Gouverné par « le cafard » : des épreuves de taille pour le Pakistan

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Gouverné par « le cafard » : des épreuves de taille pour le Pakistan
Opinions
| par Anonyme |

« Si on me donnait un dollar à chaque fois que j’entendais dire que le peuple pakistanais est résilient, je serais sans doute en mesure de rembourser la dette du pays et d’acheter le Cachemire à l’Inde […]

Nous survivons grâce à des sarcasmes si tranchants qu’on pourrait trancher de l’acier comme du beurre. Nous avons fait des armes des euphémismes et des analogies, le résultat d’années de censure et de répression intermittentes. »[1] 

Je suis arrivé à Karachi au début mars au petit matin. L’aile, à travers le hublot, avec un clignotant à son extrémité qui projetait une lumière écarlate, ressemblait à un poignard découpant les champignons de smog gras, anthracite et chevelus dans la nuit. La scène prenait des allures de la scène d’ouverture du film d’épouvante Suspiria (1977), de Dario Argento, dans une version tournée au Pakistan. Ces champignons de brouillard et de poussière masquaient de grandes parties de la ville. À l’aéroport, dans une atmosphère glauque et humide, muni de mon visa électronique, j’ai dû faire la queue dans une file pour recevoir de la main d’un agent moustachu impavide un tampon sur visa lui-même, que j’avais imprimé avant de partir, puis dans une autre file pour recevoir le tampon d’entrée, dans mon passeport cette fois, de la main d’un autre moustachu en uniforme. Il ne me restait plus qu’à attendre mes bagages sur le tapis roulant, attente prolongée par de petites pannes de courant qui se produisaient à intervalle régulier, qui émettaient à chaque fois un crépitement électrique. Aussitôt les douanes passées, je me trouvais à l’extérieur de l’aéroport international Jinnah, nommé en l’honneur du fondateur de la première République islamique.

À l’extérieur, l’air semblait chargé de goudron, de poussière, d’essence, de graisse bouillante et d’épices. La ville était, comme d’habitude, un pandémonium, sans centre ou périphérie, comme un filet d’artères bruyantes qui s’étendaient dans l’horizon emboucané. Aucune règle de conduite, les voitures, les camions et les rickshaws zigzaguaient à toute allure les uns entre les autres. En raison de divers problèmes, comme l’approvisionnement en eau[2], le trafic de drogue en provenance de l’Afghanistan[3], les attentats perpétrés par les talibans pakistanais[4] contre les forces de l’ordre et les civil·e·s, sans parler de l’inflation[5] et de tensions sectaires[6], la sécurité s’est grandement détériorée dans les dernières années dans la métropole pakistanaise. Des gardes armés le plus souvent de AK-47 gardent les mosquées pendant la prière, les supermarchés et même les plus petits commerces, probablement tous les établissements qui ont les moyens de se payer ce genre de services. Hassan, un restaurateur interrogé, affirme que la situation de sécurité est devenue intolérable. Sans ces mesures de sécurité draconiennes, il serait impossible de tenir un commerce. « Ne pas avoir d’argent ou si peu, on s’y fait, mais je n’arrive pas à vivre avec l’idée que mes enfants pourraient être tués par des bombes ou des balles perdues à n’importe quel moment ». Le père d’Hassan avait immigré de l’Inde pour ouvrir un restaurant en 1968, depuis devenu célèbre pour ses kebabs de bœuf. Malheureusement, ces derniers temps, il tend à être vide et certaines sections de la salle à manger, faute d'être utilisées, sombrent peu à peu dans la décrépitude. Le propriétaire m’offre quand même de bon cœur de tester ses spécialités. Les pakistanais·e·s ne manquent jamais à leur devoir d’hospitalité et ielles méritent entièrement leur réputation à cet égard. Enfin, surtout pour des raisons relatives à la situation précaire en matière de sécurité, Hassan songe à immigrer aux États-Unis ou dans les pays du Golfe. Il a déjà, par ailleurs, géré un restaurant à Manama, au Bahreïn.

Dans ce texte, nous plongeons dans l’angoisse que vit au quotidien le peuple pakistanais, qui se demande ce qui arrive à leur pays, si ce dernier pourrait encore exister dans les années à venir, si l’armée interviendrait encore ou non. Pourquoi doivent-elles et ils vivre avec le cafard ? En fait, il ne s’agit pas seulement du cafard, mais aussi des cafards, dont la population surpasse indéniablement les quelque 20 ou 25 millions d’habitant·e·s humain·e·s de la ville de Karachi seulement[7]. En fait, comme pour les politiciens, les pakistanais·e·s s’y sont faits. Qu’on essaie de les chasser avec de l’insecticide, qu’on les écrase, qu’on fasse appel aux services musclés des exterminateur·trice·s, ces insectes finissent toujours par trouver le moyen de revenir. On ne les voit pas nécessairement au grand jour, mais la nuit tombée, prenez garde en allumant. On les voit et on les entend prendre la fuite vers les zones d’ombres. La croyance populaire selon laquelle les cafards peuvent survivre aux radiations émises par une bombe nucléaire n’est pas totalement fausse. Le Pakistan est une puissance nucléaire et les mêmes politiciens semblent toujours finir par revenir. Dans cet article, nous analyserons l’interdépendance des récentes crises économique et politique du pays. À la lumière de sources journalistiques et d’entretiens sur le terrain, nous tenterons de jeter un meilleur éclairage sur des enjeux si peu abordés dans les grands médias canadiens.

Au moins, au Canada, nous avons peut-être eu vent de la crise économique qui sévissait et de la panne d’électricité qui avait duré près d’une semaine à certains endroits[8]. Le 23 janvier, le pays avait été plongé dans l’obscurité : commerces, hôpitaux, entreprises de télécommunication, nul n’y a échappé, une fois les batteries à plat et les réservoirs des génératrices vidés. Évidemment, les sarcasmes abondaient sur les réseaux sociaux : « Le pays ne fonctionnait plus, alors il a fallu le redémarrer »[9]. Après l’incident, le ministre de l’Énergie, monsieur Khurram Dastagir Khan, a fini par avouer que le courant avait été coupé temporairement dans une visée de réduction des coûts, le pays étant approvisionné en électricité principalement grâce aux combustibles fossiles. Ces derniers sont importés et le pays doit composer avec la hausse des prix engendrée par la guerre en Ukraine[10]. Malheureusement, le réseau électrique, mal entretenu et laissé en désuétude, n’a pas pu être redémarré aussi rapidement que prévu. Le Parti du premier ministre déchu Imran Khan, le Tehreek-e-Insaf (PTI) n’a pas manqué de souligner le raté, disant que, dans une situation similaire, son gouvernement avait pu restaurer l’approvisionnement en électricité en 12 heures.[11]

Au-delà de cet événement récent, le PTI est l’un des joueurs clés dans la politique pakistanaise. Il est un parti de centre droite fondé par Imran Khan, ex-joueur de cricket. Sans être nécessairement révolutionnaire, étant par ailleurs soutenu par l’armée lors de son ascension au pouvoir, il reste que son élection en 2018 marquait une première historique. C’était la première fois qu’un parti autre que ceux qui appartiennent littéralement à deux familles parmi les plus puissantes du pays se retrouvait aux rennes du pays. Ces deux autres partis en question sont la Ligue musulmane pakistanaise (Pakistan Muslim League – PML), fondé par Nawaz Sharif, le frère de l’actuel premier ministre, Shahbaz Sharif, issus d’une riche famille de Lahore, au Punjab[12] et le Parti populaire pakistanais (Pakistan People’s Party - PPP), fondé par Zulfikar Ali Bhutto, père de Benazir et grand-père de Bilawal Bhutto, l’actuel ministre des Affaires étrangères. La famille Bhutto est originaire de la province du Sindh[13], province du Sud-Est du pays. Après avoir pris le pouvoir, le PTI avait fait des efforts considérables pour apporter des changements sociaux et économiques importants, comme le programme Ehsas, qui visait à fournir de l’aide aux secteurs les plus pauvres de la population[14] ou encore un projet de halte de production de charbon pour le remplacer par des formes d’énergie renouvelable[15]. Grâce à une gestion plus saine, le pays a également pu connaître une croissance économique d’abord, puis un rétablissement relativement rapide après la COVID-19[16], et ce, grâce à des mesures comme la diminution des dépenses militaires[17], qui comptait jadis pour presque 30 % du budget du pays[18] et qui bloquait littéralement son développement économique.

Le parti d’Imran Khan a également fait des efforts considérables pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations et réduire la dette du pays[19] ainsi que son déficit commercial[20]. Malheureusement, il est toujours resté tiraillé par des adversaires redoutables, que ce soit la très puissante armée, les partis d’opposition ou encore des mouvements d’extrême droite, violents ou non, qui sont en mesure de mobiliser beaucoup de gens par l’entremise des institutions religieuses. C’est le cas de la Jamiat Ulema-i-Islam-Rehman (JUI-F), parti religieux avec à sa tête le théologien maulana Fazlur Rahman[21]. On constate, dans les dernières années, bien que cela ne soit pas l’œuvre du gouvernement en soi, une multiplication des marches de femmes, réclamant leurs droits, une percée dont l’avènement est d’une grande importance[22]. Dans tous les cas, le peuple pakistanais n’était pas au bout de ses peines.

En fait, il est difficile de savoir ce qui passe vraiment au Pakistan. Même si les médias, auparavant propriété du gouvernement, ont été grandement privatisés sous le règne du général Pervez Musharraf, récemment décédé[23], le pays ne semble avoir assisté qu’à un passage de médias étatiques assujettis à une stricte censure visant à protéger le pouvoir à des empires médiatiques sensationnalistes, qui tienne davantage de Fox News ou de CNN que de médiums d’information proposant des analyses poussées[24]. On montre des images fortes, on s’engueule, mais on analyse peu. Un ancien représentant en marketing pour un de ces médias, qui avait été embauché au moment de la période de privatisation du début des années 2000, dans un entretien que nous avons eu avec lui, faisait état d’une ambiance de travail très malsaine ou toutes sortes de magouilles se déroulaient en coulisses, comme des pots de vin et du trafic d’influence. Des services sexuels de la part des modèles qui posent pour les publicités devenaient aussi monnaie d’échange pour obtenir un espace publicitaire ou un autre. En bref, ces empires médiatiques sont totalement assujettis à une économie politique de l’attention[25]. Or, ce sont ces mêmes médias, le 14 mars dernier, qui font état d’une situation inusitée. La police, munie d’un mandat d’arrestation contre l’ex-premier ministre Imran Khan, destitué en mars 2022, dans le cadre d’une motion de censure, une première depuis la création du pays[26], tente de pénétrer dans sa résidence de Lahore. Les motifs de l’arrestation sont le terrorisme et la corruption[27], accusations qui portent fortement au doute quant à leur bienfondé, mais une foule de partisan·e·s leur bloque le passage menant à une lutte acharnée entre les forces de l’ordre et les manifestant·e·s. La police utilise des canons à eau et des gaz lacrymogènes, les manifestant·e·s ripostent à coups de bâton et en lançant des pierres. Bientôt, dans toutes les grandes villes du Pakistan ont lieu des mobilisations en soutien à Imran Khan, à Islamabad, à Peshawar, à Karachi. En soirée, l’ex-premier ministre apparaît dans une vidéo diffusée en ligne, en simple t-shirt, paraissant épuisé. L’atmosphère était révolutionnaire comme jamais avant depuis le coup d’État institutionnel contre Imran Khan il y a près d’un an[28]. Son discours est sans équivoque. Il appelle ses partisans à poursuivre la lutte, même s’il devait être assassiné. Cela dit, les chaînes de télévision et les journaux ne nous fournissent qu’une vague idée de ce qui se trame en coulisses. On n’en retient que les mots-clés du jour : terrorisme, corruption, manifestation, théorie du complot, etc.

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec un employé de l’armée, dont nous préserverons l’anonymat. Ce n’est pas chose rare de rencontrer de ces fonctionnaires, étant donné les dépenses militaires très importantes, engagées au détriment, des investissements dans les secteurs comme la santé et l’éducation, qui demeurent largement privés, mal réglementés et souvent de bien piètre qualité. Par ailleurs, après le récent changement de gouvernement, le budget militaire aura été augmenté et les dépenses dans la santé et l’éducation, coupées encore davantage[29]. Près de la moitié de la population est analphabète[30] et près de 60 % vivent en milieux ruraux[31] et subsistent de l’agriculture[32]. Le fonctionnaire en question nous a éclairés, justement, sur ce qui pouvait se passer derrière les coulisses, mais qui échappe totalement au discours médiatique. Selon lui, la crise du gouvernement de PTI aurait été causée par des tensions entre le chef de l’InterServices Intelligence (ISI), les services secrets pakistanais, le lieutenant-général Faiz Hameed[33] et le chef des armées, le général Qamar Javed Bajwa[34]. En effet, le premier ministre Khan entretenait alors de bonnes relations avec les services de renseignement, mais n’était pas vu du bon œil par l’armée, qui voyait non seulement son budget réduit, mais son influence écartée quelque peu des décisions politiques importantes[35]. Les deux puissants leaders militaires ont depuis trouvé leurs remplaçants, le lieutenant General Asim Munir au poste de chef des armées[36] et le lieutenant-général Nadeem Anjum à la tête de l’ISI[37]. C’est ce conflit qui aurait fait en sorte, selon notre interlocuteur, que l’armée aurait acheté des membres du parlement pour pouvoir procéder à une destitution du premier ministre[38].

Cependant, cet incident nous ramène à des enjeux beaucoup plus importants. En effet, les États-Unis avaient manifesté leur désaccord après une visite du premier ministre en Russie en février 2022[39], pendant laquelle ce dernier devait potentiellement conclure un accord pour importer du pétrole en roubles. En fait, d’une part, le coût aurait été moindre pour le pays, mais, de manière plus importante, un tel accord aurait pavé la voie à un affranchissement de la dépendance au dollar étatsunien. Ce sont des démarches que de nombreux pays du Sud ont déjà tenté d’entamer, surtout depuis la polarisation autour du conflit en Ukraine[40]. Le Pakistan se rapprochait également de la Chine dans le cadre du China-Pakistan Economic Corridor (CPEC), qui donnerait à la Chine l’accès à ses ports de mer sur l’Océan indien[41]. Cela expliquerait aussi que 30 % de la dette du Pakistan soit due à la Chine[42]. Évidemment les États-Unis et sans doute les autres pays de l’Occident ne pouvaient voir un tel rapprochement d’un bon œil. Par ailleurs, ce genre d’interférence le part des États-Unis entre l’armée et le gouvernement civil n’a rien de nouveau. Cela s’était produit, par exemple, avec le gouvernement de Benazir Bhutto vers la fin des années 1980, qui devait maintenir le budget de l’Armée et laisser à cette dernière la gestion de la politique étrangère pour rester au pouvoir, et ce, conformément à un accord avec Washington[43]. Enfin, si Imran Khan s’affairait scrupuleusement à payer la dette[44], le nouveau gouvernement de Shahbaz Sharif se prépare maintenant à livrer le pays au Fonds monétaire international (FMI)[45] en mettant en œuvre, entre autres, une dévaluation de sa monnaie[46].

Selon notre source anonyme, ruiner le pays ne veut rien dire pour le nouveau premier, du moment qu’il peut continuer de remplir ses comptes de banque à l’étranger[47]. De manière générale, les conditions du FMI mettent l’accent sur la conformité du pays au marché international, des mesures d’austérité, un investissement dans les programmes destinés aux victimes des inondations et au plus démuni·e·s (paradoxalement), entre autres, et un assainissement des institutions pour enrayer la corruption, un problème antédiluvien[48], et accroître la transparence[49], ce qui semble vouloir dire la privatisation des entreprises étatiques non rentables, avec les conséquences que cela peut avoir, comme un recul en ce qui a trait justement à l’aide aux populations défavorisé·e·s. Une autre mesure serait la hausse des prix de l’énergie, dont les coûts étaient subventionnés par le gouvernement[50], ce qui semble avoir été, pour le Pakistan, un moyen de maintenir le couvercle sur la marmite et éviter les explosions de mécontentement qui peuvent secouer le pays.

D’une part, il y a lieu de se demander.  Comment une institution étatsunienne qui s’est montrée hostile au seul gouvernement du pays qui a tant soit peu voulu assainir les finances du pays et limiter la corruption? Pourquoi alors favoriser le retour de leaders dont les antécédents de corruption ont été éprouvés, si le FMI espère réellement accomplir cet objectif. En effet, ce n’est pas la première fois que le FMI doit courir à la rescousse du Pakistan, mais dans bien des cas, le processus a été abandonné en cours de route en raison de l’inaction de l’État pakistanais qui tend à ne pas mettre en œuvre les mesures demandées[51]. C’est la 13e fois depuis les années 1980. Il semble que, du côté pakistanais, on essaie donc de toucher les fonds, possiblement de s’en mettre plein les poches, une pratique qui existe depuis des décennies chez les élites, tout en évitant la grogne populaire. En effet, le gouvernement a aussi tendance à faire des dépenses énormes à la veille d’élections, dont les prochaines sont prévues dans quelques mois, en octobre prochain. D’autre part, il a été aussi été établi que le FMI, malgré ses beaux discours, favorisait une dérégulation des économies du Sud pour favoriser les intérêts des multinationales étrangères[52].

En fait, c’est comme si les États-Unis et les organisations qui défendent leurs intérêts souhaitent avoir affaire à des gouvernements corrompus prêts à sacrifier le pays aux intérêts étrangers pour pouvoir perpétuer leur propre cleptocratie et leur train de vie luxueux. Il faut souligner également que la situation de sécurité, sur le plan géopolitique, reste des plus précaires, avec les talibans au pouvoir en Afghanistan, l’instabilité politique et économique générale, sans parler de la bombe atomique détenue par Islamabad[53]. Imaginez ce qui se produirait si, ne serait qu’une fraction de la population de 220 millions du Pakistan décidait de se ruer vers l’Europe pour y trouver refuge, compte tenu du fait que le continent est déjà la proie à l’arrivée massive de réfugiés du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Ukraine. L’urgence était telle que, au début février, il ne restait au Pakistan que de quoi payer ses importations pour un mois[54], parmi lesquelles, l’importation de pétrole. Pour donner une idée, en 2020, le Pakistan a importé 45, 8 milliards de dollars  des États-Unis de marchandise, mais n’en a exporté que pour 22,3 milliards de dollars, ce qui engendre un déficit commercial de 23,5 milliards de dollars $[55]. Or, le pays aurait déjà cumulé une dette de 370 milliards de dollars[56].

Entre temps, l’ex-premier ministre avait été convoqué pour apparaître devant des tribunaux de tout le pays pour 85 chefs d’accusation. Évidemment, comme il ne pouvait paraître partout à la fois, c’est là que le mandat d’arrestation avait été émis contre lui. Le 17 mars, Imran Khan marchait vers la cour de Lahore, entouré de ses partisan·e·s pour obtenir une libération sous caution. En effet, suite aux événements des derniers jours, le gouvernement actuel semblait vouloir conclure cet incident à l’amiable[57]. Une telle libération a par ailleurs depuis été accordée[58]. Malheureusement, en date du 10 mai 2023, l’ex-premier-ministre a été arrêté de nouveau à Islamabad et ses partisan·e·s se révoltent et confrontent la police. La communauté internationale retient son souffle alors qu’on frôle une énième fois la catastrophe, le coup d’État ou pire encore[59].

CRÉDIT PHOTO: armansabir

[1] « If I had a dollar for every time that I have heard the Pakistani people called “resilient”, I could probably single-handedly bridge our current account deficit while having enough left over to try to buy Kashmir from India.

[…]

We survive by using sarcasm so sharp it could slice steel. We have weaponised euphemisms and analogies (a skill honed by decades of on-and-off censorship and state repression). »

Source : Zarrar Khuhro, « Pakistan’s dark age: The joke’s on us, and it’s no longer funny », Al Jazeera, 25 janvier 2023. https://www.aljazeera.com/opinions/2023/1/25/pakistans-dark-age-the-jokes-on-us-and-its-not-funny (consulté le 19 mars 2023).

[2] Naeem Khanzada, « Water scarcity hits city ». Tribune, 24 octobre 2022. https://tribune.com.pk/story/2383239/water-scarcity-hits-city (consulté le 19 mars 2023).

[3] Shehryar Fazli, « Narcotics Smuggling in Afghanistan: Links between Afghanistan and Pakistan ». Serious Organised Crime & Anti-Corruption Evidence Research Program, 2022. https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2022/06/narcotics-smuggling-in-afghanistan-paper.pdf (consulté le 19 mars 2023).

[4] BBC News, « Pakistani Taliban attack Karachi police station », BBC, 17 février 2023. https://www.bbc.com/news/world-south-asia-64678923(consulté le 19 mars 2023).

[6] International Crisis Group, « A New Era of Sectarian Violence in Pakistan », 2022. https://www.crisisgroup.org/sites/default/files/2022-09/327%20Pakistan%2....

[8] Agence France-Presse, « Retour progressif de l’électricité au Pakistan après une panne géante ». La Presse, 23 janvier 2023. https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/2023-01-23/retour-... (consulté le 10 mai 2023).

[9]« Well the country wasn’t working so we had to turn it off and on again. » Source: Op. cit., note 1.

[10] Murtaza Hussain, « Pakistan on the Brink: What the Collapse of the Nuclear-Armed Regional Power Could Mean for the World ». The intercept, 12 février 2023. https://theintercept.com/2023/02/12/pakistan-economy-crisis-imf/?utm_medium=email&utm_source=The%20Intercept%20Newsletter (consulté le 19 mars 2023).

[11]Op. cit., note 1.

[12] Global Security, « Sharif Family », Gobal Security, 22 août 2019. https://www.globalsecurity.org/military/world/pakistan/sharif.htm (consulté le 19 mars 2023).

[13] Salman Taseer, Bhutto: a political biography, New Delhi : Vikas Publishing House, 1980.

[14] Dawn, « “Ehsas”: PM Khan launches ambitious social safety, poverty alleviation programme », Dawn, 27 mars 2019. https://www.dawn.com/news/1472228 (consulté le 19 mars 2023).

[15] China Pakistan Investment Corporation, « Five Things Imran Khan Has Done To Improve Pakisan », CPIC Global, 25 juillet 2022. https://www.cpicglobal.com/five-things-imran-khan-has-done-to-improve-pakistan (consulté le 19 mars 2023).

[16] Dawn, « Pakistan beats growth target as industries, services guide V-shaped recovery ». Dawn, 10 juin 2021. https://www.dawn.com/news/1628602 (consulté le 19 mars 2023).

[17] Dawn, « Defence budget not increased to provide relief to masses: Qureshi », Dawn, 14 juin 2020. https://www.dawn.com/news/1563308 (consulté le 19 mars 2023).

[18] Banque mondiale. https://data.worldbank.org/indicator/MS.MIL.XPND.ZS?locations=PK (consulté le 19 mars 2023).

[19] Shahid Iqbal, « CAD shrinks 78pc in 2019-20 ». Dawn, 22 juillet 2020. https://www.dawn.com/news/1570449 (consulté le 19 mars 2023).

[20] Tahir Sherani, « Trade deficit falls by 33.5% during July-Oct of FY19-20 ». Dawn, 2 novembre 2019. https://www.dawn.com/news/1514450 (consulté le 19 mars 2023).

[21] Umair Jamal, « No, Fazlur Rehman Cannot Protect Pakistanis’ Democratic Rights », The Diplomat, 10 octobre 2020. https://thediplomat.com/2020/10/no-fazlur-rehman-cannot-protect-pakistanis-democratic-rights/ (consulté le 19 mars 2023).

[22] Abid Hussain, « Aurat March: Pakistani women rally seeking safe public space ». Al Jazeera, 8 mars 2023. https://www.aljazeera.com/news/2023/3/8/aurat-march-pakistani-women-rally-across-country (consulté le 19 mars 2023)

[23] Al Jazeera, « Pakistani former President Pervez Musharraf dies aged 79 », Al Jazeera, 5 février 2023. https://www.aljazeera.com/news/2023/2/5/pakistan-former-president-pervez-musharraf-dies (consulté le 19 mars 2023).

[25] Cronin, Michael. 2017. Eco-translation : translation and ecology in the age of the anthropocene. London : Routledge, Taylor & Francis Group, p.20.

[26] Geo News, « Opposition submits no-confidence motion against PM Imran Khan », Geo News, 8 mars 2022. https://www.geo.tv/latest/403780-opposition-likely-to-move-no-confidence-motion-against-pm-imran-khan-within-24-hours-sources (consulté le 19 mars 2023).

[27] Abid Hussain, « What is Pakistan’s Imran Khan accused of? », Al Jazeera, 17 mars 2023. https://www.aljazeera.com/news/2023/3/17/why-pakistan-police-wants-to-ar...(consulté le 19 mars 2023).

[28] Amber Rahim Shamsi, « Imran Khan crisis: Is Pakistan facing its own January 6 moment? », Al Jazeera, 17 mars 2023. https://www.aljazeera.com/opinions/2023/3/17/imran-khan-crisis-is-pakistan-facing-its-jan-6-moment (consulté le 19 mars 2023).

[29] Dawn, « DG ISPR defends army’s budget, says it’s been reduced », Dawn, 14 juin 2022. https://www.dawn.com/news/1694797 (consulté le 19 mars 2023).

(consulté le 19 mars 2023).

[32] https://www.finance.gov.pk/survey/chapters_21/02-Agriculture.pdf (consulté le 19 mars 2023).

[33]Kamran Yousouf, « Lt Gen Faiz Hameed decides to seek early retirement: family sources », Tribune, 26 novembre 2022. https://tribune.com.pk/story/2388321/lt-gen-faiz-hameed-decides-to-seek-early-retirement-family-sources (consulté le 19 mars 2023).

[34] Abid Hussain, « The controversial legacy of Pakistan’s outgoing army chief Bajwa », Al Jazeera, 25 novembre 2022. https://www.aljazeera.com/news/2022/11/25/pakistans-army-chief-to-end-his-six-year-long-tenure (consulté le 19 mars 2023).

[35] Ibid.

[36] Abid Hussain, « Who is Asim Munir, Pakistan’s new army chief? » Al Jazeera, 24 novembre 2022. https://www.aljazeera.com/news/2022/11/24/who-is-asim-munir-pakistans-new-army-chief (consulté le 19 mars 2023).

[37] Rezaul H. Laskar, « Pakistan’s ISI chief emerges from the shadows, roasts Imran Khan for his “lies” », Hindustan times, 27 octobre 2022. https://www.hindustantimes.com/world-news/pak-army-fields-isi-chief-to-counter-imran-khan-he-calls-out-ex-pm-s-lies-101666892378309.html (consulté le 19 mars 2023).

Tribune, « Never wanted to appoint DG ISI as army chief: Imran », Tribune, 6 mai 2022. https://tribune.com.pk/story/2355430/never-wanted-to-appoint-dg-isi-as-army-chief-imran (consulté le 19 mars 2023).

[38] Voir aussi : Samina Ahmed, « A Change of Command and Political Contestation in Pakistan », International Crisis Group, 2022. https://www.crisisgroup.org/asia/south-asia/pakistan/change-command-and-political-contestation-pakistan (consulté le 19 mars 2023).

[39] Mohan, C. Raja. 2022. « Imran Khan Goes to Moscow as Pakistan Romances Russia ». Foreign Policy, 23 février 2022. https://foreignpolicy.com/2022/02/23/imran-khan-pakistan-russia-putin-india-geopolitics (consulté le 19 mars 2023).

[40] Jha, Somesh. 2023. « Will Russia sanctions dethrone ‘King Dollar’? » Al Jazeera, 7 mars 2023. https://www.aljazeera.com/features/2023/3/7/will-russia-sanctions-dethrone-king-dollar (consulté le 19 mars 2023).

[41] Fahd Humayun, « Why was Pakistan’s PM in Russia amid the Ukraine invasion? », Al Jazeera, 3 mars 2022. https://www.aljazeera.com/opinions/2022/3/3/why-was-pakistans-pm-in-russia-amid-ukraine-invasion (consulté le 19 mars 2023). Voir aussi : https://www.britannica.com/topic/China-Pakistan-Economic-Corridor (consulté le 19 mars 2023).

[42] Faseeh Magi, « Why Pakistan Is Struggling to Get Another IMF Bailout ». Washington Post, 6 février 2023. https://www.washingtonpost.com/business/energy/why-pakistan-is-struggling-to-get-another-imf-bailout/2023/02/04/3d446f86-a508-11ed-8b47-9863fda8e494_story.html (consulté le 19 mars 2023).

[43] Ahmed Rashid. Descent into Chaos: The United States and the Failure of Nation Building in Pakistan, Afghanistan, and Central Asia. London : Penguin, 2008, p.40

[44] Op. Cit., note 16.

[45] Al Jazeera, « ‘Beyond imagination’ : Pakistan PM warns of IMF bailout conditions ». Al Jazeera, 3 février 2023. https://www.aljazeera.com/economy/2023/2/3/363 (consulté le 19 mars 2023).

[46] Al Jazeera et Reuters, « Pakistani rupee hits record low amid IMF bailout delay », Al Jazeera, 2 mars 2023. https://www.aljazeera.com/economy/2023/3/2/pakistani-rupee-hits-record-low-amid-wait-for-imf-fund (consulté le 19 mars 2023).

[47] Paul Farrelly et Jason Burke, « Search for the millions Sharif “stole” ». The Guardian, 24 octobre 1999. https://www.theguardian.com/world/1999/oct/24/paulfarrelly.jasonburke (consulté le 19 mars 2023).

[48] https://www.dawn.com/news/1733139 (consulté le 19 mars 2023).

[50] Mangi, Faseeh. 2023. « Why Pakistan Is Struggling to Get Another IMF Bailout ». Washington Post, 6 février 2023. https://www.washingtonpost.com/business/energy/why-pakistan-is-struggling-to-get-another-imf-bailout/2023/02/04/3d446f86-a508-11ed-8b47-9863fda8e494_story.html (consulté le 19 mars 2023).

[51] Ibid.

[52] Dufour, Mathieu, et Özgür Orhangazi. 2007. « International Financial Crises: Scourge or Blessings in Disguise? » Review of Radical Political Economics 39 (342).

[53] Op. cit., note 9.

[54] Op. cit., note 45.

[56] Op. cit., note 9.

[57] Hussain, Abid. 2023. « Lahore court grants protective bail to ex-Pakistani PM Imran Khan ». Al Jazeera, 17 mars 2023. https://www.aljazeera.com/news/2023/3/17/imran-khan-to-visit-lahore-court-to-seek-halt-of-arrest-warrant (consulté le 19 mars 2023).

[58]Ibid.

[59] Al Jazeera and News Agencies, « How the world reacted to Imran Khan’s arrest in Pakistan », Al Jazeera, 10 mai 2023. https://www.aljazeera.com/news/2023/5/10/how-the-world-reacted-to-imran-... (consulté le 10 mai 2023).

 

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