bédard est président de Port Saguenay et conseille la mairesse de ville Saguenay; Carl Laberge est directeur général de Port Saguenay et président de la chambre de commerce et de l’industrie Saguenay-le-Fjord.

De même, pendant quatre mois, Promotion Saguenay a octroyé 33 000$ à Karine Trudel (ex-députée néodémocrate de Jonquière), à même les fonds publics, pour son rôle de porte-parole du groupe « Je crois en ma région » (100 000$ a été budgété pour faire la campagne de publicité incluant le salaire). Ce regroupement, qui se considère comme un mouvement, n’est rien d’autre qu’une stratégie de relation publique qui s’apparente à ce qu’on appelle « l’astroturfing » (ou la désinformation populaire planifiée), c'est-à-dire la construction de toutes pièces d’un soi-disant mouvement créé spontanément pour contrebalancer les groupes militants9. Ce faux mouvement milite donc pour la réalisation des grands projets au Saguenay10 et opte pour un discours qui stigmatise les sympathisant·e·s de la Coalition Fjord. En effet, le nom suppose implicitement que les personnes contre les grands projets ne « croient pas en leur région ». Rhétorique habile pour décrédibiliser plusieurs citoyennes et citoyens qui croient simplement « autrement » en leur région, c'est-à-dire à une région qui reposerait sur des projets de transition socioécologiques, notamment par et à travers les entreprises locales.

La connivence entre élu·e·s et promoteurs industriels s’est confirmée lorsque les membres du conseil de Saguenay ont adopté le 2 février 2020 une résolution d’appui à « Je crois en ma région ». La Coalition Fjord ainsi qu’une centaine de personnes étaient présentes ce soir-là pour exprimer leur désaccord face à l’adoption de cette résolution d’appui11.

Rassembler et se mobiliser calmement et dans le respect sont les mots d’ordre de la Coalition qui fait face à de nombreuses critiques du côté de ses détracteurs en région face à un sujet extrêmement polarisé. En effet, pour plusieurs résident·e·s, freiner ces projets au nom de l’environnement est un suicide pour la vitalité économique de la région, qui dépend encore beaucoup de la grosse industrie. Évidemment, ce sont des idées propices à ce genre de clivages dans une région éloignée aux prises avec des enjeux démographiques importants, des taux de scolarisation moins élevés et des tendances conservatrices. La Coalition est critiquée parce qu’elle cherche des appuis en dehors de la région et qu’elle semble militer contre la relance économique promise par les promoteurs industriels.

Un argumentaire à construire

Alors que le milieu politique s’est emparé de la lutte contre GNL, la Coalition Fjord est soucieuse de ne pas être associée à un parti politique. Elle s’attèle plutôt à organiser la mobilisation face aux prochaines échéances (notamment les interventions au Bureau d’Audience Publique en Environnement – le BAPE) et à démonter les arguments, principalement celui de la création d’emplois grâce à GNL. Les membres de la Coalition Fjord sont formels : les garanties d’emplois régionaux sont minimes et considérant la pénurie de mains d’œuvre au SaguenayLac-Saint-Jean, les emplois seront comblés par des employé·e·s provenant de l’extérieur de la région ou quittant même leur emploi actuel, ce qui aggraverait la situation de pénurie12. De plus, les retombées locales seront bien loin de ce que promettent les soutiens au projet puisqu’elles ne seront pas redistribuées localement, mais rapatriées dans des sociétés d’investissement établies aux États-Unis13. Enfin, la question de la taxation de GNL Québec demeure sans réponse. En effet, la municipalité taxe sur les bâtiments, mais les infrastructures et les équipements ne peuvent pas être taxés et puisque l’usine serait à ciel ouvert14, comment va-t-elle être taxée?

L’argumentaire écologique développé par les industriels doit aussi être démonté (puisque l’entreprise axe son discours sur le GNL comme énergie de transition) en soulignant que le projet n’est rien d’autre que l’exportation d’un gaz fossile et polluant provenant de l’Ouest canadien et éventuellement du nord-est des États-Unis vers des marchés étrangers volatiles.

Si la pieuvre saguenéenne semblait au départ si solide, les efforts de la Coalition portent leurs fruits : des acteurs et actrices politiques se sont affichés contre le projet (les membres de Québec Solidaire et Sylvain Gaudreault député péquiste de Jonquière); et, surtout, le plus grand investisseur de GNL, le fond Berkshire Hathaway de Warren Buffett15, s’est retiré du projet en mars 2020. Il est intéressant de noter que le retrait du milliardaire américain survient en pleine mobilisation de la communauté autochtone Wet’suwet’en contre le projet du gazoduc Coastal GasLink (CGL) en Colombie-Britannique qui a paralysé le pays du 6 février jusqu’à la mi-mars 2020. Par ailleurs, ce retrait est le signe de l’importance de l’acceptabilité sociale des projets extractivistes. D’ailleurs, force est de constater que l’effervescence de la mobilisation au Saguenay—Lac-Saint-Jean (et ailleurs) contre GNL autour de la Coalition Fjord se fonde sur le travail du mouvement anti-pétrole au pays, particulièrement actif au Québec, qui s'est opposé à tous les projets d’exploitation sur le territoire, dont Énergie Est de Transcanada et Junex en Gaspésie.

Ainsi, les stratégies de communication industrielles sont devenues essentielles pour favoriser l’acceptabilité sociale et faire passer les projets de l’industrie pétrolière et gazière en raison des nombreuses mobilisations anti-pétrole à travers le pays au cours des dernières années. GNL et les investisseurs étrangers le savent très bien et concentrent leurs efforts sur l’alliance avec les élites locales et nationales et en insistant sur les arguments économiques et environnementaux (surtout au Québec et en Colombie-Britannique) qui s’apparentent ni plus ni moins à un capitalisme vert. Face à ces stratégies, une organisation militante fiable et crédible peut effriter le mirage de la réalisation du projet GNL Québec. Cependant, rien n’est gagné, et ce d’autant plus avec la pandémie de la COVID-19 qui a reporté les audiences du BAPE et qui rend incertaines les stratégies de relance qui seront choisies par les gouvernements.

Mais le groupe est prêt et tient plus que jamais à freiner l’expansion du capitalisme fossile au pays. Impulsées par la mobilisation récente et par la prise de conscience qu’une autre façon de croire en sa région est possible, plusieurs initiatives écologiques éclosent au Saguenay, notamment au niveau agroalimentaire (comme par exemple Zone Boréale, Coopérative Nord-Bio, Borée16). Il est certain qu’il faut continuer à suivre de près les maillages à venir dans cette région contre GNL, mais aussi pour la transition socioécologique nécessaire. 

L'opinion exprimée dans le cadre de cette lettre d'opinion, est celle de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage la revue l'Esprit libre.

Crédit photo : Gwano

1 À noter que ce chiffre est très contesté. C’est le chiffre officiel du CIRAIG de l’extraction jusqu’à la liquéfaction, mais en sous-estimant le nombre de fuites et omettant le transport par navire, la gazéification et la consommation. Centre International de Référence sur le cycle de vie des produits, précédés et services (CIRAIG), Rapport préliminaire. Analyse du cycle de vie du terminal de liquéfaction de gaz naturel du Saguenay, janvier 2019. jgreener.chm.ulaval.ca/fileadmin/user_upload/Rapport_de_CIRAIG.pdf

2 Intergovernmental Panel on Climate Change, Good Practice Guidance and Uncertainty Management in National Greenhouse Gas Inventories, Intergovernmental Panel on Climate Change National Greenhouse Gas Inventories Programme, 2000. www.ipcc-nggip.iges.or.jp/public/gp/english/

3 Patrick Bérubé, « Une demande forte et croissante des besoins en gaz naturel », Le Quotidien, 18 septembre 2019. www.lequotidien.com/opinions/une-demande-forte-et-croissante-des-besoins...

4 Gouvernement du Québec, « Gaz naturel », Ministère de l’énergie et des ressources naturelles, consulté le 5 avril 2020. mern.gouv.qc.ca/energie/hydrocarbures/gaz-naturel/

5 Pascal Girard, « François Legault rencontre GNL Québec et vante le projet Énergie Saguenay », ICI Radio-Canada, 17 janvier 2020. ici.radio-canada.ca/nouvelle/1476794/gnl-quebec-environnement-gaz-naturel

6 Radio-Canada, « Le projet de terminal maritime sur la rive nord obtient le feu vert du ministère », ICI Radio-Canada, 22 octobre 2019. ici.radio-canada.ca/nouvelle/1131353/accord-projet-terminal-rive-nord-saguenay

7 NON au gaz fossile de GNL Québec !, « Pétition Non GNL Québec », consulté le 5 avril 2020. www.non-gnl-quebec.com/

8 Alexandre Shields, « Cent profs de l’UQAC s’opposent au projet GNL Québec », Le Devoir, 1er février 2020. www.ledevoir.com/societe/environnement/572019/une-centaine-d-enseignants...

9 Cette stratégie est utilisée par l'industrie pétrolière. Par exemple, en Colombie-Britannique, on peut mentionner l’Ethical Oil, un groupe financé par le promoteur qui se présente comme un organisme citoyen indépendant faisant la promotion du pétrole éthique canadien, et qui devrait être encouragé contrairement à celui qui provient des régimes autoritaires qui oppriment les droits et libertés de leurs citoyens. D’un point de vue démocratique, ce genre de tactique est perçue comme malhonnête puisqu’elle confond le public et masque les intérêts, notamment derrière la diffusion de contenus à caractère informatif.

10 Mélanie Côté, « Je crois en ma région : Karine Trudel recevra 33000$ pour quatre mois », Le Quotidien, 15 novembre 2019. www.lequotidien.com/actualites/je-crois-en-ma-region-karine-trudel-recev...

11 Mélyssa Gagnon, « L’appui à “Je crois en ma région” par Saguenay adopté à onze contre trois », ICI Radio-Canada, 3 février 2020. ici.radio-canada.ca/nouvelle/1504433/gnl-quebec-grands-projets

12 Comme l’explique bien plusieurs économistes dans une lettre ouverte : Texte collectif, « Le projet GNL Québec, bon pour l’économie ? », La Presse, 15 octobre 2019. https://www.lapresse.ca/debats/opinions/201910/14/01-5245371-le-projet-g...

13 Colin Pratte et Bertrand Schepper, GNL Québec/Énergie Saguenay – Quelles retombées fiscales ?, Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, novembre 2019. cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/FicheCAQ-8-GNL_WEB.pdf

14 GNL Québec Inc., Projet Énergie Saguenay : Résumé de l’étude d’impact sur l’environnement (PROJET NO : 161-00666-00), janvier 2019. energiesaguenay.com/media/cms_page_media/38/161-00666-00_GNL_Resume_EIE_FR_20190208%20(002).pdf

15 Radio-Canada, « Projet GNL Québec : un investisseur majeur abandonne le navire », ICI Radio-Canada, 5 mars 2020. ici.radio-canada.ca/nouvelle/1649506/investisseur-perdu-gnl-quebec-warren-buffett

16 Zone Boréale : https://zoneboreale.com/ ; Coopérative Nord-Bio : https://www.nord-bio.coop/ecomarche ; Borée : https://boree.ca/416-2/